Les policiers de la 2éme sûreté urbaine ont effectué dans la matinée d’hier, dans le cadre de la lutte contre le commerce informel, une descente musclée au marché de bijoux en argent illégal, sis sur la rue jouxtant le boulevard Houari Boumediene en face du monument dédié aux Chouhada de la ville des Genêts, et où près de 200 artisans exposent leurs marchandises, tous les samedis, a-t-on appris. En effet, les policiers ont procédé à l’interpellation de huit artisans, n’ayant aucune autorisation d’exploitation des lieux, qui n’avaient pas obtempéré à l’ordre de quitter les lieux, avant de les relâcher en fin de matinée. Interrogé sur ce problème, Samir l’un des artisans expliquera que « des policiers sont venus, ce matin, et ont embarqué sept ou huit artisans. Une fois au commissariat, ils ont pris leurs noms et coordonnées. Ils nous ont, ensuite, ordonné de quitter l’endroit sur le champ, car nous n’étions pas en possession d’une autorisation d’exploiter les lieux. C’est injuste car, depuis plus de 30 ans, nous occupons, chaque samedi, ce lieu 4 à 5 heures. Les autorités concernées étaient restées inertes, jusqu’à ce jour. Nous avons lancé une pétition et une fois que nous aurons récolté assez de signatures, nous allons voir le wali, ainsi que le maire de Tizi-Ouzou pour qu’ils nous trouvent une solution à ce problème ou qu’ils nous donnent une autorisation pour que nous puissions occuper ces lieux de façon légale. Nous comprenons parfaitement le fait que ces policiers viennent nous chasser de ces lieux. Nous savons que nous travaillons de façon illégale, mais ce n’est pas de notre faute. Les autorités sont au courant du problème mais ils n’ont jamais bougé le petit doigt pour nous aider». Merzak, un autre artisan ajoutera en affirmant : « J’ai hérité de ce métier de mon père, ce marché existe depuis une trentaine d’années. Il y a près de 200 artisans qui viennent des quatre coins du territoire national, de Constantine, de Msila, du Sahara et d’autres régions, et qui exposent leurs produits ici, tous les samedis. Nous sommes conscients que rien ne nous autorise à occuper ce lieu pour des fins commerciales ou autres, mais comme je l’ai déjà dit, c’est un marché qui existe depuis une trentaine d’années. Ce matin, les policiers sont venus et nous ont demandé gentiment de quitter le lieu, sans procéder à la saisie de nos marchandises. C’est un lieu de rencontre pour les artisans qui, pour la plupart, sont des pères de familles. Nous avons toujours fais en sorte que ce lieu reste propre. Chaque samedi, lorsque un artisan termine son travail, il nettoie la place qu’il a occupé durant 4 ou 5 heures avant de partir ». Un autre artisan dira qu’« il est temps que les autorités concernées se penchent sur le sujet. Nous réclamons qu’ils nous délivrent un document nous autorisant à occuper ce lieu ou de créer un autre endroit qui nous permettrait d’exposer notre marchandise en toute légalité. Par ailleurs, je tiens à dénoncer le comportement de certains bijoutiers qui ont procédé à la signature d’une pétition qu’ils ont, par la suite, transmis à la police qui nous a ordonné de quitter les lieux. Ils auraient pu venir nous en parler, avant de procéder à ce genre d’agissements, car s’ils étaient venus nous voir, on aurait discuté et tenté de trouver une solution. Certes, nous sommes conscients d’être fautifs, mais nous n’avons guère le choix. Tous ce que nous réclamons c’est un lieu où nous pourrions travailler légalement, un endroit où nous pourrions exposer notre marchandise. Quatre ou cinq heures par semaine nous suffiraient largement ». Notre interlocuteur ajoutera : « C’est injuste ! Ainsi, ils poussent ces jeunes à voler, à commettre des crimes ou à faire n’importe quoi, pour gagner leur pain et nourrir leurs familles. Nous réclamons aux autorités concernées de trouver une solution dans les plus brefs délais ». Le gérant d’une cafeteria au niveau de ce quartier, quant à lui, déclarera que ces artisans n’ont jamais causé de problèmes ou provoqué le moindre incident, « c’est malheureux, car la plupart sont des pères de familles et ils occupent ces lieux seulement 4 à 5 heures tous les samedis, et je ne vois pas en quoi cela pourrait déranger certains. Je réside dans ce quartier et j’ai un magasin ici également, ces personnes ne m’ont jamais dérangé. Ils viennent, ils exposent leur marchandise et ils repartent en laissant les lieux propres» précisera-t-il. Joint, hier, par téléphone M. Aït Zerrouk, sous directeur à la chambre de l’artisanat et des métiers de Tizi-Ouzou (CAM) dira qu’« avant tout, il faudrait savoir si ces personnes sont de vrais artisans ou de simples revendeurs. Car, il faut savoir que les artisans sont tous en possession de cartes professionnelles et ils travaillent dans un cadre légal. Dans le cas de ces personnes qui s’installent tous les samedi dans la rue pour revendre leur produits, nous ne pouvons rien faire car ce n’est pas notre travail et cela ne rentre pas dans nos prérogatives ». Qu’ils soient artisans ou revendeurs de bijoux, les concernés disent ne réclamer que l’aménagement d’un lieu pour pouvoir exposer et vendre leurs marchandises, ou à défaut, la délivrance d’une autorisation qui leur permettrait d’exploiter ce lieu et poursuivre leur activité.
Samira Bouabdellah

