Jeudi d’émeutes à Lakhdaria

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La commune de Lakhdaria, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest du chef-lieu de la wilaya de Bouira, a vécu, jeudi dernier, une journée des plus mouvementées. Ainsi, dès les premières heures de la matinée, des dizaines de citoyens ont commencé à s’attrouper devant le siège de la daïra, dans le but de s’adresser au wali de Bouira, qui devait, selon les informations en notre possession, arriver dans la localité en compagnie de divers directeurs de l’exécutif, afin de lancer une grande campagne de nettoyage de la commune de Lakhdaria. D’ailleurs, un important dispositif sécuritaire a été dépêché sur les lieux pour parer à tout débordement. Néanmoins, et pour des raisons qui restent inconnues, le wali ne s’est finalement pas présenté. D’après une source digne de foi, le chef de l’exécutif aurait été informé que la population locale l’attendait de pied ferme. Quoi qu’il en soit, ces citoyens en colère, issus des différents quartiers et localités de la commune, voulaient interpeller M. Ali Bouguerra sur l’insalubrité qui grangère leur municipalité. En effet, Lakhdaria est l’une des communes les plus sales de la wilaya, et ce d’après les propres aveux du wali. Dans le but d’exprimer leur « exaspération », les citoyens sont montés au créneau pour dénoncer « l’inertie et l’incompétence » des autorités locales. Ainsi, au fil des heures, la tension a commencé à s’emparer des esprits. Les protestataires ont exprimé leur mécontentement en fermant le tronçon de la RN5 qui relie Lakhdaria à Kadiria, au niveau de Z’barboura, à cinq (05) kilomètres du chef-lieu communal de Lakhdaria. Le choix de ladite localité n’est pas fortuit. Pour rappel, cette décharge avait été fermée, il y’a de cela deux ans, suite aux réclamations des riverains, mais les autorités ont décidé dernièrement, de sa réouverture sans en consulter les habitants. Cette annonce a été pour ainsi dire, l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Suite au blocage de la RN5, les éléments de la gendarmerie nationale sont entrés en action en vue de raisonner les contestataires, mais sans grand succès. La situation a dégénéré lorsque les manifestants ont pris pour cible, à l’aide de pierres et autres projectiles, les forces de l’ordre. Répliquant à cela, les gendarmes ont utilisé des bombes lacrymogènes pour disperser les émeutiers. Vers les coups de 14h30, la situation était devenue intenable. Les affrontements entre forces de l’ordre et protestataires avaient atteint leur paroxysme. Il a fallu attendre l’intervention de quelques sages pour que la tension baisse d’un cran. Entre temps, un groupe de manifestants a profité de l’accalmie pour pénétrer à l’intérieur de l’une des annexes de l’entreprise ENAP (ex-SNIC). Une fois à l’intérieur, les émeutiers n’ont pas trouvé mieux à faire pour exprimer leur colère que de mettre à sac un entrepôt de détergents et autres produits chimiques, avant d’y mettre le feu. L’incendie, qui s’est propagé à d’autres annexes de cette entreprise a provoqué une panique générale au sein de la population et a, de ce fait, mis un terme aux émeutes. Les services de la protection civile, dépêchés sur les lieux, ont éprouvé les pires difficultés pour éteindre l’incendie. D’ailleurs, le feu n’a pu être maîtrisé que tard dans la nuit de jeudi à vendredi. Enfin, signalons que trois manifestants ont été interpellés par les forces de l’ordre.

Ramdane B.

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