L’eau est mélangée aux égouts !

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Ce sont deux ouvrages anciens et vétustes, de plus réalisés tout les deux en amiante de ciment et qui cohabitent dangereusement en partageant, sur plusieurs longueurs et en plusieurs endroits, la même fosse.

Fait aggravant, la conduite d’égouts est posée au dessus de celle de l’AEP, c’est ce qui a été découvert par les équipes de l’ADE qui travaillent, depuis 02 semaines, pour localiser les points d’avaries à l’origine d’une contamination d’eau potable par les eaux usées. Contamination qui a conduit 30 personnes de Raffour à l’hôpital, la semaine écoulée. Un fait confirmé par les laboratoires d’analyse de l’ADE, il y a bel et bien présence de bactéries conduisant à des maladies à transmission hydrique (MTH).   La désagréable surprise qu’on eu les ouvriers de l’ADE est survenue lors de la découverte de la première avarie, une buse de conduite d’AEP fissurée qui se trouvait sous le regard principal de l’assainissement, dont la base usée a laissé couler le liquide, non moins usé directement sur la fissure. Un coude en fonte de l’AEP, de diamètre 100, retiré sous le regard d’évacuation complètement rongé par la corrosion, donne des sueurs froides en pensant que les citoyens ont bu de ce liquide. A noter que les deux conduites évoquées sont toutes les deux des réseaux principaux, réalisés, selon quelques riverains, dans les années 1970. L’équipe de l’ADE, pour parer au plus urgent, a dû reprendre la conduite d’AEP sur 100m en utilisant des longueurs de PEHD, un matériau des plus modernes et résistant. Cela concernant les deux conduites principales réalisées le long d’une allée, elle-même principale, du coté inférieur de la ville. La 2ème avarie découverte jusque-là se situe dans le même quartier, dans une rue secondaire, sur les deux réseaux de distribution, où il a été remarqué le même jumelage des deux ouvrages. Mais là l’on impute l’avarie non seulement à la vétusté des réseaux, mais aussi aux nombreux branchements non conformes et anarchiques. Tous les responsables concernés par cette effroyable situation, à commencer par l’ADE, les services de la prévention, le bureau d’hygiène communal et enfin l’hydraulique, s’accordent sur une conclusion commune, que ces deux réseaux ont atteint leurs limites et qu’ils doivent être refaits dans les meilleurs délais pour mettre fin à ces fréquentes contaminations. Avaries tellement fréquentes que le gros de la population de Raffour, une ville de pas moins de 13 000 âmes, a cessé de consommer l’eau du robinet depuis longtemps. Hormis, bien entendu ceux qui ont les moyens de s’offrir de l’eau minérale les autres se retrouvent à chacune des fréquentes avaries à l’hôpital. Notons, pour conclure, que suite à l’échec des démarches effectuées par les représentants de Raffour auprès des autorités, depuis des années, pour le renouvellement de ces ouvrages délabrés, un collectif de jeunes volontaires s’est récemment constitué pour déterrer ce dossier en vue de le faire aboutir. Ces volontaires ont eu déjà  plusieurs entrevues avec le wali, en présence de tous les directeurs de wilaya concernés, en vue de dégager une solution définitive qui ne peut être que la reprise de fond en comble des deux conduites hors d’usage. Signalons, enfin, que cette partie de Raffour a bénéficié récemment d’une opération de revêtement en bitume de ses rues et ruelles, une opération d’envergure qui risque d’être en partie détruite lors de l’incontournable opération de rénovation des deux réseaux d’assainissement et d’AEP. Mais il ne peut en être autrement, quand on use d’une planification bâclée de projets réalisés à coups de milliards et que l’on se retrouve contraint à détruire avant même l’expiration des délais de garantie.

Oulaid Soualah

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