Le liège en déperdition

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Port altier, feuillage persistant, écorce gris clair à brun clair parcouru de profondes rides liégeuses et spongieuses, le chêne-liège n’a rien à envier, en matière de rusticité aux résineux et autres formations végétales composant notre patrimoine sylvestre. Accaparant à lui seul 54 000 ha de forêt, le chêne-liège occupe le plus vaste territoire sylvestre de la wilaya de Bgayeth, loin devant le chêne-zen, le chêne-vert et le pin d’Alep. Il colonise la plupart des massifs forestiers, à l’image d’Akfadou, Bouhatem et Taourirt Ighil. Ses multiples usages dans le domaine économique font du chêne-liège l’une des espèces végétales les plus convoitées. Son bois trouve des débouchés dans le chauffage et la menuiserie, alors que le liège (suber) extrait de l’écorce est employé pour la fabrication de bouchons, semelles, flotteurs et comme isolant dans le bâtiment. Mais la subéraie de la wilaya de Béjaïa s’amenuise au fil des ans et la production de liège, dont la récolte se fait une fois tous les 8 à 10 ans, épouse la même courbe descendante. De 10 000 stères (1stère = 1m3) générées dans les années 1960 et 1970, la production est tombée à 3 500 stères seulement ces dernières années, soit une chute de près d’un tiers du volume de la récolte. Le facteur anthropique en est essentiellement la première cause. Le saccage intempestif et sans répit dû aux incendies, se traduit annuellement par la perte de vastes étendues boisées. Pour les seules années 2010 et 2011, pas moins de 7000 ha de formations végétales ont été réduits en cendres. Le bilan de l’année en cours promet d’être encore plus lourd ! Les coupes illicites et les activités sylvicoles pernicieuses, telles que le démasclage, contribuent aussi, dans une large mesure, à la disparition de ce précieux patrimoine. Y concourt également, même si c’est dans une moindre mesure, une maladie causée par le Lymantria Dispar, un ver dont le potentiel de nuisance est responsable de la mort de centaines d’arbres. Le programme national de reboisement (PNR), une mission dévolue aux services de la Conservation des forêts aura fort à faire pour inverser la tendance, ou du moins, enrayer cette spirale destructrice.

N. Maouche

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