Synonyme de fête et de joie pour les enfants qui se voient offrir tout ce qu’ils veulent comme jouets, vêtements, confiseries et autres, mais également synonyme de dépenses pour les parents. Combien peut coûter un Aïd pour une famille aux ressources modestes ?
Après le Ramadhan, l’Aïd El-Fitr, puis la rentrée scolaire, voilà une nouvelle occasion de dépenses. Mouton, vêtements, légumes, fruits et autres produits essentiels pour ce jour de fête. Beaucoup de pères de familles ont un revenu moyen qui n’excède les 20 000 DA. Peuvent-ils par conséquent offrir à leurs familles une fête d’Aïd digne de ce nom ?
D’ailleurs, d’aucuns n’auraient raté ces derniers mois, les multiples montées au créneau des gardes communaux, corps communs, des enseignants, ainsi que plusieurs autres secteurs touchés par la contestation commune à travers tous secteurs. La principale réclamation concerne soit le retard enregistré dans la perception des paies, soit une demande de revalorisation des salaires. En effet, à la veille de cette fête qui rime avec grosses dépenses, le mouton le moins cher n’est cédé qu’à partir de 35000 DA. Une tenue complète pour un enfant peut aller jusqu’à 10.000 DA, sans oublier les aliment de première nécessité indispensables pour la réussite de la fête. Les parents ne savent plus où donner de la tête. « Nous sommes mardi et je n’ai toujours pas perçu ma paie. Mon fils m’a demandé de lui acheter une paire de chaussures pour l’Aïd et je ne sais pas comment lui annoncer que ce ne sera pas possible. Vous imaginez sa déception !», dira l’un des grévistes des corps communs de l’hôpital, père de famille de deux enfants.
Des prix sur les étales qui donnent le vertige
A quelques heures de l’Aïd, les prix ne cessent d’augmenter. Le prix de la carotte qui était de 50 DA, la semaine dernière, vient de passer à 90 DA. Estimée à 100 DA, il y a deux jours, la courgette a atteint les 160 DA, hier au marché de gros de Tala-Athmane. Tels sont les prix relevés à travers quelques magasins de la ville de Tizi-Ouzou. « C’est fou comme les prix ont augmenté en cette fin de semaine. La plupart ont carrément doublé. Je plains les pauvres citoyens », dira un commerçant de détail en fruits et légumes, sur le boulevard Krim Belkacem de Tizi-Ouzou. Le prix du haricot vert a grimpé jusqu’à 200DA. La salade est affichée à 120 DA. La tomate est à 130 DA. Le piment est à 120 DA contre 100 DA en début de semaine. Seul point positif, la pomme de terre n’a toujours pas dépassé les 50 DA. Quant aux herbes aromatiques, le simple bouquet qui ne coûte ordinairement que 10 DA, est à 25 DA aujourd’hui. Quant aux fruits, ils sont devenus les stars du marché. Le prix du raisin, fruit de la saison, a atteint les 200 DA, en cette fin de semaine. La pomme à 330 DA. Quant à la banane et à la poire, elles sont respectivement à 160 à 180 DA/kg. Le citron est affiché à 200 DA. En ce qui concerne le prix de la viande bovine, il n’a pas bougé depuis un mois, il est affiché dans une boucherie du centre-ville entre 900 à 1400 DA/kg. Alors que le poulet est estimé à 440 DA/kg. « C’est incroyable ce qui se passe à travers les différents magasins de la ville. Les prix ont augmenté à une vitesse vertigineuse. On ne sait plus où donner de la tête. J’ai trois enfants, une femme et mes parents à charge, avec un salaire de 18.500 DA. J’avoue que ça relève de l’impossible », dira Djamel, un citoyen de la ville de Tizi-Ouzou, rencontré dans un magasin de vêtement au centre-ville de Tizi-Ouzou. Il ajoutera : « 50 ans après l’indépendance je vois que la situation des Algériens a empiré contrairement à ce que l’Etat veut nous faire croire. Et ils viennent nous narguer avec leur slogan ‘’50 ans après, mazal waqfine’’».
Par ailleurs, qui dit Aïd el Adha, dit mouton et gâteaux, et là encore c’est la saignée des ménages. Les cacahuettes sont à 300 DA, dans un magasin du centre-ville de Tizi-Ouzou et à 350 DA/kg quelques mètres à peine plus loin.
Habiller son enfant n’est pas donné non plus
Même constat à travers les différents magasins de vêtements de Tizi-Ouzou. Une fois de plus, les parents se remettent au calcul mental et se demandent combien coûtera l’habillement de leurs enfants. En faisant le tour dans les différents magasins que compte la ville des Genêts, les prix des vêtements donnent ne sont pas du tout à la portée du simple salarié ! Ils ont aussi flambé durant ces deux dernières semaines. Pour habiller un enfant de 2 à 4 ans il faut au moins 10.000 DA. C’est le cas pour un jeune couple de Draâ Ben Khedda, pour lequel la tenue de l’Aïd de leur petite fille leur a coûté environs 9500 DA. « J’étais contraint de faire le tour des magasins de la ville de Tizi-Ouzou et ceux de Draà Ben Khedda dans le but de trouver des magasins à bas prix mais en vain. La tenue de ma petite fille de 2 ans m’a coûté 9500 DA alors que mon salaire est de 27.000 DA et je dois le dépenser entre le loyer, les factures et les autres dépenses pour l’entretien de la maison. Heureusement que ma femme travaille aussi », dira le père de la petite fille, qui enchaîne deux boulots, entre les cours qu’il assure à la salle de sport la journée et son travail à la boulangerie de nuit. Dure est la réalité pour les pauvres parents qui se font dépouiller par les commerçants à chaque fête. Un simple pantalon pour enfant peut coûter entre 2000 et 2500 DA. Le prix d’un chemisier est fixé à 1900 où 2000 DA. Tandis que celui d’une simple paire de chaussures pour enfant est de 1900 DA. Ajoutez à cela les chaussettes, dont la paire la moins chère coûte 70 DA. Comme le veut la tradition, à chaque Aïd, les enfants ont aussi droit à un jouet, et les prix là aussi démarrent à 500 DA pour un simple jouet électronique. Voilà des chiffres en somme qui ne risque pas de ramener l’Aïd pour un couple avec deux enfants à moins de 70 000 DA. Bien entendu chacun procédera à l’élimination de ce qui lui paraîtra être un luxe, pour réduire la facture.
Samira Bouabdellah

