Aux origines du mal

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Dans un rapport détaillé et regorgeant de chiffres, la Gendarmerie nationale (GN) dresse un bilan exhaustif sur la déviance de cette frange, la plus sensible de la société. Ledit bilan est intéressant à plus d’un titre, puisqu’il remonte aux origines du « mal », soit des premières années de post-indépendance à ce jour, avec des classifications spécifiques : répartition des mineures victimes et auteurs, par sexe et autres. Le communiqué de la Gendarmerie nationale définit la délinquance juvénile comme « l’ensemble des infractions commises par des enfants ou des jeunes de moins de 18 ans. Elle peut être distinguée de la délinquance des adultes dans la mesure où le jeune délinquant est une personnalité en formation et en cours de socialisation, alors que le délinquant adulte possède une personnalité déjà affirmé dans la société ».Ainsi, le rapport fait état de 10 119 affaires traitées relevant de la délinquance juvénile et ce aux premières années de l’indépendance (1963-68). 300 000 enfants ont été livrés à eux-même, conséquence directe de la guerre de libération. Le nombre d’affaires est multiplié par quatre durant le septennat 1972-77, atteignant 44 109 cas. Le chiffre toujours crescendo entre 1979 et 1986 ; il culmine à 65 385 affaires traitées. D’autres détails traitant d’autres facettes du problème sont également passés en revue par le même rapport. Entre 1998 et 2003, le taux de mineurs appréhendés par les unités de la GN atteint les 83% pour les plus 18 ans, et 17% pour les moins 18 ans. Il est également fait mention que le nombre de mineurs arrêtés a connu une hausse de 17% (plus de 33 551 mineurs), par rapport au nombre global des personnes appréhendées. Dans le détail, le rapport souligne le nombre total des mineurs victimes qui passe de 1 884 en 1998 à 2 500 en 2003. Des chiffres qui dénotent que « les mineurs sont de plus en plus touchés par toutes les formes de criminalité ». La même période enregistre un accroissement du nombre total des mineurs auteurs qui passe de 2 088 en 1998 à 3 076 en 2003. »La sonnette d’alarme est tirée d’autant plus qu’en 2002 et 2003 plus de 1 100 crimes et délits ont été perpétrés contre les ascendants », fait remarquer ledit rapport. Autre délit touchant cette tranche de la société : les stupéfiants. Entre 1998 et 2003 le nombre de mineurs arrêtés est de 104. Les wilayas les plus touchées en 2002 par ce fléau sont Oran, Alger et Batna. Entre 1998 et 2003 l’analyse des statistiques fait ressortir que les mineurs ont été victimes de plusieurs délits et particulièrement les attentats à la pudeur avec 26%, les coups et blessures volontaires avec 24% et durant la même période. Les mêmes données révèlent que les délits les plus prisés par les mineurs sont le vol (44%) et les coups et blessures (24%) et l’atteinte à la pudeur (12%). Pour ce qui est des tranches d’âge des mineurs délinquants pour la même période, ils sont 284 (moins de 10 ans) et 9743 (de 16 à 18 ans). C’est donc à l’effet de lutter efficacement contre la délinquance juvénile et surtout de faire de la prévention que des cellules ont été créées à titre expérimental par les Groupements de Gendarmerie nationale d’Alger, d’Oran et d’Annaba. Ces structures dites de proximité auront comme objectif de sensibiliser les jeunes en coordination avec des organismes spécialisés et auront comme terrain de prédilection les quartiers populaires, véritables « pépinières » de délinquants. Elles seront assistées dans leurs tâches par d’autres structures telles les directions de l’éducation, de l’environnement, de la jeunesse et des sports, … Selon une source de la Gendarmerie nationale, il sera enseigné dans les écoles pour officiers des modules traitant de pédagogie psychothérapeutique, de pédagogie sociale, afin de préparer les hommes de terrain à mieux prendre en charge les jeunes personnes et les aider à s’intégrer socialement, en favorisant notamment un contact régulier avec les délinquants. L’environnement dans lequel évolue l’enfant est aussi un élément qui bénéficiera d’une attention toute particulière. C’est aussi dans une telle optique qu’une formation spécialisée dans la médiation sociale a été dispensée par le Centre national de la formation du personnel handicapé de Constantine.

Elias Ben

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