Espaces de détente en jachère !

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Le commun des mortels à Tizi Ouzou se souvient de la fanfare avec laquelle ont été inaugurés les jardins publics de la ville des Genêts.

D’ailleurs, les ministres, l’ex wali Abdelkader Bouazgui et l’actuel maire de TiziOuzou s’étaient enorgueillis de l’ouverture de plusieurs jardins, entre 2010 et 2014. Le jardin de l’Olivier, le jardin du 1er Novembre et celui du colonel MohandOulhadj… Mais aussi de la placette Tahar-Djaout. Des acquits réalisés à coups de milliards de centimes et dont l’objectif était de mettre à la disposition des citoyens des espaces de détente, de repos et de loisirs, mais… La suite fut tout autre.

Si l’espace n’est pas accessible, à l’image du jardin qui fait face à la grande mosquée de la ville tout le temps fermé, les autres sont complètement insalubre, comme de kerad Rachid ou encore celui mitoyen à la grande mosquée qui malgré reste le coin privilégié des vieux amoureux du jeu des dames. Et pourtant, les habitants de la ville des Genêts et les milliers de visiteurs devaient trouver des lieux propres et attrayants pour reprendre leur souffle, lire un journal, discuter calmement entre amis afin d’échanger, d’oublier les aléas de la ville faits de bousculades, de saturation de la circulation, de sonorités et surtout de pollution. Le wali Abdelkader Bouazgui avait dit, en cette période : «L’espace TaharDjaout (un autre jardin qui attire les amateurs de canettes,… face au tribunal de la ville) vient s’ajouter à d’autres espaces que nous avons inaugurés pour mettre à la disposition des citoyens des espaces conviviaux, de détente et de loisirs.»

Le maire de Tizi-Ouzou, Ouahab Aït Menguelet avait assuré, lors de sa déclaration à la presse : «L’espace TaharDjaout est un apport de plus à la ville de Tizi-Ouzou. Nous sommes fiers d’immortaliser cet écrivain et journaliste par une place propre avec des fleurs et des jets d’eau. Avant, nous avions inauguré le jardin du 1er-Novembre, celui du colonel Mohand-Oulhadj et de l’ex-Gare routière et il y en aura d’autres, afin de donner l’occasion aux habitants de trouver des espaces de détente adéquats».

En somme, de belles déclaration mais, comme c’est souvent le cas, on prend hélas des initiatives mais on n’y va pas jusqu’au bout. C’est comme un mauvais réflexe qui colle à la peau de nos responsables mais aussi des citoyens. On aime le neuf, mais point d’entretien par la suite ! Et fatalement… Des espaces insalubres Une virée au jardin du 1er Novembre, situé au centre-ville de Tizi-Ouzou, nous permet de constater que les lieux sont insalubres et abandonnés à leur triste sort. Le gazon pousse indéfiniment comme des herbes sauvages. Les fleurs ont fini par disparaître. Les arbres sont à feuillage démesuré du fait qu’ils ne soient pas entretenus et taillés. Des jets d’eau, il ne reste que des traces. Les allées sont à l’abandon. Les détritus, les déchets et les chiens errants envahissent les lieux. Un décor triste et repoussant en guise d’accueil.

A quelques mètres du jardin se trouve la placette de l’écrivain et journaliste Tahar Djaout, l’état des lieux est désolant. Même la plaque destinée à immortaliser l’écrivain des Chercheurs d’os, des Rets de l’oiseleur et de celui qui, un jour, alors que le brasier était bien allumé et que toutes les voix discordantes étaient menacées de mort, avait dit «si tu parles tu meurs et si tu te tais tu meurs, alors dis et meurs», est en partie décollée. Bientôt, elle se retrouvera à terre. Les lieux sont sales. Les crottes de chiens, parfois d’humains, sont visibles sur place. Le laisser aller et l’insouciance font que la placette soit infréquentable. Plus loin encore, juste à proximité du siège de la wilaya se trouve le jardin du colonel Mohand Oulhadj, le constat est encore plus désolant. Le gazon est dans un piteux état, les arbres ne sont ni taillés, ni entretenues, ni arrosés. Les fleurs ont laissé place à des herbes sauvages hautes de plus d’un mètre. Les points d’eau et les jets installés çà et là ont, pour leur part, séché. Il nous a même été donné l’occasion de constater la présence de meubles usés sur les lieux sans parler des ordures et des déchets abandonnés par les visiteurs ! Quel gâchis ! La mairie dépassée !

L’actuel maire de Tizi-Ouzou, M. Ouahab Aït Menguelet, que nous avons interrogé à ce sujet, il y a quelques mois, avait rétorqué sèchement : «Je vais vous répondre autrement. Notre commune compte une cinquantaine d’établissements. Pour assurer leur entretien et leur bon fonctionnement, il nous faut au moins 250 employés. Un effectif que nous n’avons pas. Si la situation perdure, nous allons fermer les cantines scolaires. Alors pour assurer un entretien régulier et efficace des jardins publics, il nous faut du personnel et ce personnel ne nous a pas été affecté. Allons-nous fermer les cantines pour assurer l’entretien des jardins publics ? La question reste posée. Nous n’avons pas le choix. Toujours est-il que nous faisons des efforts pour organiser nos effectifs et être partout. Donc, si les jardins ne sont pas suffisamment entretenus cela est dû au manque de personnel. Je saisi l’occasion pour appeler les responsables concernés à nous affecter plus de personnel pour pouvoir répondre à toutes les doléances et prendre en charge toutes les situations», avait-il déclaré.

A rappeler que l’ensemble des walis qui se sont succédé à la tête de l’exécutif ont organisé des campagnes de nettoyage de la ville, comme c’était le cas hier. Mais ces initiatives ne sont pas régulières, d’où le retour à la case départ et à l’insalubrité générale. Des opérations qui ont, malheureusement, l’effet d’un coup d’épée dans l’eau. Il convient de signaler que l’état général de l’environnement à travers la wilaya de Tizi-Ouzou est en souffrance. Les décharges contrôlées se comptent sur quasiment sur les doigts d’une seule main, les Centre d’enfouissement technique aussi. Les Centres de tri et de récupération peinent à être réalisés et l’incivisme continue de mettre à mal toute la nature.

Hocine T.

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