L’Office régional avicole du centre (ORAC) de Bouira, fait l’objet de graves accusations de la part de jeunes éleveurs. Deux d’entre eux, MM. Berakni Lyès et Laarek Rafik, ont accepté de parler et se disent avoir été trompés par cet organisme et lui exigent des dédommagements.
En effet, ces jeunes entrepreneurs ont contracté un crédit bancaire estimé à huit cent millions de centimes dans le cadre de l’ANSEJ et ce, afin de se lancer dans l’aviculture. Jusque-là rien d’anormal à signaler. C’est après avoir entrepris les démarches nécessaires, dans le but d’acquérir près de 4 800 poules pondeuses auprès dudit organisme, que les ennuis ont commencé pour les deux jeunes promoteurs. Selon ces derniers, une étrange maladie s’est abattue sur leur élevage, causant le décès quasi systématique d’une grande partie de leurs poules. «Apres avoir démarré notre activité on s’est vu confronté à un péril venu d’ailleurs. Notre volaille est tombée malade, puis, au fil des jours, on a constaté que beaucoup de poules mourraient», nous ont-ils indiqué. Interrogés sur les raisons de cette mortalité les deux éleveurs ont rétorqué que « suite à cette hécatombe, on a fait analyser quelques-unes de nos poules au niveau de laboratoire de Draâ Ben Khedda, puis au centre de Mostaganem. Les deux analyses ont détecté la présence d’un virus du nom de la maladie de Marek », a assuré M. Berakni. Son compagnon, M. Laarek a également fait état des mêmes pertes au niveau de son élevage, et après avoir effectué les analyses auprès des centres précédemment cités, le verdict était sans appel : Le cheptel est touché par la même maladie. « Le virus de Marek est l’équivalant du cancer chez l’être humain. Nos poules sont vouées à une mort certaine, puisqu’aucun remède n’existe contre cette maladie », ajoutent nos deux interlocuteurs. Selon eux, l’ORAC de Bouira n’aurait pas pris les mesures nécessaires pour éviter ce désastre. « Soit la vaccination contre la maladie de Marek n’a pas été faite, ou bien le vaccin inoculé était périmé. C’est la seule explication viable », ont-ils soutenu. S’agissant d’une éventuelle prise de contact avec l’organisme incriminé en vue d’un quelconque dédommagement pour les pertes subies, M. Berakni a affirmé qu’« on s’est déplacé au siège de l’ORAC de Bouira, situé dans la commune de Ain Bessam, et à notre grand étonnement, les responsables ont décliné toute responsabilité. Pis encore, ils ont rejeté la faute sur nous et nous ont accusés de malveillance et de non-respect des règles sanitaires, c’est un comble ! », s’est-il exclamé. Poursuivant sur sa lancée, cet entrepreneur qui se dit avoir tout perdu, s’interroge sur le fait que « cette maladie, qui se traite par une vaccination au premier jour de la naissance du poussin, se soit autant développé ? Il y a forcément un vice dans le processus, et selon les nombreux vétérinaires interrogés et les résultats positifs des deux laboratoires, la faille se trouve, en toute évidence, au niveau de l’ORAC. Ils nous ont dupés et nous demandons réparation », a-t-il lâché d’un ton sec.
Y a-t-il eu vice de vaccination ?
