Les solutions palliatives butent sur le problème du foncier

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L’opération d’éradication des marchés informels, décidée par les pouvoirs publics et qui bat son plein en ce moment à travers les grandes villes du pays, pose plus de problèmes qu’elle n’apporte de solutions aux communes concernées.

En dépit du fait que des solutions palliatives ont été prévues par le ministère du Commerce, en ce sens qu’il prévoit de débloquer une enveloppe de 14 milliards de dinars afin de dégager des espaces commerciaux et d’exercice de certaines activités commerciales, il se trouve que trouver les assiettes foncières nécessaires à la mise en place de marchés de proximité pour les communes qui n’en disposent pas, et faire accepter l’idée d’une sélection pour l’accès à ces marchés, n’est vraiment pas une sinécure pour les autorités. Concernant la commune de Sidi M’hamed, qui a vu ses plus grandes aires de l’informel se voir rasées de la carte (marché de Belcourt et le grand Bazar du 1er Mai), ce ne sont pas tous les jeunes chassés des ruelles qui auront la possibilité d’être recasés ailleurs. Le P/APC, Mokhtar Bourouina, a affirmé à ce propos qu’il y aura «un traitement au cas par cas» de la situation des jeunes concernés. La raison est l’absence d’un espace suffisamment grand pour les abriter tous. «Pour ce qui est des jeunes de Belouizdad, on est à la recherche de la solution adéquate. C’est-à-dire d’un emplacement pour un marché de proximité qui ne gênerait personne et qui obtiendrait le consentement des riverains», a-t-il affirmé. La commune va donc faire un tri, dit-il, afin de connaître «les antécédents de ces gens, s’ils ont fait des démarches pour chercher des emplois, s’ils ne travaillent pas déjà quelque part, s’ils sont vraiment issus de la commune…». Par ailleurs, le maire de cette populeuse municipalité rajoute que « parfois, il y a des jeunes qui viennent d’autres communes ou carrément d’autres wilayas». Par ailleurs, il est possible, selon le même interlocuteur, que «certains d’entre eux puissent être réorientés vers des activités de l’ANSEJ ou de l’ANEM, car il y a des diplômés parmi eux». « Une centaine de personnes commercent sur le territoire de notre commune, sans avoir obtenu d’autorisation et, pour certains, depuis plus de dix ans », selon le P/APC. Pour lui, il faut procéder de cette manière, car «la commune est saturée et il est nécessaire de trouver des assiettes de terrain. Or, on ne peut pas mettre des marchés de proximité partout».

Bab El Oued L’opération de recensement des postulants entamée

Dans d’autres communes de la capitale, le problème est le même, mais les potentialités différent. C’est ainsi qu’à Bab El Oued, les élus de cette grande municipalité proposent un certain nombre de mesures, pour éradiquer le commerce informel, ou tout au moins, en réduire l’étendue. Outre le marché de proximité existant déjà au niveau du parking Saïd Touati (66 étals et 34 boutiques), le premier responsable de la commune de Bab El Oued fait part de la prochaine construction d’un autre marché de proximité au niveau de la rue Rachid Kouache, lequel comptera 91 étals, 60 boutiques et 20 dépôts. De plus, le coup d’envoi des travaux de construction d’un marché de proximité au niveau de la cité les Eucalyptus est sur le point d’être donné dit-il, ajoutant que « cette nouvelle réalisation contribuera à recaser des marchands, en activité depuis de nombreuses années et qui sont en quête de régularisation de leur situation ». M. Kettou, premier magistrat de cette commune, insiste sur le fait qu’une commission pluridisciplinaire s’est, récemment, rendue dans divers endroits de la commune pour procéder au recensement des postulants et à l’étude de leurs dossiers, en fonction de l’activité exercée (vendeurs de fruits et légumes, détergents, quincaillerie…). Le P/APC de Bab El Oued estime que pour aspirer à la maîtrise du phénomène du marché informel, la création d’un office des marchés communaux s’impose plus que jamais. Regroupant au niveau de la municipalité de Bab El oued, les marchés Stambouli (ex-Nelson), Saïd Touati, Rachid Kouache et les Eucalyptus, cet office aura pour principales fonctions, la gestion de ces marchés sur le plan sécurité et le contrôle des prix pratiqués.

Marché de Bachdjarah Le foncier pose problème

Au quartier de Bachdjarah, les jeunes qui s’adonnaient au commerce informel, au niveau de l’avenue principale, ne sont plus là ils ont trouvé “refuge” dans des cités périphériques, jouant souvent au “chat et à la souris” avec les agents de l’ordre public. Pour le vice-P/APC de Bachdjarah, chargé de l’administration et des finances, M. Abdeslam Maâïfi, le marché informel est “le fruit de nombreuses accumulations”. Quant à la solution préconisée et consistant à réaliser des marchés de proximité pour résorber le phénomène, M. Maâïfi soulève le problème des assiettes foncières lesquelles “font cruellement défaut», se désole-t-il. Néanmoins, « des efforts ont été consentis par la commune », affirme-t-il, citant l’exemple du marché de la cité les Palmiers. Ce dernier, qui était un à un CEM l’origine, a fait l’objet de travaux de réaménagement après avoir été fortement endommagé par le séisme de 2003. M. Maâïfi fait état, par ailleurs, de 1300 personnes pratiquant le commerce informel, selon un recensement effectué récemment, faisant remarquer, cependant, que la capacité d’accueil du marché “n’était que de 500 places”. “En dépit du fait que ce marché dispose de toutes les commodités (clôture, poste de police, éclairage…), les bénéficiaires ont refusé d’y aller, prétextant l’absence de clients et l’éloignement de l’endroit où le marché est implanté», regrette-t-il. Et d’ajouter : “Nous leur avons expliqué qu’un certain laps de temps était nécessaire pour que le marché soit connu de tout le monde”. Mais, enchaîne-t-il, « les bénéficiaires des boutiques campent sur leur position ». Le responsable communal s’est dit, toutefois, confiant et certain que « le dialogue et la concertation permettront de surmonter les difficultés ».

Ferhat Zafane

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