Des acquis en attendant tamazight

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Les conclusions définitives de ce round du dialogue ne sont pas encore connues, mais il paraît d’ores et déjà que le gouvernement va répondre favorablement à l’essentiel des points contenus dans la plate-forme d’El Kseur, y compris ceux considérés comme difficiles, à l’image de celui relatif à l’officialisation de la langue amazighe ou encore l’épineux dossier des brigades de gendarmerie. Les représentants des archs que nous avons contactés ont tous abondé dans le sens d’une issue heureuse à la crise de Kabylie qui va bientôt boucler sa quatrième année. Leur optimisme n’est certainement pas démesuré à partir du moment où Ahmed Ouyahia a répondu favorablement à leurs doléances. Se refusant de donner des détails sur l’avancement des pourparlers qui risquent de durer encore quelques semaines, voire des mois, nos interlocuteurs nous ont tout de même indiqué que le chapitre économique est pratiquement clos. L’Etat va donc annoncer dans les prochains jours le fameux plan économique spécial pour la Kabylie. Sauf que cette question pourrait être retardée par l’annonce des élections partielles dans la région. Qu’à cela ne tienne, les délégués affirment qu’en attendant la reconnaissance du statut de martyrs aux victimes du Printemps noir, l’indemnisation de ces derniers ainsi que leur prise en charge, notamment en ce qui concerne les blessés, est totalement acquise. C’est d’ailleurs l’un des points primordiaux contenus dans le document d’El Kseur étant donné que des dizaines de jeunes souffrent toujours des séquelles de ces évènements et ne reçoivent toujours pas de soins adéquats. Il reste maintenant les dossiers lourds et sensibles à l’instar du départ des brigades de gendarmerie et le jugement des agents rendus coupables de crimes. Si ce dernier point a déjà été élucidé il y a quelques semaines et l’Etat s’est engagé auprès de ses interlocuteurs à juger ces personnes dans des tribunaux civils, il n’en demeure pas moins que la délocalisation des brigades de la Gendarmerie nationale reste sujette à des questionnements. Une source proche du mouvement citoyen a laissé entendre, avec beaucoup de précaution, qu’Ahmed Ouyahia a déjà pris l’engagement de régler ce problème “sans citer la manière et la période”. Le point crucial des négociations qui a soulevé des débats houleux auprès de certains partis politiques et de personnalités nationales, à savoir l’officialisation de tamazight, reste cependant à l’état de maturation puisqu’aux dernières nouvelles, le chapitre n’est pas encore abordé avec sérieux. Les deux parties se sont simplement entendues sur le principe de la promotion de la langue et sa prise en charge matérielle et institutionnelle à travers notamment la création d’une académie de langue berbère en plus du lancement prochain de la chaîne nationale de télévision dans cette langue. Le gouvernement et le mouvement citoyen auraient choisi sciemment de laisser ce point en dernier et commencer par ceux qui posent moins de problèmes. Serait-il résolu ou pas ? La réponse ne peut être anticipée étant donné que la question ne fait pas l’unanimité au sein de l’opinion nationale, même si les récalcitrants vont certainement se résigner à la volonté du président de la République s’il venait à prendre une telle décision.Sur un autre plan, les délégués de Bouira ont reçu l’assurance du chef du gouvernement quant à la révocation des indus élus. Les représentants des archs de cette wilaya ont effectivement des appréhensions quant au sort des APC de la région kabylophone, puisque Ahmed Ouyahia a laissé entendre lors de sa dernière conférence de presse que seules “cinq communes de la wilaya sont concernées”. De toute façon, les délégués du mouvement citoyen organisent aujourd’hui une conférence de presse pour donner plus de détails sur leur rencontre avec les représentants du gouvernement. Ils vont aussi organiser un meeting ce week-end pour rendre publiques leurs activités.

Ali Boukhlef

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