“Elle subissait le poids des traditions et de l’exil”

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La vie de l’écrivaine et interprète de chants traditionnels berbères, Taos Amrouche, a été au centre d’une conférence-débat animée, hier, par la célèbre écrivaine Djoher Amhis Ouksel, au niveau du petit théâtre de la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. 

La conférence qui avait pour thème « la vie et le parcours de Taos Amrouche » a été organisé par l’association culturelle « Vers le vert » de Tizi-Ouzou. Lors de son intervention, Mme Djoher Amhis a passé au crible la vie, le parcours légendaire et les œuvres littéraires de Taos Amrouche. La conférencière a expliqué à l’audience les raisons qui ont poussées Taos à écrire ses différents romans et ce qui l’avait inspirée pour s’y faire. « Taos Amrouche était en quête permanente de soi et à la recherche du bonheur. Elle n’avait pas de vie sociale. De confession chrétienne, Taos n’avait pas, pour autant, renié sa culture d’origine imprégnée d’Islam », précisera la conférencière en poursuivant : « Elle était contrainte de subir le poids des traditions et de l’exil. Elle était partagée entre les coutumes et la modernité. Les coutumes à cause de sa grande mère, qui était fortement attachée à ses racines, et la modernité dont elle rêvait. Mais c’était trop difficile de concilier entre les deux». Mme Amhis continuera son exposé en disant que « cette grande dame a consacré sa vie à faire connaitre la chanson Kabyle, notamment les œuvres qu’elle a hérité de sa mère Fathma Ath Mansour, partout où elle passera, notamment en France, en Espagne, ainsi que dans différents festivals organisés dans les pays maghrébins, à l’image du Maroc ».  La conférencière indiquera que Taos avait trouvé en l’écriture le moyen pour s’émanciper.  Taos Amrouche a écrit quatre romans « Jacinthe noire », « La rue des tambourins », dans lequel elle raconte son séjour en Tunisie, « L’amant imaginaire » et « Solitude ma mère ». « À travers ses romans, Taos raconte sa vie au sein d’une famille qui s’était distinguée par ses traditions, la religion, sa culture, ses tenues vestimentaires et ses relations avec les gens », dira Djoher Amhis. Durant cette communication, Djoher Amhis évoquera également la relation qu’entretenait Taos avec son frère Jean El Mouhoub Amrouche, «une relation symbolique et unique aux yeux de Taos », selon l’oratrice. Après un débat fructueux, un film documentaire de Sadia Barèche, intitulé « Sur les traces de Taos Amrouche… », a été projeté. Selon Mme Amhis, pour pouvoir comprendre le sens des œuvres littéraires de Taos Amrouche,  « il fallait avant tout connaitre la vie bouleversée, riche et intense en événements qu’elle a eu ». Taos Amrouche est également une diva du chant berbère. Elle s’est produite dans de grandes villes du monde. Ses œuvres ont également été salués par de grandes icônes de la littérature, à l’image de Mohamed Dib, Jean Giono et Kateb Yacine. Par ailleurs, Mme Ousmir, la modératrice de la conférence, a tenu, en marge de cet événement, à inviter le public à venir nombreux à la vente-dédicace du nouveau livre de Djoher Amhis intitulé « Le chant de la sitelle », qui aura lieu le 8 décembre prochain à la librairie du tiers monde d’Alger. Rencontrée à la fin de cette manifestation, Djoher Amhis dira : « Durant cette époque, il était dur pour une femme d’écrire un livre autobiographique qui raconte en détails sa propre vie, mais Taos l’a fait. Par la suite, et avec l’aide de son frère Jean, elle a réussi à rassembler les chants traditionnels qu’elle interprétera, au Maghreb comme à l’étranger. Actuellement, sa fille, Lawrence Bourdier a repris le flambeau et continue sur le même chemin dans le domaine théâtral ». Enfin, la conférencière affirmera qu’« il faudra la prendre pour modèle, car nous somme tous un produit de l’histoire, mais maintenant, c’est aux jeunes de reprendre le flambeau et d’avancer ».

       

Samira Bouabdellah

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