Abdelhak Benhamouda, né à Constantine le 12 décembre 1946, a été secrétaire général de l’UGTA de 1990 jusqu’à son assassinat le 28 janvier 1997. Il fut, sans conteste, l’un des principaux animateurs qui avaient grandement contribué à donner un second souffle à une UGTA plombée par l’influence négative des parrainages tutélaires. Son élection à la tête de l’organisation syndicale, en juillet 1991, avait contribué à la libération des énergies et à la neutralisation des courants conservateurs à l’intérieur d’un syndicat qui allait compenser, avec un certain succès, la défaillance d’une grande partie de la classe politique. Il avait dérangé les plans de l’ex-FIS au point d’obliger Abassi Madani à demander expressément à Chadli Bendjedid de dissoudre l’UGTA. En vieux calculateur machiavélique, l’ancien chef du parti dissous avait bien compris, à l’issue de la grève des 12 et 13 mars 1991, que l’UGTA allait contrarier tous ses projets rétrogrades. Dans un article consacré à ce mouvement, l’UGTA écrit : « Ainsi, en réponse au mot d’ordre lancé par la direction issue du 8e Congrès, un mouvement de grève fut déclenché les 12 et 13 mars 1991, suivi à plus de 90% dans toutes les branches d’activités. Le gouvernement considère que cette action revendicative de l’UGTA est une tentative de déstabilisation du pouvoir. Le mouvement gagna en vigueur et quatre jours après, les travailleurs occupent les lieux de travail et dénoncent le non-respect des engagements du gouvernement contractés en octobre 1990. Le pays entier est paralysé avec les grandes infrastructures à l’arrêt, comme les ports, aéroports et les différents pôles industriels. Cette partie de bras de fer fut à l’avantage de l’UGTA, puisque, dès début avril, s’engagèrent des négociations entre le gouvernement Hamrouche et la délégation syndicale conduite par Abdelhak Benhamouda. Elles aboutirent à la revalorisation du SNMG, à l’augmentation des allocations familiales, à l’assainissement financier des entreprises, à l’approvisionnement en produits de large consommation, à la stabilisation des prix et à l’approvisionnement des entreprises en matières premières. Ces gains de la Centrale furent couronnés par la mise en place de la première tripartite qui consacrera, dorénavant, des rapports formalisés de dialogue, d’échange et de négociation entre les partenaires sociaux». Cette action d’envergure fut curieusement condamnée par ceux-là mêmes qui, au nom d’une conception mercantiliste de la démocratie, vont soutenir, plus tard, la grève insurrectionnelle menée par l’ex-FIS. Quatre jours après la « catastrophe » électorale qui avait vu l’ex-FIS s’accaparer de la majorité des sièges de l’APN, à l’issue d’un premier tour entaché de beaucoup d’irrégularités et marqué par une abstention record, le patron de l’UGTA est allé au secours de la République en détresse et a créé avec d’autres patriotes, à l’image de feu Abdelhafidh Senhadri et Mohamed Benmansour, le Comité national de sauvegarde de l’Algérie, une entité ad-hoc imposée par l’urgence de la conjoncture qui allait fournir à l’armée la légitimité populaire pour qu’elle intervienne plus tard. Ce qui fut fait, pour le salut de la République.
F. Z.