L’amateurisme politique et les luttes d’arrière-garde, habituellement livrées par les »ennuyés » auxquels rien n’agrée et qu’aucune formule de gouvernance ne satisfait, semblent reprendre du poil de la bête au lendemain de la formation du nouveau gouvernement. En dehors de la réaction légitime de partis ou d’organisations structurées par rapport à la nouvelle composition de l’Exécutif, de mauvais procès et de vils préjugés sont colportés et décochés par des aigris de la politique en direction de personnalités bien précises siégeant au gouvernement. Le quotidien El Khabar du lundi 24 septembre a rapporté deux réactions tardives à la nomination d’Amara Benyounès au ministère de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et de la Ville. Elles émanent de Louisa Hanoune et de Saâd Bouakba. La première citée, fidèle à ses comportements de dénigrement à tout va et »plus nationaliste que moi, tu meurs », décrypte la composition du gouvernement en ces termes: « l’équipe gouvernementale se divise en deux groupes: un groupe qui défend la souveraineté nationale, et un autre qui sert les intérêts étrangers et soutient la normalisation avec Israël ». Invitée à citer des noms, elle mettra Amara Benyounès dans le second groupe en le qualifiant de »capitaliste extrémiste », et s’interroge sur les chances d’établir ainsi une harmonie avec la politique du président Bouteflika. Aveuglé par une proximité persistante et handicapante avec les cercles du pouvoir depuis que le trotskysme n’est plus dans l’air du temps, le Parti des travailleurs cherche une »feuille de vigne » pour cacher son manque de cohérence politique et sa défaite idéologique. Il en était arrivé à s’accrocher aux basques du FIS dissout aux heures les plus tendues qu’ait connues l’Algérie dans son histoire contemporaine. Se présenter aujourd’hui en »souverainiste » à tous crins, au moment où les peuples anciennement colonisés négocient autrement leur pari de développement en s’adaptant au mouvement de mondialisation et non en essayant vainement et hypocritement de s’y opposer, cela fait has been. Cela fait même ridicule lorsqu’on se persuade, afin d’arriver à des desseins aussi vaporeux et chimériques, qu’il faut passer nécessairement par le dénigrement d’un homme politique algérien, qui plus est, est membre d’un gouvernement nommé par le président Bouteflika, président que la responsable du PT semble placer »au-dessus de la mêlée ». Quant au sieur Bouakba, ses élucubrations seraient restées »muettes », sous forme d’un simple soliloque sans écho, si elles étaient pondues dans son ancien journal, Sawt El Ahrar, organe central du FLN. La chronique, intitulée »point d’ordre », qu’il anime depuis quelques mois en page 23 d’El Khabar, est d’une stérilité sans pareille. Basée sur un humour déplacé qui ne fait point rire, elle nage dans les immondices des relents de l’ancien parti unique. Immondices qu’il ne veut pas voir enlevées de la rue par les dernières initiatives du gouvernement. Les dernières opérations de nettoyage seront considérées comme une « réalisation grandiose, dont le montant égalera ou dépassera celui que Amar Ghoul a consacré à l’autoroute sans pouvoir l’achever », écrit le pitoyable chroniqueur. Par ce genre de réalisation, ajoute-il, « Benyounès deviendra l’homme des grandes réalisations et son parti deviendra un Ghoul (ogre) » (…) »Il dépensera toute l’eau que Sellal a pu stocker dans les barrages pour nettoyer la république algérienne sale ». Lorsqu’on est élevé dans la sève du parti unique, l’on est même incapable d’humour et de bonne humeur. Seuls la hargne de l’autre, la hantise du pluralisme réel et surtout l’opportunisme, sont susceptibles de mettre en branle la plume de ces plumitifs afin de tirer sur tout ce qui bouge. À un certain niveau de réflexion, l’on doit sans doute concéder que c’est là un signe patent, non seulement d’un crétinisme politique bien établi, mais surtout d’un analphabétisme criant qui dépasse celui de l’ignorance des lettres de l’alphabet. C’est dans cette atmosphère putride, faite d’une ancienne extrême gauche qui a perdu ses repères face à l’évolution du monde, et des relents nostalgiques de la pensée unique, qu’est malheureusement appelée à évoluer l’action politique dans notre pays. Sans oublier la toujours présente menace islamiste dont les capacités de nuisance, même réduites, font beaucoup de mal à notre jeunesse pour laquelle on continue à faire miroiter, dans les mosquées, dans les écoles et même dans les medias publics, la solution de la Cité idéale, celle qui a »fait ses preuves » en Afghanistan et au Soudan, et qu’on tente, en 2012, d’expérimenter au Mali.
Amar Naït Messaoud
