Que Dieu prenne en sa miséricorde les âmes de nos Chouyoukhs, c’est là une des chansons de Y. Abdjaoui à travers laquelle il rendait hommage aux grands maîtres de la chanson kabyle.
Un choix, on ne peut plus pertinent, de la chanson à interpréter pour cette clôture. L’hommage est ainsi doublement rendu, aux anciens artistes et spécialement à l’auteur, en cette cinquième édition dédiée à sa mémoire. Après presque une semaine d’activités culturelles et artistiques, la cinquième édition du Festival Local de la chanson et de la culture kabyles, a baissé son rideau, avant-hier vendredi 07 septembre. Madame Gaoua Salima, en sa qualité de Commissaire du Festival, prit la parole la première pour remercier les artistes ayant participé à cette édition, tous ceux qui ont œuvré à sa réussite, sans oublier le public, qui a répondu favorablement à l’appel. Une mention spéciale pour la famille de Y. Abdjaoui, présente tout le long du festival. M. Hocine Atella, représentant du wali, a pris ensuite le relais pour une prise de parole dans laquelle il déclara la clôture du festival après avoir remercié tous les acteurs de cette édition. La parole a été ensuite donnée à monsieur Mustapha Slatna, ami du maître. « Youcef Abjaoji est un grand Monsieur, un moudjahid et un grand artiste », dira-t-il avant d’ajouter : « dès 1947, il quitte sa ville pour Alger pour mieux vivre son art, pour tenter de trouver de meilleures perspectives pour son travail ». M. Omar Fatmouche, invité à prendre la parole en sa qualité de Directeur du TRB, établissement qui a, pour rappel, lui aussi accueilli quelques plateaux d’artistes dans le cadre de cet événement, a, quant à lui, affirmé à propos de cette édition, que c’était une réussite qui honorait la ville de Béjaïa. Par la suite, la place fut cédée aux lauréats du concours de chant. Pour rappel, le jury a établi un ensemble de critères ayant donné lieu à une note d’évaluation de 25 points. Il n’en manquait que quatre au groupe Azaris (Seddouk) qui se classe ainsi premier avec une moyenne de 21/25. Awal d’Ath Ourtilane et Iglan de Timezrit ont terminé presque ex aequo, avec, respectivement, 17,9 et 17,8. La quatrième place est revenue à Tala de Boumerdès, avec 17,6 points. Il est à noter, qu’une mention spéciale a été attribuée au jeune Arezki qui, en solo, a été classé quatrième, en raison de sa prestation vocale. L’artiste, dont le groupe, Mandassia d’Alger, a eu la sixième place (11.9 points), s’est bien distingué avec sa prestation vocale qui a séduit le jury. A ce propos, Ahmed Tamghart, président du jury nous a affirmé en aparté : « l’orchestration manquait d’harmonisation du jeu, et Arezki a donné une prestation qui mérite un encouragement à titre individuel ». Le groupe Numidia d’Azazga (Tizi-Ouzou), classé cinquième, a reçu la note de 13,3. Notons enfin, concernant toujours ce concours, l’absence des troupes de Jijel et de Bordj Bou Arreridj. Après la remise des cadeaux, retour au chant avec Rahima Khelfaoui et Nabil Hennache qui ont puisé dans le répertoire de Y. Abdjaoui pour égayer le public. Vint par la suite le tour de la danse folklorique avec la troupe Itran de la maison de la culture de Tizi-Ouzou. A propos de l’apport du Festival à la promotion des jeunes talents, Ahmed Tamghart dira : « Cette édition est une source d’inspiration. Le talent des concurrents est prometteur, pour peu qu’ils répètent, qu’ils travaillent sérieusement et avec abnégation ». Cheikh Nordine (Nordine Chelli) dira pour sa part : « Il y a beaucoup de sérieux dans le travail. Beaucoup de richesse dans le patrimoine musical algérien duquel ces jeunes musiciens ont su puiser et valoriser. Ils ont sûrement les capacités grâce auxquelles ils pourraient l’enrichir ». Mme Gaoua Salima a relevé elle, que « le Festival s’est déroulé sans incident et le programme a été respecté », elle insistera pour rappeler que « Ali Farhati s’est excusé de ne s’être pas produit pour des raisons personnelles ». Par ailleurs, et pour travailler dans la durée, afin de mieux capitaliser ces efforts, elle s’est engagée à un suivi des lauréats de cette édition, elle a promis, en outre, de les aider en organisant des tournées tout en mettant à leur disposition l’établissement pour des répétions. De son côté le Directeur de la culture, M. Khelaf Righi, insista sur le travail de coordination entre les différents acteurs culturels. « Nous sommes tous unis pour servir les artistes de notre wilaya. », nous dira-t-il en marge. Côté public, les appréciations enregistrées étaient diverses. Pour certains, surtout les moins jeunes, c’était un moment pour se ressourcer grâce aux anciens airs qui ont accompagné leur jeunesse. Pour les plus jeunes, qui ont l’habitude des veillées tardives, certains n’ont pas voulu raté l’occasion d’une commémoration et de débats et discussions à propos d’un maître encore présent dans leur quotidien par le souvenir. Pour eux, c’était un moment de découverte, qui leur a permis de connaître des sonorités et rythmes souvent relégués au second plan, en raison des influences diverses dues à ces nouvelles sonorités, considérées comme « plus modernes ». Les organisateurs sauront sûrement tirer profit de cette édition, bien analyser les manques, non seulement techniques (sonorisation, par exemple) pour mieux inscrire l’événement dans la tradition et la durée. Rendez-vous dans une année !
Nabila Guemghar