La centrale UGTA traverse une crise sérieuse. Le torchon brûle et la grogne commence à prendre de l’ampleur. Outre la guerre froide qui règne entre Sidi Saïd et son secrétaire national à l’organique et premier responsable de l’Union de la wilaya d’Alger, Salah Djenouhat, qui relève, faut-il le souligner, du secret de Polichinelle, la Coordination des activités portuaires, fraîchement créée, constituée des fédérations des douanes, des dockers et de la CNAN, élargie actuellement aux syndicats de la BDL, de la BEA et de l’ex-SONACOME, vient d’ajouter son grain de sel en tirant à boulets rouges sur Salah Djenouhat. Selon eux, ce dernier a » outrepassé ses prérogatives « . Pis, les intervenants ayant assisté à la réunion tenue hier au siège des douanes à Alger estiment, quasiment à l’unanimité, que c’est Djenouhat, tout en citant son nom, qui a » semé la pagaille non seulement à l’intérieur de l’UGTA mais aussi au niveau de plusieurs entreprises « . D’après eux, la personne contestée transgresse la réglementation de l’Organisation syndicale. Son nom revenait tel un leitmotiv à chaque intervention. Pour ne citer que le cas de la BDL, son représentant indique que » Djenouhat nous a imposé le SN alors que la base lui a retiré confiance. Il n’a respecté ni la décision prise par notre base ni celle de son secrétaire général qui a soutenu notre choix « . C’est une des raisons pour laquelle la coordination réclame la destitution de Djenouhat de toute l’Organisation syndicale. Après un débat qui a duré plus de deux heures et après avoir entendu toutes les suggestions faites de part et d’autre, la coordination a décidé de saisir Sidi Saïd dès son retour de Suisse où il assiste à une réunion organisée par le BIT, afin de lui exposer ses préoccupations qui ont trait non seulement aux problèmes socioprofessionnels des travailleurs mais également et surtout à celui de l’organisation des fédérations. Elle a ainsi fixé la date du 20 novembre pour le rencontrer. Le 23 novembre a été également retenu par la coordination pour faire le point sur sa démarche et à la même occasion fixer les actions à entreprendre dans le futur. » Nous ne pouvons pas décréter aujourd’hui une grève car nous nous sommes engagés auprès de Sidi Saïd de la geler. Même s’il n’avait rien fait, nous devons l’attendre et l’écouter avant de prendre une décision, une façon de respecter notre engagement « , souligne Abess Guermach, porte-parole des syndicats des dockers. Dans le cas de non-satisfaction, la coordination menace de déterrer la hache de guerre en rebondissant sur le terrain avec des mouvements de protestation. Cela dit la balle est dans le camp de Sidi Saïd. « Nous voulons un syndicat qualitatif conforme à la réglementation », avance Badaoui, secrétaire général de la Fédération du syndicat des douanes avant de plaider pour la réforme globale du système de fonctionnement. » Nous ne volons nullement créer une instance parallèle à l’UGTA, bien au contraire, nous revendiquons notre affiliation lance dans la foulée Badaoui, avant d’enchaîner » mais cela ne nous empêche pas de dénoncer ce qui ne va pas au sein de l’UGTA « . Sur le même ton, il a attesté qu’ » il faudrait mettre un terme à la gestion abusive qui règne à l’UGTA. Nous devons être solidaires pour bien défendre les principes démocratiques et les libertés syndicales « . Par ailleurs, et à titre individuel, Badaoui a fait savoir qu’en ce qui concerne son syndicat, un conseil national se tiendra le 15 du mois encours. « Nous remettrons sur le tapis notre plate forme de revendications et déterminerons la suite à donner à notre mouvement de protestation », précise Badaoui tout en déplorant la réaction du PDG des douanes qui, selon le syndicaliste, n’a « même pas daigné nous écouter ». Le pacte économique et social sera en outre à l’ordre du jour, dira le SG du syndicat des douanes. Le syndicat des travailleurs du port prévoit également une réunion le 22 de ce mois. D’après son représentant, une grève générale est prévue à l’échelle nationale.
Wassila Ould Hamouda