La quantité, en attendant la qualité !

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Au niveau de la station du bus de M’Chedallah, on peut constater que la majorité des fourgons de transport reliant les communes au chef-lieu de daïra offrent le même aspect d’insalubrité de vétusté et d’usure. Un état de fait peu rassurant pour les voyageurs qui empruntent, quotidiennement, ces véhicules déglingués et cabossés avec des portes qui peuvent s’ouvrir brusquement au creux d’un virage. Les voyageurs sont ‘’ assis ‘’, voir bringuebalés serait le terme exact sur des sièges unis avec des supports dessoudés qui tanguent de droite à gauche. Difficile de ne pas attraper le haut le cœur, dès les premiers kilomètres, notamment sur les routes sinueuses et entrelacées qui relient les villes aux montagnes, comme c’est le cas pour la desserte reliant le chef-lieu de daïra à Takerboust. Ajouté à cela, d’incalculables virages étroits en épingle à cheveux et ce n’est pas terminé car en plus d’être mobiles, les ressorts et autres boulons de fixation des sièges, usés, chatouillent, douloureusement, le bas du dos. Sans oublier fréquemment, tout au long de ce parcours, l’excès de vitesse et souvent la surcharge qui terminent l’œuvre pour faire du voyageur, à l’arrivée, une loque humaine vacillante et étourdie sous l’effet de ce ‘’ voyage ‘’. Les personnes qui éprouvent le plus ces ‘’expéditions‘’ sont les plus âgées, affichant un air d’exténuation avant de commencer leur journée. Voyager dans ces tas de ferraille n’est pas de tout repos, de plus, parmi ces transporteurs figurent ceux qui ne sont que des fraudeurs et des clandestins non autorisés, par conséquent, non enregistrés. Autrement dit, non soumis à l’obligation d’un quelconque calendrier de contrôle des services concernés. Un cas qui découle de la période où la région vivait une véritable crise du transport, période durant laquelle l’Etat fermait les yeux sur ces fraudeurs qui contribuaient à réduire les effets de la crise. Toutefois, aujourd’hui que cette filière a carrément explosé il est grand temps d’y mettre de l’ordre, vu que la quantité n’a pas été suivie par la qualité. Passe encore quand il s’agit, seulement, du confort, étant donné que ces fourgons assurent des dessertes dont la plus longue ne dépasse pas les 40km. Mais, quand l’état de ces véhicules et la façon dont ils sont conduits exposent les voyageurs à des risques d’accidents, à chaque détour et virage, les autorités doivent s’impliquer. L’ingérence de l’Etat à travers ses contrôles techniques et les services concernés en charge de la sécurité routière est plus qu’indispensable. Des opérations, genre coup de poing dans cette activité sont une nécessité absolue, surtout en période scolaire, quand ces fourgons font le plein d’élèves à longueurs de journées, d’autant plus que la recette de fin de journée dépend du nombre de navettes effectuées, ce qui explique la conduite à tombeau ouvert et la course poursuite qu’engagent entre eux certains de ces transporteurs inconscients. La seule chose dont ils se soucient reste le gain quotidien. Aucune notion de service public ni d’entretien de leur gagne-pain ou de sécurité des voyageurs. Il faut, impérativement et strictement, appliquer la réglementation régissant ce secteur.

Oulaid Soualah

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