Mercredi dernier, en début d’après-midi, deux militaires vadrouillant en civile au centre-ville d’Adekar ont failli mettre le feu aux poudres après avoir importuné une jeune lycéenne originaire de Béni K’sila, daïra d’Adekar wilaya de Béjaïa. En effet, vers 13h30, le jeune dénommé B.Z et sa sœur étaient venus récupérer des documents à la daïra, quand les deux militaires en civil provoquèrent la jeune fille. Le jeune B.Z s’approcha de l’un des deux et le pria de rester poli, en lui précisant que la fille était sa sœur. C’est à ce moment-là que l’un des militaires vint l’assommer par derrière. Peu de temps après, l’incident se propagea rapidement et plusieurs personnes se regroupèrent devant le siège de la daïra où les militaires avaient trouvé refuge. Les éléments de la gendarmerie nationale arrivèrent sur les lieux pour s’enquérir de la situation et parer à toute possibilité de confrontation, mais une foule a réussi à franchir la porte de la daïra qui avait été fermée par les fonctionnaires. D’un bureau à un autre, cherchant les réfugiés, les jeunes saccagent tout sur leur passage. Quand ils les eurent retrouvés, ils les rouèrent de coups. En fin d’après-midi, la foule s’était démultipliée, ils étaient plusieurs centaines, venant des villages avoisinants, à se masser devant le siège de la daïra pour dénoncer les abus des militaires, qui vont, selon eux, « du manquement à la moralité à la provocation des feux de forêt, en passant par les bombardements de nuits… ». Ceux qui voulaient apaiser les esprits firent appel au frère aîné de la victime pour qu’il s’adresse à la foule en colère, mais les jeunes présents répliquèrent : « nous sommes tous ses frère et sommes tous concernés ». La situation devint confuse et les versions divergèrent sur l’état de santé des militaires qui étaient restés dans le bureau de transmission au premier étage de l’édifice. Et c’est à cet instant-là que le chef du secteur militaire s’est présenté sur les lieux. Vers 21h30, le wali de Béjaïa, à la tête d’une délégation, est arrivé au siège de la daïra et a aussitôt initié une réunion avec le commandement du secteur militaire, qui était déjà sur les lieux et une délégation improvisée de représentants les citoyens d’Adekar.
Les excuses de Sellal et de Ould Kablia
Tard dans la nuit, aux alentours de 23h00, le wali et le chef du secteur militaire, ont rejoint les contestataires, pour faire une déclaration, à l’adresse de la foule toujours nombreuse et présenter leurs excuses ainsi que celles du Premier ministre et le ministre de l’Intérieur à l’ensemble des habitants de la daïra d’Adekar, en précisant qu’ils s’engageaient à prendre en charge les doléances des citoyens, à savoir : « le transfert immédiat des deux coupables qui ont commis cette grave erreur au tribunal militaire de Constantine où ils seront jugés et châtiés à la hauteur de leur faute, de cesser les bombardements de nuit, le retrait des militaires des biens des paysans et d’en finir avec les exactions des éléments militaires quelles que soient leurs natures ». Vers minuit enfin, la situation se dénoua et les ambulances de la protection civile s’approchèrent du portail de la daïra pour procéder à l’évacuation des deux blessés à destination de l’hôpital de Béjaïa.
Mohamed A et Karim Z.

