Le cadre de vie à la recherche de ses repères

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Au cours de ces dernières années, la préoccupation inhérente au cadre de vie, particulièrement dans les nouveaux lotissements urbains, fait surgir la dimension de verdure, longtemps occultée dans les programmes d’habitat. Les anciens jardins publics et les niches d’espaces verts hérités de l’administration coloniale au subi le poids non des ans, mais de la déliquescence des services publics en général et de la dégradation du cadre de vie, aussi bien en ville que dans les zones rurales. Désormais, les pouvoir publics tiennent à faire accompagner tous les ensembles immobiliers et les grands équipements publics (établissements scolaires, universités, routes et autoroutes,…) par le volet espaces verts. Ces derniers sont appelés à épouser les formes que leur imposent la situation des structures et équipement à embellir. Cela va des arbres d’alignement à hautes tiges le long des grandes artères, jusqu’aux formes géométriques les plus complexes (bosquets circulaires, triangulaires,…), avec des choix d’espèces bien adaptées au site et au sens de l’esthétique générale. La recherche d’un cadre de vie sain et revigorant, dans un contexte d’urbanisation effrénée, et parfois anarchique, où même le vieux patrimoine colonial a été fortement dégradé est devenue le leitmotiv des aménagistes, des paysagistes et même de l’ordre national des architectes. Le constat aujourd’hui est que le patrimoine  »espace vert » s’est réduit en peau de chagrin depuis l’indépendance du pays. Les bouleversements vécus par les quartiers urbains, les centres-villes et les banlieues suite à l’exode rural massif- ayant accompagné la politique d’industrialisation ou ayant fait suite au climat d’insécurité des années 1990- ont valu au cadre de vie des citoyens une terrible régression. Les arbres d’alignement, les arbustes d’ornement et les frondaisons d’embellissement ont subi des coupes réglées au fur et à mesure que se construisaient les cités, s’édifiaient les bidonvilles et s’ouvraient les routes.  En vérité aucune espèce de citadinité n’a préparé les nouveaux habitants de la ville à entretenir, développer ou créer des espaces verts. Au contraire, des jardins publics, où gazouillaient les oiseaux et pleuvaient les ombres épaisses des platanes n’ont pas tardé dans certaines villes, à se transformer en habitations illicites ou en commerces informels. Les collectivités locales, censées défendre ce patrimoine et le développer, n’ont pas toujours les instruments réglementaires ni les ressources nécessaire pour une telle entreprise. Le civisme des citoyens, non plus, n’a pas été au rendez-vous. Les programmes scolaires et le contenu des médias n’ont pas fourni d’efforts particuliers pour sensibiliser la jeunesse à l’intérêt te et  à l’importance du couvert végétal en général et des espaces verts urbains et périurbains en particulier. De même, des dizaines de kilomètres d’arbres d’alignement (eucalyptus, platane, frêne, orme,…) ornant les bordures des nos routes nationales et départementales ont carrément été éliminés suite à des travaux d’aménagement ou même par des mains criminelles faisant partie des réseaux mafieux de revente illicite de bois.  La norme, à l’échelle mondiale, en matière d’espace vert est fixée à 10 mètres carrés par habitant. En Algérie selon les estimations faites au milieu des années 2 000, cette norme se réduit à un mètre carré par habitant, soit le dixième de la norme mondiale.  L’avancée du béton, après avoir effacé de la carte des milliers d’hectares de meilleures terres agricoles au niveau du Sahel algérois, menace actuellement d’autres grandes villes d’Algérie, voire même des villes moyennes. Pour répondre à une attente aussi pressante en matière d’espace verts, le gouvernement a promulgué il y a cinq ans, une loi sur la gestion,  la protection et le développement des espaces verts (loi n°07-06 datée du 13 mai 2007).  Cependant, cet instrument législatif a trouvé peu de relais médiatique ou institutionnel pour prendre en charge la vulgarisation de son contenu au niveau des structures de base chargées de son application sur le terrain. Indubitablement, dans la situation d’anarchie architecturale et urbanistique que connaissent les cités algériennes, à laquelle se greffe une forme de  »désert » dans le cœur même du périmètre urbain, cette loi constitue, par le moyen du cadre réglementaire qu’elle instaure, des spécification techniques qu’elle établit et des sanctions légales qu’elle prévoit, une avancée notable dans le conception et la gestion du cadre de vie, particulièrement en milieu urbain. Les modalités d’application des orientations de la loi en question avaient même fait l’objet d’ateliers organisés par le ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement quelques semaines après sa promulgation. À ces ateliers, avaient pris part des présidents d’APC, des secrétaires généraux de mairies, des chefs de daïra, des directeurs d’urbanisme, des responsables des travaux publics, de la planification, des domaines et des services des forêts. Des dispositions pratiques sont prévues dans le nouvel instrument réglementaire, à l’image, par exemple, de l’article 16 qui stipule que « toute demande de permis de construire est refusée si le maintien des espaces verts n’est pas assuré ou si la réalisation du projet entraîne la destruction du couvert végétal ». De même, il est exigé que « toute production architecturale et/ou urbanistique doit intégrer et prendre en charge la nécessité des espaces verts selon les normes et objectifs fixés par la présente loi ». En matière de sanction contre les agressions commises contre les espaces verts, 7 articles y sont consacrés, comme  celui qui prévoit « un emprisonnement de 3 à 6 mois et d’amende de 20 000 à 50 000 dinars à quiconque se rend responsable de la dégradation des espaces verts et d’arrachage de jeunes plants ».  

 Amar Naït Messaoud

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