Place aux conjectures !

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Par  Amar Naït Messaoud

La scène politique algérienne est-elle grosse de quelque évolution radicale inattendue, ou n’offre-t-elle qu’un spectacle d’ombres chinoises qui préparent, d’une façon cryptée, mais…étudiée, l’échéance d’avril 2014? Les observateurs les plus avertis se perdent en conjectures pour dénicher un sens à ce qui est en train de se produire sous nos yeux, depuis au moins février 2012, lorsque Saïd Saâdi a décidé de céder sa place de secrétaire général du RCD à Mohcen Belabbas. L’incrédulité de certains face à ce retrait- après 23 ans de règne sans partage- a fait écrire à un caricaturiste: “Ce Mohcen-là est à S.Saâdi ce qu’est Medvedev pour Poutine’‘; c’était une façon de dire que l’ancien secrétaire général demeurera un décideur de l’ombre. S’agissant du parti du FFS, il est fort probable que la survenue des  dissidences que cette formation a connues pendant l’été 2012 et le retrait, quelques mois plus tard, de Hocine Aït Ahmed de la présidence du parti, ne soient qu’une simple coïncidence du fait de l’âge avancé de l’ancien leader. Il a profité du rapprochement de la date du congrès du parti pour annoncer son départ. Après cet événement majeur au sein du parti, un groupe, parmi d’anciens cadres écartés ou exclus du FFS, a décidé de se réunir, aujourd’hui, pour appeler au ‘’rassemblement’‘ et à la “réunification’‘ du parti, même si l’on sait que l’ancien premier secrétaire, Karim Tabou, a pris option pour la création de son propre parti;  En dehors des partis d’opposition qui ont une certaine audience, et dont on voit les soubresauts qui les traversent, que sont les partis de l’ancienne Alliance présidentielle devenus? Malgré ses succès électoraux, le FLN se dirige apparemment vers un appareil sans Belkhadem à sa tête. Presque quatre ans de luttes internes- que le SG appelle travail fractionnaire-, des dissidents qui ne dépassaient pas une vingtaine de personnes au début, ont réussi à acquérir audience et crédibilité pour éjecter Belkhadem du secrétariat général. Les prochaines semaines semblent décisives. Ajoutons que le SG du FLN ne jouit plus d’un portefeuille ministériel depuis le dernier remaniement ministériel. Peut-on considérer qu’il est ‘’lâché’‘ en haut lieu, ou le met-on dans une position de rebondir à sa façon pour se préparer à la prochaine élection présidentielle? Son alter-égo de l’ancien conglomérat politique, Abou Djerra Soltani, qui ne se voyait hypocritement de programme que celui présidentiel, a été évincé par le moyen des élections et par la fatale dissidence de Amar Ghoul, ministre des Travaux publics. Le départ de Menasera n’y a pas pesé d’une façon majeure. Mais, une chose est sûre: hors du sérail, l’islamisme entriste ne représente plus que l’ombre de lui-même. Le Rassemblement national démocratique, né ‘’bébé-moustache’&lsquo,; selon le sobriquet dont certains acteurs politiques l’ont affublé dès sa formation, vient, lui-aussi, de connaître un profond soubresaut en le départ de Ahmed Ouyahia, son secrétaire général. Le processus de destitution d’Ouyahia a commencé par une entreprise de ‘’sous-traitance’‘ assurée par Nouria Hafsi, SG de l’UNFA, une organisation de masse ringarde et percluse face à un mouvement féminin bouillonnant et porteur d’espoirs. Le cercle de contestation s’élargira jusqu’à élever l’ancien ministre Guidoum comme porte-parole des dissidents qui ne jurent que par le départ d’Ouyahia. Entre-temps, ce dernier a été remplacé à la tête du gouvernement par Abdelmalek Sellal le 4 septembre dernier. Cependant, il y a lieu de rappeler que, contrairement à ce que clament certains contestataires du RND, Ouyahia ne doit nullement sa carrière politique à ce parti, même s’il s’est montré un militant fidèle et discipliné. Lorsque Liamine Zeroual a fait appel à ses services dans les moments les plus noirs de la vie de la nation, le RND n’existait pas encore. Dans l’exercice de ses fonctions, en sa qualité de Premier ministre, Ouyahia n’a pas eu toujours les coudées franches, surtout lorsqu’il s’agit de se départir du populisme et de la démagogie. On l’a bien vu au début du ‘’printemps arabe’&lsquo,; lorsque des cercles agissant à la périphérie du pouvoir politique et dans les réseaux de l’économie informelle ont fait sortir les enfants dans la rue pendant la semaine des émeutes (janvier 2011).  Lui-même a reconnu en direct à la télévision le poids de la mafia. Le retrait d’Ouyahia du RND et son éviction de la chefferie du gouvernement sont-ils des éléments de blocage ou, au contraire, des facteurs qui le libéreront pour se positionner à sa façon- c’est-à-dire sans la présence ‘’encombrante’‘ du parti- à l’élection présidentielle? Mais tout dépendra également de l’intention de Abdelaziz Bouteflika de briguer ou non un quatrième mandat. Si c’est le cas, Ouyahia ne serait même candidat, d’après sa déclaration répétée plusieurs fois où il affirmait : ‘’je ne serai jamais candidats face à Bouteflika”. Si ce dernier veut d’un quatrième mandat, l’on se demandera alors quel sens donner à sa déclaration faite le 8 dernier à Sétif où il estimait qu’il était, lui et les hommes de sa génération, ‘’fini’‘ (tab jnani). Une chose est sûre, pendant les douze mois de l’année 2013, la presse, la rue, les foyers algériens, seront les réceptacles de toutes sortes de supputations, de conjectures, de rumeurs et pronostics sur les candidats à la présidentielle d’avril 2014, et sur les possibilités d’exhiber, encore une nouvelle fois, l’option d’un ‘’candidat du consensus’‘.                        

A. N. M. 

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