Les explications du P-DG du port

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Le port de Béjaïa, l’un des plus performants à l’échelle nationale, dessert un hinterland composé de sept wilayas du Sud-est du pays. Près d’une vingtaine de millions de tonnes y ont transité en 2012. Ces derniers jours, beaucoup de bateaux sont en rade, attendant probablement d’être déchargés. 

La Dépêche de Kabylie : Il y actuellement beaucoup de navires en rade. Pourquoi ?

M. Djelloul Achour : Il est vrai que le port de Bejaïa connait une rade très importante, qui a augmenté en 2012 de 50 %, par rapport à 2011 où l’on recensait 10 navires en rade en moyenne par jour, alors qu’en 2012 on passe à 15 navires. Cela est dû à l’augmentation du nombre de navires, d’une part (+ 8 %), et la tendance à l’augmentation des volumes des marchandises (augmentation de 14 % du tonnage jauge brut moyen par navire), ce qui augmente le séjour à quai des navires et se répercute ainsi sur les files d’attente en rade.

L’attente est-elle due au manque de moyens de chargement et de déchargement ou  aux moyens de stockage ?

L’Entreprise portuaire de Bejaïa s’investit régulièrement en renforçant son parc matériel qui tourne actuellement avec 08 grues portuaires et 02 portiques de quai (terminal à conteneur compris) pour le traitement des marchandises générales. L’entreprise se déploie pour s’adapter les conditions de travail, en allant notamment vers le travail en continu et l’amélioration des rendements de déchargement. Les attentes en rade sont davantage imputables au manque d’espaces d’entreposage provoqué par l’envergure des débarquements, la faiblesse du rythme d’évacuation des opérateurs et le recours aux déchargements sous palan qui est conditionné par les moyens d’évacuation des clients dont nous constatons régulièrement la carence, malheureusement. Par ailleurs, et notamment pour les céréaliers, nous constatons que le séjour en rade moyen est passé de 5,52 jours d’attente, en 2011, à 7,18 jours en 2012, soit une augmentation de 30 %, soit 01 jours et 16 heures de plus. Cette altération est due essentiellement aux lenteurs des procédures de contrôle aux frontières (Analyses phytosanitaires, attentes documents…), mais aussi à l’arrivée en masse des navires de l’OAIC, alors qu’on ne peut traiter qu’un seul navire à quai. Il y a également l’afflux des navires de produits contingentés qui ont induit un prolongement du séjour en rade.

Enfin, les travaux engagés sur un poste à quai ont contribué également à ce maintien en rade des navires. 

N’est-ce pas là une incidence de la non-réalisation de nouveaux quais?

Il est vrai que le port de Bejaïa souffre d’un déficit en matière de capacités de réception des navires (le nombre de quais) pour faire face aux difficultés dues à l’augmentation incessante du trafic portuaire. Bien entendu, la construction de nouveaux espaces de réception des navires et d’entreposage des marchandises améliorerait considérablement notre capacité à traiter les navires dans des conditions qui résorberait nettement la rade au port de Bejaïa. Mais, n’oublions pas que ce genre de projets nécessite des moyens financiers énormes, un engineering de pointe et une planification rigoureuse, pour ne pas déstabiliser les autres activités. Le projet d’extension qu’a inscrit notre port dans son schéma directeur a été pensé dans le sens d’accroitre considérablement le potentiel du port. L’une de ses  premières étapes, est la construction du poste 25. Il s’agit de la construction d’un quai en palplanche, dans le prolongement du nouveau quai actuel sur une longueur de 170  m et à une profondeur de 12 m ; de la réalisation de 20 000 m2 d’aire d’entreposage (revêtement) ; de la réalisation de chemins de portique (sur pieux) ; du dragage du bassin de l’arrière port et des passes, à -12 m, avec un remblai en TVC. Ce projet, une fois réalisé pourra contribuer à améliorer les conditions d’escales des navires. Son lancement est prévu pour cet exercice 2013.

La difficulté de stockage n’a-t-elle pas été résorbée par les ports secs?

Mis à part la zone d’Ireyahen, mise en exploitation, en 2008, pour l’entreposage des conteneurs vides, qui contribue à alléger fortement le terminal à conteneurs, les zones logistiques extra-portuaires ne sont pas encore opérationnelles. Nous sommes au stade des mises à niveau des terrains et d’installation de l’infrastructure de base, pour leur aménagement en zones sécurisées et idoines au traitement et entreposage des marchandises. Ces projets sont une priorité pour nous. A titre de précision, des terrains ont été déjà identifiés et les différentes autorisations de concessions sont quasiment acquises. Il y a le terrain de Tixter, sis à la daïra de Ain Taghrout à Bordj Bou Arreridj, le site d’Ighil Ouberouak, sis à environ 05 Km du port et, enfin, le site d’El Kseur, à environ 25 Km du port. Ces espaces présentent tous des potentiels très importants en matière de multi-modalités et peuvent apporter une grande valeur ajoutée, à la fois pour le port en augmentant ses capacités d’accueil des marchandises et aux opérateurs qui bénéficieront des effets vertueux des zones extra-portuaires pourvoyeuses d’une meilleure gestion du transit. Les études technico-économiques pour les sites de Tixter et Ighil Ouberouak sont finalisées et nous sommes sur le point de passer à la phase technique pour la réalisation des différents travaux d’études techniques et la sélection des maitres d’œuvre pour les différentes réalisations.

En termes financiers, à combien sont évaluées les importations et les exportations ayant transité par le port de Bejaïa durant l’exercice écoulé?

Seuls les services des douanes peuvent en donner les chiffres, quant à nous, nous pouvons nous avancer sur la quantité du trafic global d’une vingtaine de millions de tonnes, dont la moitié hors hydrocarbures. 

Quel est le classement du port de Bejaïa au niveau national, du point de vue du trafic ?

Avec un trafic global avoisinant les 20 millions de tonnes et un trafic hors hydrocarbures de 10,1 millions de tonnes en 2012, en évolution de 7,50 % par rapport à 2011, le port de Bejaïa se place, comme pour 2010 et 2011, en 1ère position en ce qui concerne les marchandises générales et en 2ème position pour le transit des conteneurs, avec 228 738 EVP (Équivalent vingt Pieds).

Quels sont vos objectifs pour l’exercice 2013 ?

Le port de Béjaïa restera attaché à ses ambitions, celles d’être compétitif et dynamique. Il évoluera nécessairement vers un port répondant aux besoins de la conjoncture en avançant dans la concrétisation de ses projets avec une prévision de trafic en 2013 pour les marchandises générales à 11 millions de tonnes.

Entretien réalisé par A. Gana 

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