Le grand cafouillage !

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La wilaya de Bouira compte au total 686 établissements scolaires, soit 46 lycées, 119 CEM et 521 écoles primaires, qui s’apprêtent à recevoir plus de 160.540 élèves, tous paliers confondus.

A la veille de la rentrée scolaire 2012-2013, prévue pour aujourd’hui dimanche, les services de la direction de l’éducation de Bouira semblaient être dépassés par les évènements. C’est du moins ce qui a été constaté avant-hier jeudi, lors de notre passage sur les lieux. En effet, cette institution a été littéralement prise d’assaut par de nombreux parents d’élèves «retardataires». Ces derniers, en quête d’orientation ou d’une certaine prise en charge, se sont retrouvés livrés à eux-mêmes. Dès 8heures du matin, des files d’attentes interminables ont commencé à se constituer à l’entrée de l’académie. Certains parents d’élèves ont confié qu’ils sont carrément ignorés. « Personne ne se soucie de notre présence, pis encore, on se retrouve en train de supplier des employés afin qu’ils nous orientent. C’est l’anarchie ! », ont-ils indiqué. Au niveau du guichet d’accueil, le préposé à ce service ne donnait guère l’impression d’être affecté par une surcharge de travail. Il s’adonnait allégrement à ce qui semblait être des… mots fléchés, et gare à celui qui « ose » l’importuner. Djamel, parent d’élève voulant simplement s’informer sur les modalités de transfert de son rejeton, a fait les frais de ce « sacrilège ». « Attendez votre tour! Pour qui vous prenez-vous ? Vous ne voyez pas ces gens qui font la queue (…), asseyez-vous et patientez », lui a sèchement retoqué l’agent d’accueil. Ce citoyen, choqué par ce qu’il venait d’entendre, s’est contenté de ruminer sa colère sans broncher. D’autres, en revanche, n’ont pu rester stoïques devant ce qu’ils ont qualifié « d’abus et de mépris ». El Hachemi est l’un d’entre eux, agacé de faire les cent pas sans qu’aucun agent n’ait daigné l’orienter, il a poussé un cri de colère et de détresse : « Que faut-il faire pour avoir une simple information dans cette direction ? Ils veulent nous rendre fous ! ». D’autres ont souligné le fait qu’ils ont fait la navette plusieurs fois dans l’espoir de trouver un interlocuteur à qui exposer leurs doléances. C’est le cas de Fatma, mère de deux enfants. Cette dame, nous a raconté ses péripéties au niveau de l’académie. « C’est la quatrième fois que je me déplace ici. Et à chaque fois, on me dit que les responsables sont occupés… Je ne sais plus quoi faire », a-t-elle dit. Et d’ajouter : « On vient de déménager à Bouira-ville. Je dois inscrire ma fille au plus vite. A son ancien établissement, dans la commune de Lakhdaria, on m’a dit de s’adresser à la direction de l’éducation. Mais comme vous pouvez le constater, à chaque fois, on me dit de revenir plus tard. C’est infernal ».

«Ferme la porte , c’est l’heure de déjeuner !»

Voulant nous entretenir avec M. Yamine Mekhaldi, premier responsable du secteur de l’éducation à Bouira, un agent de sécurité nous a orientés vers le planton. Ce dernier, toujours aussi pris par ses mots fléchés, nous a simplement signifié : « Prenez l’escalier de droite et montez ». Se fiant aux orientations de ce monsieur, on s’est retrouvé face à des bureaux vides… Mais il semble que nous n’étions pas les seuls avoir été victime de ce planton. D’autres parents d’élevés se sont retrouvés à ‘’errer’’, dans les couloirs déserts de cette structure en charge de l’éducation. Une employée, croisée sur les lieux, s’est interrogée sur notre présence dans cette aile. « Que venez-vous faire en ce lieu? Il n’y’a personne ! », s’est-elle exclamée. Par la suite, elle nous a réorientés vers la bonne direction : « Redescendez et prenez l’escalier de gauche, montez au dernier étage et adressez-vous au bureau du secrétariat général ». Une fois arrivés sur place, un brouhaha assourdissant nous a accueillis. En effet, des dizaines de parents d’élèves attendaient impatiemment un entretien avec le directeur. Mais ce dernier était absent. C’est alors que nous avons demandé audience auprès du secrétaire général. Cependant, notre requête a été rejetée par un agent de sécurité particulièrement zélé. Ainsi, ce portier de service se permettait de refouler, d’une manière peu courtoise, et c’est le moins que l’on puisse dire, les citoyens venus en masse. Cet agent, qui prenait visiblement sa tâche très à cœur, déclarait que « même si le chef de l’Etat venait en personne, il ne passera pas cette porte (…), si vous voulez voir le SG, prenez un ticket et attendez ». Devant cette attitude caporaliste, on s’est résigné à attendre. Quelques instants plus tard un collègue lui fait discrètement signe de s’approcher pour lui glisser à l’oreille, d’une voix audible : « Ferme la porte de la cage d’escalier, il est temps d’aller manger. » Il était 11h 15. Cette scène a fait réagir plus d’un parmi les parents d’élèves présents. L’un d’eux s’est offusqué en disant : « Voilà à quoi en est réduite notre administration… Le ventre ! ». Par ailleurs, on a appris que le DE, M. Mekhaldi, se trouvait au Technicum Ouamrane, situé à un jet de pierre du siège de l’académie. Au niveau de cet établissement, on nous a indiqué que le DE se trouvait à l’amphithéâtre, pour signer les PV d’affectation des enseignants.

Ramdane B.

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