Comme pris de soubresauts cycliques, les cours de la sardine ne cessent de jouer au yoyo. Anobli par la grâce d’une cherté qui a tendance à s’inscrire dans la durée, ce poisson pélagique est devenu de moins en moins accessible pour le commun des ménages. En effet, le pris du kilo a gravité autour de 300 DA avec, souvent, de brusques embardées atteignant la barre des 400 DA. Ce n’est que tout récemment que les prix ont accusé un sensible repli, au grand bonheur des amateurs de ce poisson bleu. Depuis quelques jours, le kilo de sardine est redescendu à 150 DA au marché de Sidi Aïch. «En l’espace d’un mois, la sardine a perdu plus de 50% de sa valeur marchande. Les autres fruits de la mer ont globalement emprunté la même courbe descendante. Ce sont là les effets induits par une pêche copieuse», explique un marchand de poisson, faisant prévaloir le principe immuable de l’offre et de la demande. «Contrairement à ce qu’on pourrait croire, nos marges bénéficiaires n’évoluent pas en fonction des prix, et c’est quand ces derniers baissent que nous gagnons au change, car nous écoulons plus facilement la marchandise», soutient-il. «Cela fait bien longtemps que les prix ne sont pas descendus si bas. Cette occasion est à saisir au vol, d’autant plus que les autres viandes sont toujours hors de prix», dira un père de famille, non sans anticiper sur une reprise prochaine des cours : «quelque chose me dit que cette embellie ne fera pas long feu, et les prix ne tarderont pas à repartir à la hausse, comme il est de coutume». On ne peut pas s’empêcher de signaler enfin, que cette denrée rapidement périssable qu’est la sardine, est vendue dans des conditions déplorables, à mille lieux des normes basiques d’hygiène. Les caisses de poisson étant exposées au feu ardent du soleil et à toutes les formes d’impureté. La marchandise est régulièrement aspergée d’eau pour lui donner une fallacieuse impression de fraîcheur.
N. Maouche
