«Moi j’achète de la viande congelée, une livre de foie et du bouzelouf…»

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Cette flambée des prix s’expliquerait par l’abattage systématique des brebis, ce qui aurait diminué la reproduction du cheptel. Dans les Hauts plateaux, la viande de brebis et d’agneau est très prisée contrairement à la Kabylie où on préfère égorger le mouton et ceci quel que soit son prix. Ces habitudes ont fait que les revendeurs locaux se déplacent dans ces régions des Hauts plateaux dans le but de trouver des moutons à bas prix. «  J’ai fait tous les marchés de gros de la région de Djelfa, Sidi Laaziz, Berrouaghia et autres et les prix sont les mêmes partout. Ils sont hors de portée cette année », affirmera  un maquignon occasionnel de la région du sahel qui dénoncera le comportement des fellahs de ces régions qui ont fait de la supercherie, l’un des éléments du gain facile. Selon notre interlocuteur, ces super-maquignons grossistes proposent des troupeaux de moutons à la vente en gros, auxquels ils mélangent quelques brebis au même prix que celui du mouton alors que ces dernières sont censées être beaucoup moins chères, leur viande n’étant pas prisée dans notre région. Cette duperie oblige les petits maquignons de la région à augmenter la marge sur le prix des moutons pour récupérer l’argent dépensé dans l’achat de ces brebis. Mais ces pratiques justifieraient-elles cette flambée des prix, ou est-ce juste la cupidité féroce de ces revendeurs occasionnels qui en est réellement la cause ? Une source très proche de cette catégorie de commerçants nous avouera que la marge prise sur un bélier avoisinerait parfois le million de centimes. C’est de l’escroquerie ! Heureusement que beaucoup de citoyens se sont, ces derniers temps, ressaisis en se rabattant sur l’achat de viande, notamment congelée, pas coûteuse et disponible. «Cela fait trois années consécutives que j’achète de la viande congelée pour la fête de l’Aid à laquelle je rajoute « un bouzelouf » et un demi-kilo de foie, le tout me coûte moins d’un million de centimes et tout le monde est content à la maison », déclarera Salim, un fonctionnaire de Béjaïa. Le recours à cette formule permet, en effet, aux catégories modestes de satisfaire leurs enfants et de faire semblant de perpétuer le sacrifice d’Abraham.

     

 A.Gana

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