C’est un véritable massacre qui a été opéré sur les dernières poches du tissu forestier de la région de M’Chedallah, épargné jusque-là par les incendies en série. En effet, rien qu’au niveau des vastes forêts situées entre Saharidj et M’Chedallah, pas moins de 3 larges pistes ont été réalisées, l’une à proximité de l’autre et chacune destinée à un projet spécifique. La première étant une piste à double vocation, agricole et anti-incendie. La seconde a été réalisée sur l’itinéraire du réseau de transport du gaz de ville de Saharidj. La 3ème, la plus récente (en cours de réalisation), est destinée à l’acheminement de matériaux et autres éléments pour les pylônes d’une ligne électrique de haute tension entre la centrale électrique de Thameur dans la commune d’El Asnam et la wilaya de Béjaïa. Le tracé de ces 03 ouvrages traversant les forêts en plein milieu en certains espaces qui s’étalent sur des centaines d’hectares, sont de véritables pépinières de pins d’Alep sur lesquelles a été opéré un véritable massacre avec des milliers d’arbustes déracinés et poussésde côté par les gros engins des travaux publics. Ce qui est navrant et incompréhensible c’est que les 03 pistes sont réalisées en parallèle et forment une fourchette de plusieurs kilomètres distante l’une de l’autre de moins de 100m par endroit, telle que les ouvertures pratiquées au lieudit Aâchaivou ou Iherkane, qui sont des plaies béantes qui ne se refermeront jamais, vu qu’un véritable défrichement a été opéré où buissons et arbustes ont été complètement déracinés et poussés de coté avec souches et racines en l’air. Non seulement ces plantes sont perdues à jamais, mais rien ne repoussera après le passage de ces mastodontes quiont usé de godilles et d’herses pour opérer un véritable labour profond de quelques 50cm. A noter que ces pistes, longues de dizaines de kms, sont aussi larges de 30m par endroits. Passe encore pour la piste agricole, utile sur plusieurs volets, mais pour les deux autres, leur utilisation s’arrêtera après réception et mise en service des deux projets (gaz de ville et électricité) qui devraient, en toute logique, être clôturées par la dernière clause du cahier des charges qui consiste en la remise en état des lieux qui, dans ce cas de figure, ne peut être qu’un reboisement des surfaces dénudées. Une clause sur laquelle doivent insister les services des forêts pour au moins limiter les dégâts. Les collines et les pépinières de pins d’Alep sont de ce fait complètement défigurées par ces pistes qui prennent une apparence d’autoroute.
Oulaid Soualah