Barbès Café présenté dans sa version intégrale

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Le spectacle « Barbès Café », un voyage musical à travers l’histoire de l’immigration maghrébine en France, a été présenté mardi soir à Alger dans sa version intégrale à la salle Ibn-Zeydoun (Riadh El Feth). Après deux représentations à Tizi-Ouzou et Oran, « Barbès Café » », conçu en 2011 par Améziane Azaïche, a été présenté en collaboration avec l’Aarc (Agence algérienne pour le rayonnement culturel) pour le public algérois venu en grand nombre apprécier les adaptations de chansons célèbres de l’exil, revisitées dans un « show » de deux heures où se sont mêlés théâtre, music-hall et montage vidéo. Dans un décor de bistrot typiquement parisien, Lucette (interprétée par Annie Papin), la tenancière de l’établissement « Barbès Café », évoque avec Salah (Salah Gaoua) son histoire d’amour avec Mouloud, un immigré algérien en proie, à l’instar de bon nombre de ses compatriotes, aux « misères » de l’exil à la « nostalgie » du pays natal. La seule manière d’apaiser le mal de ce dernier reste la musique, incarnée par des chanteurs comme Slimane Azem, Cheikh El Hassnaoui ou encore Dahmane El Harrachi, jouée dans des cafés semblables au sien, devenu « le centre social » et le « refuge » des immigrés. Ce sera le point de départ du spectacle où dix musiciens et chanteurs interprètent des chansons comme « Li rah ou wella » (Celui qui est parti et revenu), « Ay Adjrad » (La sauterelle) ou encore « Maison Blanche » et d’autres titres de chanteurs ayant marqué sur quarante ans l’histoire de l’immigration (Fadhila Dziria, Cheikha Rimiti, Hnifa, Salim Hilali, Lili Boniche…). Ces chansons, interprétées pour la plupart par Samira Brahmia et Hafid Djemaï, servent surtout à évoquer « les moments difficiles » de cette histoire, ainsi qualifiés par le concepteur du spectacle, dont le plus tragique reste les massacres du 17 octobre 1961. Le spectacle culmine avec l’évocation de l’indépendance de l’Algérie, magnifiée par El Hadj M’hamed El Anka dans « El hamdoullilah mabkach el istîmar fi bladna », interprétée avec brio par le groupe, sous les youyous et les applaudissements du public qui dansait à tout rompre, « comme si c’était le jour de l’indépendance » ainsi que l’a constaté avec humour, une spectatrice d’un certain âge. La seconde partie de « Barbès Café » est, quant à elle, consacrée à des chanteurs qui ont contribué « à construire une France multiculturelle », comme le groupe Zebda, ou encore le chanteur « Akli d », avec, en arrière-plan, un montage vidéo évoquant notamment le mouvement « Black Blanc Beur » réuni autour des manifestations en France pour dénoncer le racisme dans les années quatre-vingt. A la fin du spectacle, la chanteuse vedette Samira Brahmia s’est dite, dans une déclaration à l’APS, « ravie de présenter, enfin, « Barbès Café » à Alger », mais surtout « très heureuse de porter la responsabilité d’un spectacle aussi engagé et porteur d’un message de paix ». Une seconde représentation de « Barbès Café » était prévue pour hier toujours à Alger.

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