Un coup dur pour la filière arboricole dans la wilaya de Béjaïa, qui a connu cette année un été d’enfer, suite aux incendies qui ont ravagé un total de 378,37 hectares d’arbres fruitiers de diverses espèces, a-t-on appris de M. Laïb, chargé de communication à la direction des services agricoles de Béjaïa.
Considérée comme étant la richesse de la région, la culture de l’olive a été lourdement touchée par les incendies comparativement aux autres cultures, affirme notre source. En effet, ce sont quelques 254,33 hectares, soit 25 400 oliviers, qui ont été détruits par les feux, dans la période allant du 1er juin à la fin du mois d’août derniers. La commune la plus affectée par ces pertes est celle d’Amizour, distante de 25 km environ du chef-lieu de wilaya, où 90 hectares d’oliviers (soit 9 000 arbres) sont partis en fumée, déplore la même source. La culture de figues vient en deuxième lieu, avec 114 hectares d’arbres (soit 11 400 figuiers) ravagés par les feux, contre seulement un hectare de perte concernant les agrumes. L’activité d’apiculture n’a pas été non plus épargnée par les feux qui ont détruit 211 ruches pleines et 15 ruches vides, a indiqué notre interlocuteur. Les grands dégâts dans ce secteur ont été enregistrés au niveau de la commune d’Adekar, où cette activité est fortement exercée par la population locale. Ce sont en tout 130 ruches pleines qui ont été ravagées par les feux à Adekar. Enfin, le bilan des services agricoles fait état de destruction par les feux d’un hangar de foin, d’une étable, d’une conduite d’irrigation et de 70 bottes de foins.
Les agriculteurs ruinés
Après avoir passé de dures épreuves et vécu des semaines d’enfer et de danger, les habitants des villages, d’Ighil Kroun, Tizi Ougueni, Ighil-Ilmaten et Takamra, pour ne citer que les plus touchés, menacés jusque dans leurs demeures, par les incendies ravageurs et dévastateurs qui ont marqué l’été à Adekar avec pas moins de 65 foyers enregistrés depuis le mois de juin, à l’instar de plusieurs autres régions de la wilaya de Béjaïa, se demandent à quoi serviront les chiffres et les constats établis par les services concernés. Dans la seule daïra d’Adekar, les chiffres avancés illustrent l’ampleur des désastres causés par les incendies de forêt, avec pas moins de 60 ha de perte du patrimoine agricole de la daïra. L’Etat via ses services agricoles interviendra-t-il pour soulager un tant soit peu la souffrance des familles de petits fellahs, ruinés, plus de 2 750 oliviers et 870 figuiers réduits en cendres en pleine saison d’exploitation? Une saison perdue, ces fellahs sont complètement abattus et consternés de ne pouvoir goûter les fruits de dizaines d’années de labeur et de travail pénible accompli avec des moyens rudimentaires mais avec beaucoup de courage et de sacrifice. Mais ils ne sont pas les seuls à plaindre, les apiculteurs sont dans la même situation, les flammes ayant dévoré des centaines de ruches, les éleveurs aussi sont sinistrés, plusieurs écuries et hangars (garages de stockage de foin) ont été brûlés et les stocks partis en fumée, leurs bétails se retrouvant menacés de famine, tant les pâturages ont été anéantis par les feux et les prix des aliments atteignent des sommets, comme nous l’explique un fellah d’Adekar : « Si l’Etat n’intervient pas par des aides directes au profit des fellahs en difficultés pour redémarrer à zéro, cette activité agricole traditionnelle disparaîtra, avec tout ce que cela aura comme conséquences, vu qu’elle participe sensiblement à l’économie locale en employant des familles entières».
Boualem Slimani et K. Zenad

