Penser à une stratégie pour une meilleure accessibilité des étudiants avec handicap au milieu universitaire, c’est le thème du séminaire, organisé avant-hier, par l’université de Béjaïa, en collaboration avec la faculté des sciences économiques, commerciales et de gestion. Cette rencontre nationale, qui rentre dans le cadre du programme européen Tempus sur l’enseignement inclusif dans les pays du Maghreb, a réuni des professeurs venus de plusieurs régions du pays, des acteurs du mouvement associatif de la wilaya de Béjaïa et des étudiants. C’était l’occasion de présenter, pour la première fois, la cellule d’accompagnement pour les étudiants avec handicap, ouverte depuis décembre 2011, et qui reste encore inconnue des étudiants. Cette cellule dénommée CASAM (Cellule d’Aide, de Sensibilisation, d’Appui et de Médiation), a été installée, d’après ses responsables, depuis l’année passée par l’université de Béjaïa, en collaboration avec le programme européen Tempus qui assume 90% des frais de son fonctionnement. Son rôle est, avant tout, de faire l’état des lieux en ce qui concerne la présence à l’université de groupes cibles (étudiants avec handicap, étudiants étrangers ou subissant les effets de l’éloignement géographique, étudiants aux conditions socio-économiques précaires…), et ce pour tracer le chemin à suivre vers une meilleure inclusion de cette catégorie d’étudiants dans les universités algériennes. Cette première étape sera suivie d’une large collaboration avec les pays européens, plus à point sur la question, avec lesquels se fera un transfert de connaissances. Il était temps qu’un programme de ce genre intervienne pour remonter le taux d’inscription des personnes handicapées à l’université lequel ne dépasse pas les 2% actuellement, et changer les mentalités vis-à-vis de ces groupes cibles, en éveillant les consciences sur la nécessité d’une meilleure prise en charge. C’est l’avis du professeur Oumekrane, de la faculté des lettres et langues, qui, dans son intervention lors du séminaire, a tenu à expliquer que « la réussite de ce programme réside dans le changement des mentalités vis-à-vis des personnes handicapées, surtout du coté des autorités, lesquelles doivent bien définir leurs actions envers cette catégorie, pour lui assurer une meilleure insertion socio-économique ». D’après les chiffres communiqués par les professeurs, la wilaya de Béjaïa compte plus de 19 000 personnes handicapées. Et sur ces 19000 personnes, combien réussissent à entrer à l’université ? C’est la question que se pose le Pr Oumekrane. Il est vrai que nos universités ne sont pas adaptées pour recevoir des étudiants avec handicaps, ni sur le plan des infrastructures, ni sur celui de la pédagogie. A l’université de Béjaïa, l’une des trois wilayas pilotes du programme Tempus, tout se fait par humanisme, pour accompagner les étudiants handicapés qui y suivent leurs études. Ces étudiants, qui se comptent sur les bouts des doigts, se heurtent à plusieurs handicaps supplémentaires qui les contraignent souvent à jeter l’éponge. Mme Senhadji, du département d’Anglais, a axé justement sa communication, lors du séminaire, sur « la nécessité d’adapter, d’une part, les infrastructures universitaires, afin d’offrir une meilleure mobilité pour les étudiants handicapés, et de l’autre, de concevoir des didactiques d’enseignements spécifiques pour cette catégorie ».
M.H. Khodja
