«Il faut libérer les initiatives»

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En plus de sa virtuosité dans la chanson kabyle, Oulahlou se révèle un fervent défenseur des causes justes, un amoureux de la nature, attaché aux valeurs ancestrales et un membre très actif de l’association socio culturelle Taccemlit n’tqurabt dont il est aussi le président.

Une association à travers laquelle Oulahlou tente de redonner, au mouvement associatif, sa vocation d’élément unificateur et fédérateur dans le village, avec des initiatives remarquables, réalisées avec des moyens très réduits. Dans l’entretien qui suit, Oulahlou nous traduit ses idées nouvelles et le mode de fonctionnement de cette association, nous faisant part de ses ambitions.

La Dépêche de Kabylie: Pourriez-vous nous présenter votre association ? 

Oulahlou : Notre association, Taccemlit, dont je suis l’un des membres fondateurs, a vu le jour en 1991. Elle est à socio culturel et son objectif premier est de préserver nos valeurs ancestrales, notre culture. Elle ambitionne d’encourager les talents, propulser et libérer les initiatives, combattre les fléaux sociaux, œuvrer pour l’intérêt public et redonner à Tajmaât son rôle d’antan.

Et comment comptez-vous concrétiser tous ces objectifs et aspirations?

A travers des actions et initiatives petites par leurs tailles mais d’un impact considérable. Je vous cite quelques exemples ? 

Allez-y !

Nous avons par exemple organisé une waâda, le mois d’aout dernier accompagnée d’un programme qui s’est étalé sur plusieurs jours. Au menu, il y eut une conférence débat sur l’histoire de notre région d’Ath Abbas et des plaques commémoratives, à la gloire de nos valeureux Chouhada, ont été réalisées et installées dans les ruelles du village. Nous avons également procédé à la réfection du mausolée de Sidi Abderrahmane avec la collaboration du comité de la mosquée. Nous avons dédié une journée spéciale aux lauréats du BAC, BEF et Cinquième, que nous avons récompensés pour leurs beaux résultats. Et la route principale du village a été embellie par la plantation de plusieurs arbres. Ce sont peut être des petites choses, qui peuvent paraître dérisoires, mais leur impact dans le village et grandiose. Nous avons constaté après cet événement, une affluence de la jeunesse vers l’association, avec des idées et initiatives nouvelles que nous avons encouragées. Nous essayons de promouvoir la liberté d’entreprise au sein de notre jeunesse. Après plus de vingt ans de présence dans le milieu associatif, j’ai compris que chacun doit gérer et mener sa propre initiative lui-même. Libérer les initiatives, s’auto organiser c’est aussi une forme d’encouragement et c’est notre mode de fonctionnement désormais. 

Un  mode de fonctionnement qui nécessite une explication peut-être?

Oui, tout à fait. Avant, les membres des associations traçaient un programme à court, moyen et long terme, définissaient les tâches, examinaient les moyens et puis commençaient à travailler. Et parfois, pour ne pas dire souvent, les initiatives tombaient en panne en cours de route et étaient annulées, faute de moyens ou de temps. Aujourd’hui, nous accueillons et laissons toute initiative ou projet venir, nous mettons à la disposition de son promoteur les moyens dont nous disposons, en veillant juste à la légalité de la chose. Ce mode explique que nous soyons toujours présents au village. Pour nous, toute initiative qui peut apporter un plus au village et qui œuvre pour l’intérêt public est la bienvenue.

Passons maintenant à Oulahlou le chanteur…

Je voudrais, avant cela, ajouter quelque chose si vous me le permettez. Notre association veut se lancer dans un défi de réalisation d’une passerelle au niveau de Tassift, une passerelle qui permettra aux villageois de développer leurs activités agricoles.

Comment  jugez-vous votre dernier produit, intitulé Zenga zenga? 

Je laisse le soin à mon public d’apprécier et de juger le produit, mais je peux témoigner en revanche de l’écho qu’il a eu chez les Libyens, devant lesquels je me suis produis, dans un stade de football plein à craquer. Croyez moi, je fus surpris et épaté d’entendre le public chanter mes chansons en chœur avec moi. J’étais très content car j’avais réalisé que mon art avait pris tout son sens, celui de chanter les causes justes, ce que je pense et ressens. 

Des projets en cours ?

Un artiste ne peut pas parler de projet ni se fixer dans le temps, car il est comme une source d’eau qui coule au gré de la nature. Je compose mes chansons quand l’inspiration me vient, et pour donner à la chanson sa véritable dimension, il faut un travail de fond et de recherche. Quant à la sortie des albums, je pense qu’ils s’imposent et choisissent eux-mêmes leur moment. 

Un  mot pour conclure… ?

Je remercie votre journal pour cet espace que vous m’avez réservé pour que je puisse m’exprimer. Je tiens à rendre hommage à tous ceux qui oeuvrent pour les causes justes, et un spécial hommage à nos valeureux martyrs et aux moudjahidine encore en vie, à l’occasion de ce 58ème anniversaire du déclenchement de la révolution nationale. 

Entretien réalisé par Bassaid Khiari 

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