Un ouvrage qui dévoile les manipulations médiatiques

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Un groupe d’experts internationaux ont présenté avant-hier, à la presse, dans la capitale française, un ouvrage collectif dont ils sont co-auteurs. Ce livre dévoile les manipulations et traitements politiques et médiatiques abusifs des mouvements sociaux qui ont secoué les régions du Maghreb et Proche-Orient durant l’année 2011, ainsi que leurs retombées négatives. Dirigé par le Centre français de recherche sur le renseignement, sous la direction d’Eric Denécé l’ouvrage en question « La face cachée des révolutions arabes », publié aux éditions Ellipses, est le résultat de deux missions d’évaluation, au cours de la même année, des conflits qui se sont produits dans le cadre du « Printemps arabe » en Libye et en Syrie. Suite à ces deux travaux d’évaluations, les auteurs ont ensuite jugé important d’élargir leur prospection par des témoignages et des analyses sur ce qu’a été le « Printemps arabe » dans d’autres pays (Egypte et Tunisie) avec des positions claires qui dénoncent la pensée dominante qui tend à faire de ces mouvements sociaux un évènement spontané et positif pour les pays d’Afrique du Nord et du Proche-Orient. À travers cet ouvrage, réalisé par une brochette de spécialistes, d’experts et de politiques, soit 23 auteurs de nationalités différentes dont Saïda Benhabyles et Ahmed Bensaâda (Algérie), c’est surtout la volonté de mettre en lumière les évènements à l’origine de ces mouvements sociaux et de décrypter le jeu des acteurs nationaux qui ont participé à ces évènements qui est exprimée. Il s’agit aussi selon les auteurs, de décrypter le jeu des acteurs internationaux qui ont contribué à faire éclore ces « Printemps arabes » et s’intéresser aux conséquences prévisibles à venir. L’analyse approfondie des évènements ont permis aux auteurs de cet ouvrage, selon le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, Eric Denécé qui a présenté cette publication aux côtés d’autres experts de Tunisie, de Belgique et de France, de dégager des éléments qui rendent possible la compréhension de la réalité du phénomène derrière la vision « fabriquée » qui a été livrée à l’opinion internationale. Parmi ces éléments, il a notamment cité l’existence d’un malaise social réel, mais instrumentalisé et la présence de Révolutions pilotées et mises en œuvre par l’étranger, afin de promouvoir des intérêts nationaux. Eric Denécé a également précisé que l’analyse à laquelle ont abouti les auteurs de cet ouvrage a dévoilé la mise en œuvre de techniques éprouvées de manipulation des foules et de déstabilisation des régimes et révélé les conséquences néfastes de ces « Révolutions arabes » qui ne semblent pas, a-t-il estimé être à la hauteur des espérances suscitées. Cet expert considère, par ailleurs, que les évènements auxquels l’opinion internationale a assisté étaient en préparation depuis plusieurs années, bien que leur déclenchement n’ait pas été précisément planifié soulignant que trois types d’acteurs ont joué un rôle majeur dans la conduite et le succès de ces « Révolutions », citant les Etats-Unis, les pays du Golfe et les Européens. « Si les premiers ont conduit une véritable stratégie en cette occasion, les derniers n’ont été que des suiveurs, sans toujours discerner qu’ils étaient eux-mêmes utilisés par les premiers », a-t-il commenté. Intervenant dans le débat, Richard Labévière, expert du Proche-Orient, a pour sa part indiqué que ce qui a rassemblé l’entreprise de ce livre « c’est le concept de déconstruction ». « Nous n’étions pas satisfaits par les couvertures médiatiques de ces évènements par la presse française et occidentale, ainsi que par des chaînes de télévision satellitaires arabes, comme El-Jazeera, Al-Arabia ou d’autres médias », a-t-il dit. « Il y avait donc non seulement une urgence, mais un intérêt à déconstruire ces accélérations d’histoire, de mouvements sociaux, qui étaient très anciens, en Tunisie, en Egypte ou dans d’autres pays du Proche et du Moyen-Orient ». « Il s’agissait par conséquent d’essayer d’aller au-delà des affirmations de morale, souvent d’une presse trop pressée qui a qualifié trop hâtivement des mouvements sociaux de « Révolutions », a-t-il souligné déplorant « la perte d’expertise considérable » de certains grands journaux qui envoient en mission des journalistes généralistes « qui ne font aucune lecture de ce qui se passe réellement ». « Tout cela, a-t-il ajouté est lié à des phénomènes économiques qui font qu’aujourd’hui, dans la presse qui s’est diversifiée et redéployée, l’expertise et le travail de terrain est très coûteux et souvent de grands titres ont été amenés à faire des couvertures surréalistes et souvent sans intérêt, n’ayant pas les moyens financiers nécessaires pour se déployer à la hauteur des évènements ».

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