Voulant en savoir plus sur le sujet, contact a été pris auprès de la direction de l’office régional avicole centre de Bouira. Au niveau de ladite direction, c’est la vétérinaire de l’Office qui a tenu à apporter quelques précisons par rapport à cette affaire. Notre interlocutrice a nié toute implication de son organisme dans ce dossier et a clairement démenti les affirmations des deux entrepreneurs en déclarant que « ces deux messieurs, que j’ai personnellement reçus, ne savent pas de quoi ils parlent. Les analyses pour la maladie de Marek, que nous avons effectuées au niveau de notre centre, se sont clairement avérées négatives », avant de s’empresser de nous montrer les fiches de contrôle et d’ajouter : « Voyez par vous-même, c’est clairement indiqué négatif ». Il est vrai que la fiche qui nous a été remise et portant le cachet des services vétérinaire de la DSA, indiquait que les poules ne comportaient aucune pathologie. Au sujet de la vaccination des poussins contre les différentes pathologies, dont celle de Marek, au premier jour de leur naissance, notre interlocutrice s’est montrée affirmative en déclarant : « Tous les vaccins ont été faits. D’ailleurs, on assiste et on s’assure que cette étape primordiale, s’effectue sans le moindre accroc ». Par la suite, la vétérinaire de l’ORAC s’est interrogée sur le fait que sur 207 000 poules commercialisées, seuls ces deux clients (Berakni et Laarek) se plaignent d’avoir été dupés. « Soyons logiques, sur un total de 207 000 poules vendues, il n’y a que ces deux personnes qui posent problème… Vous ne trouvez pas que c’est un peu étrange ? ». Notre vis-à-vis, en défendant son « produit », selon ces propres termes, n’a pas hésité à émettre des doutes sur « la bienveillance et les précautions » prises par les clients mécontents. A ce sujet, la vétérinaire en chef de l’ORAC a déclaré : « Il n’est pas exclu que ces messieurs n’ont pas suivi le processus classique en matière de précautions et de prise en charge des poules », avant d’ajouter que « tout chamboulement, tout stress, qui aurait pu affecter ces poules aurait très bien pu provoquer cette maladie.
La vétérinaire de l’office réfute les accusations
D’ailleurs, à une question relative à un quelconque produit anti-stress et autres vitamines administrés à ces gallinacés, les deux éleveurs n’ont rien trouvé à redire. Cela prouve qu’ils ne sont pas au fait des mesures à prendre », a-t-elle indiqué. S’agissant d’éventuelles indemnisations qui pourraient être versées aux deux éleveurs, la vétérinaire s’est dite incapable de se prononcer sur le sujet et d’ajouter que la décision devait émaner de la direction générale de l’ORAC qui se trouve à Cheraga. Selon les dires de cette spécialiste, les poules auraient pu être infectées par le virus de Marek, qui est, à titre indicatif, un virus herpès qui touche les oiseaux domestiques et sauvages. L’infection se transmet par voie respiratoire ou, éventuellement, orale. Le virus persiste à l’intérieur des cellules mortes de la peau et des cellules du duvet. Donc, d’après la vétérinaire de l’ORAC, cette maladie pourrait résulter du manque de vigilance et de précautions de la part des éleveurs. Cependant, un autre vétérinaire a émis un avis tout à fait contraire à celui de notre interlocutrice. Le docteur Zain, le vétérinaire qui a suivi le « carnet de santé » de l’élevage de M. Berakni, a affirmé que « ni le stress, ni le manque de vitamines et encore moins la carence de lumière n’ont pu être à l’origine de la maladie de Marek. Cette pathologie, dont les symptômes sont la dépression, l’apparence abattue et chétive des oiseaux, puis la perte de poids, avant la mort, n’a qu’un seul remède connu à ce jour, la vaccination à partir de J+1 (premier jour de naissance, ndlr) », a-t-il certifié. Avant d’ajouter : « Si la vaccination a été faite, le cheptel n’a rien à craindre, il est immunisé quel que soient les circonstances ». Interrogé sur l’élevage dont il est chargé de suivre l’état de santé M. Zain a été on ne plus clair : « Les poules, en toute évidence, ont été victimes d’un vice dans la vaccination. De là à vous dire que cette dernière n’a pas eu lieu, ou bien que le vaccin injecté était périmé je ne puis trop m’avancer sur le sujet ». D’autres vétérinaires ont également abondé dans le sens du Dr Zain, affirmant que « tous les spécialistes vous le diront, l’unique moyen de se prémunir de ce virus, est la vaccination à J+1 du poussin. Après quoi, les poules peuvent tomber malades, certes, mais en aucun cas de la maladie de Marek ». Ces affirmations, accréditent la thèse du vice de vaccination et mettent, en toute évidence, à mal ce qu’a avancé la vétérinaire en chef de l’ORAC de Bouira.
Ramdane B.