Bonjour l’Europe

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Hormis les députés du Parti des travailleurs (PT), qui ont voté contre, toutes les autres formations politiques siégeant à l’Hémicycle Zighout Youcef, ont adopté ledit accord. Pourtant sur les 26 interventions enregistrées lors des débats, un grand nombre était axé sur les aspects « négatifs » de l’accord, et autres retombées « néfastes » sur l’économie nationale, et « la nation toute entière ». Dans sa présentation du contenu de l’Accord d’association, de sa dimension et de son impact, le ministre des Affaires étrangères (AE), M. Abdelaziz Belkhadem, insistera sur l’opportunité qui est offerte à l’Algérie d’intégrer l’économie mondiale par la grande porte. Il énuméra les multiples points positifs selon lui, pour l’économie nationale, mais aussi pour d’autres domaines où cet accord ne manquera pas d’intervenir, à l’exemple du domaine politique avec l’instauration du dialogue entre les deux parties (Algérie et UE), la coopération dans d’autres volets comme la lutte antiterroriste, la lutte contre la corruption, la circulation des personnes et autres coopération culturelles, juridique et financière,… « Cet accord a été proposé à l’Algérie comme un instrument à même de mettre fin à l’isolement diplomatique que l’Algérie a vécu par le passé », souligne le ministre des AE. Et d’ajouter que : « Nous avons perdu de nombreuses occasions par le passé pour intégrer la zone UE et l’OMC ». Il passera en revue toutes étapes antérieures à la signature de l’accord, ainsi que le contexte dans lequel sont intervenus les « difficiles » négociations entre les deux parties : 1993 (débuts des négociations), 19 décembre 2001, et 22 avril 2002 (ratification de l’Accord). L’objectif étant la création d’une zone de libre échange 12 ans après l’entrée en vigueur de l’Accord, soit d’ici 2017, avec un démantèlement graduel des droits et tarifications douanières sur les produits en direction et en provenance des pays de l’Union européenne. 65% des échanges extérieurs de l’Algérie sont effectués avec ce continent, rappelle Belkhadem. « C’est une occasion de mettre un terme à l’économie informel, car cette dernière menace plus notre économie que les démantèlements tarifaires », estimera Belkhadem. Le chef de la diplomatie algérienne notera par ailleurs que le « danger » sur notre économie réside dan l’absence d’investissements étrangers après l’application de l’Accord, et qu’il y a lieu de s’atteler à mettre en place des mesures incitatives afin d’attirer les IDE en Algérie. Il faudrait également, dira Belkhadem, améliorer l’environnement des entreprises algériennes et les mettre à niveau, dans le but de les préparer à affronter la concurrence qui découlera de cette ouverture sur pas moins de 25 pays. Les députés dans leurs interventions étaient partagés entre ceux qui approuvent un tel accord et louent ses effets à venir, et ceux qui le « diabolisent ». « On pourra jamais concurrencer les entreprises européennes. Nous aurons d’énormes difficultés à gérer le flot de marchandises qui déferlera sur notre pays », lance un député. Un autre, du MSP se demande l’intérêt de l’Algérie d’adhérer à l’OMC et d’intégrer l’UE. Mais les remarques et les critiques les plus « acerbes » émanent des députés de la formation de Louisa Hanoune. Ils ne manqueront aucune occasion de descendre en flammes l’Accord d’association dans son contenu et ses impacts sur l’Algérie. « Le démantèlement tarifaire conduira au démantèlement des bases de la nation algérienne », s’emportera un membre du groupe parlementaire du PT. Quelques députés déploreront d’autre part le manque de débats préalables et que cet accord n’est proposé à l’APN que pour être avalisé. Abdelaziz Belkhadem retournera ensuite au pupitre pour formuler des réponses et des explications aux observations et requêtes des députés : « La loi algérienne ne différencie pas les investisseurs nationaux de ceux étrangers », « la question de la souveraineté de se pose pas », « pas de centre de transit pour l’immigration en Algérie », sont autant de réponses fournis par le ministre des AE. Face à l’insistance de certains députés quant au manque à gagner pour le Trésor, estimé selon Belkhadem entre 600 et 800 millions USD sur 10 ans, soit de 60 à 80 millions USD par an, ce denier dira que la solution est dans l’investissement « intensif » qui devra suivre l’entrée en vigueur de l’Accord d’association.

Elias Ben

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