Les entreprises du bâtiment dans le rouge

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Le secteur du bâtiment, qui compte des dizaines d’entreprises dont une proportion importante de TPE, subit de plein fouet les turbulences qui affectent l’économie nationale. Dans la wilaya de Béjaïa, ces entités économiques filent un mauvais coton. Une véritable descente aux enfers amorcée depuis l’avènement de la crise financière qui affecte le pays et qui se poursuit inexorablement. «A compter de l’année 2015, nos exercices comptables n’ont cessé de se dégrader, pour atteindre un solde nul à la fin de l’année 2018», révèle le gérant d’une entreprise de la région d’El Kseur.

«Je me suis vu obliger de me séparer d’une partie de mon personnel, pour pouvoir maintenir un semblant d’activité, mais les jours de mon affaire sont désormais comptés», souligne-t-il, sur un ton de dépit. Un constat implacable qui est loin d’être un cas isolé. «La masse salariale pèse énormément dans notre budget, à tel point qu’elle compromet toute perspective de développement de l’entreprise. L’unique alternative, c’est de mettre des employés au chômage technique, en attendant de voir un peu plus clair, une embellie, sait-on jamais», confesse le patron d’un PME, qui a établi son siège social à Akbou.

Un autre opérateur de Seddouk confie que près de la moitié des entreprises du bâtiment et des promoteurs du secteur sont à l’arrêt. «Nos plans de charge, autant que nos carnets de commande, sont pratiquement vides. Si aucune mesure d’urgence n’est prise opportunément par les pouvoirs publics pour sauver les entreprises, nous allons droit dans le mur, avec de graves retombées sociales», alerte-t-il, en avouant que la société qu’il dirige depuis une dizaine d’années est plus proche que jamais du dépôt de bilan.

Ce manager, à l’instar de bien d’autres, se dit englué dans d’inextricables difficultés de recouvrement de ses créances, parce que confronté à la rareté de la ressource. Il se retrouve de ce fait dos au mur, incapable d’honorer ses redevances, ni de payer ses employés. «Si nous nous sommes retrouvés dans cette situation, c’est parce que le pacte économique et social n’a jamais été respecté. Idem pour la préférence nationale de 25 % de marchés publics qui est restée au stade des vœu pieux», tempête-t-il, plaidant instamment pour la libération de l’entreprise de l’«emprise des pouvoirs publics». Écrasées par les dettes fiscales et parafiscales et criblées de dettes d’investissement contractées auprès des banques, les entreprises du bâtiment et des autres secteurs économiques s’enlisent dans la quadrature du cercle. La réduction de 20% des dépenses d’équipements annoncée dans le projet de loi des finances de 2020 n’augure rien de bon.

Nacer M.

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