Portrait d’un vieux routier de la caméra

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Le cinéma en langue et culture kabyle vient de perdre un grand cinéaste et romancier, en la personne de Abderrahmane Bouguermouh, décédé dimanche dernier, à l’âge de 77 ans des suites d’une longue maladie, à l’hôpital Birtraria à Alger. Feu Bouguermouh s’est rendu célèbre dans le monde du cinéma grâce à la réalisation de plusieurs films, notamment du premier film en langue Kabyle, en 1993, La Colline oubliée. Une adaptation à l’écran du roman éponyme de Mouloud Mammeri. Depuis, ce vieux routier de la caméra reçoit des distinctions et des reconnaissances d’un peu partout, pour sa stature de grand cinéaste qui a voué sa vie à la promotion de la culture amazighe. Abderrahmane Bouguermouh, ce chevronné du 7e art, est né en 1936 à Ouzellaguen (Béjaïa). Il a fait du cinéma sa profession, se mettant derrière la caméra pour une longue chevauchée. Il a acquis une solide formation de cinéaste, sanctionnée par un diplôme obtenu, dans les années 1960, de la prestigieuse école cinématographique de Paris, IDHEC. Il a imposé de la déférence, durant sa carrière de cinéaste de plus de 50 ans, pleine d’embûches, mais jalonnée de tant de succès. Il a le mérite d’avoir ouvert la voie au cinéma amazigh, en mettant sur écran le roman de Mouloud Mammeri, La Colline oubliée, même si cela a duré plus de vingt ans. La demande d’autorisation, qu’il avait déposée en 1969 auprès ministère de la Culture, ne lui fut délivrée qu’en… 1989, avec l’avènement de l’ouverture démocratique. Il donna le coup de manivelle en 1993. Abderrahmane Bouguermouh a, à son actif, plusieurs productions dont L’Enfer à dix ans, Les Oiseaux de l’été et Kahla oua Beida. Malgré la fatigue et la maladie, il répondait toujours présent au devoir, quand il est sollicité pour la projection d’un de ses films. Il est certainement devenu un repère pour les jeunes. Abderrahmane Bouguermouh est passé de la cinématographie à l’écriture. Il est l’auteur du roman Anza. Si cet artiste de renom a mis de côté sa caméra, ce n’est pas pour une simple envie d’écrire, mais plutôt suite à des problèmes de santé dus à une chute qui lui a causé une fracture du fémur, l’obligeant ainsi à séjourner dans plusieurs hôpitaux. Les personnes qui ont lu son roman ont découvert, chez lui, une seconde passion, l’écriture. M. Bouguermouh a, ainsi, révélé son talent d’écrivain avec son premier roman Anza, paru aux éditions Casbah, en janvier 2010. Il raconte le cri du sang versé par les patriotes, toutes générations confondues, sur les terres de la patrie. A la question posée une fois par un journaliste à ce sujet, il répondit : «A travers le roman Anza, j’ai voulu apporter un témoignage oculaire, modestement et sincèrement, et sauvegarder un pan entier de l’histoire de notre pays. D’ailleurs, le plaisir que j’ai eu a été décuplé en me rendant compte combien la littérature et le cinéma se complètent ».  Son enterrement aura lieu le mardi 05 janvier à Ighzer Amokrane dans la commune d’Ouzellaguen, à Béjaïa  

L. Beddar

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