«Dire que De Gaulle a donné l’Indépendance à l’Algérie est faux !»

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   Le Café littéraire de Tizi-Gheniff, initié par la libraire «KLMI», a accueilli, samedi dernier, la Moudjahida Annie Fiorio-Steinet. L’oratrice prendra comme point de départ à son intervention, la date historique des manifestations et des marches du 11 décembre 1960, qui avaient vu la mobilisation de tous les algériens à travers tout le territoire national. «Même les nomades, dans leur modeste campement, isolés du monde, avaient marqué cette date», clamera l’oratrice avant de revenir sur cette période du 9 au 14 décembre, marquée également par la visite effectuée par le général De Gaulle en Algérie. «Les slogans scandés par les manifestants en ce 11 décembre 1960 étaient Algérie Algérienne , Algérie musulmane et Vive le FLN Abbas au pouvoir, ne sont pas fortuits mais ils répondaient à ceux des pieds noirs et autres ultras qui, deux jours auparavant, soit le 9 décembre, sont descendus en masse dans les rues pour crier Algérie Française», dira l’oratrice, en ajoutant que le peuple algérien avait déjoué le plan ourdi par le général de Gaulle qui préconisait une troisième voie pour sortir de cette guerre. Au demeurant, l’oratrice s’attardera, avec beaucoup d’émotion sur la participation des enfants à cette manifestation, en citant deux d’entre eux, tombés sous les balles assassines de la soldatesque française, à savoir Farid Megaoutet, âgé de 10 ans, et Saliha Ouatine, une fillette de 12 ans. Annie Fiord Steiner reviendra sur la participation des femmes à cette manifestation, avant de citer ses répercussions  sur la suite des évènements, surtout sur les plans médiatique et politique. Pour la première, les journaux étrangers commençaient à s’intéresser de plus prés à ce qui se déroulait en Algérie, notamment les exactions et la pratique de la torture, alors que pour le second, c’est la suite donnée, après la motion de l’ONU en date du 20 décembre 1960, à la représentativité du GPRA qui ne fut plus remise en question. « Dire que De Gaulle a donné l’indépendance à l’Algérie, est faux ! », martèlera la conférencière en ajoutant que ce dernier avait compris, à son retour à Paris, ce qui lui restait à faire. En tant qu’ancienne détenue dans différentes prisons, la Moudjahida ne s’attardera pas longtemps sur son calvaire. Durant toute son intervention, on sent qu’elle voulait ardemment attirer l’attention de la jeune assistance sur l’importance de l’histoire qu’elle doit préserver. Le modérateur donnera, ensuite, la parole à la journaliste Hafida Amer, auteur du livre «La Moudjahida Yorshire-terrier, une vie pour l’Algérie», qui est une série d’entretiens et qui se lit donc facilement, d’autant plus que les questions sont claires et précises autant que ne le sont les réponses. C’est un ouvrage qui se lit d’une seule traite et qui est surtout plein d’émotions. Beaucoup de questions furent posées  par les présents aux deux dames avant de passer à la séance des dédicaces. «Nous venons de vivre des moments inoubliables avec cette Moudjahida », nous confient certains participants à ce café littéraire qui prend de plus en plus d’importance.  

Essai  Mouras

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