Les enseignantes de l’école primaire Harchaoui de Draâ El-Mizan sont en grève, depuis mercredi dernier, pour protester contre la réintégration, après quatre mois de suspension, du directeur de leur établissement.
En soutien à ces enseignantes, des dizaines de fonctionnaires du secteur de l’éducation ont tenu, avant-hier dans l’après-midi, un sit-in devant l’inspection de l’enseignement primaire en présence des responsables du SETE de Tizi-Ouzou et de l’Union locale de l’UGTA. Les enseignantes se sont succédé pour relater « la vie dure » que leur menait ce responsable qu’elles ont qualifié de « dictateur ». « Il nous menace, nous brime, nous intimide et exerce sur nous des pressions terribles. Nombreuses, parmi nous, vivent quotidiennement dans l’angoisse. Nous en avons ras-le-bol. Qu’il parte, sinon, nous n’allons plus reprendre le chemin de l’école », dira l’une d’elles toute en larmes. Et à une autre de crier: » Notre dignité est piétinée. Personne ne peut résister à cela. Nous sommes des femmes. Nous en avons assez de nous taire, mais cette fois-ci, c’est fini, les masques de la peur sont tombés ». En tout cas, l’assistance qui a écouté ces interventions est restée bouche bée. Dans son intervention, M. Ait Abderahmane, membre du SETE/ UGTA de Tizi-Ouzou, n’a pas mâché ses mots. « Ce responsable doit partir. Même si c’est le Kadhafi de Draâ El-Mizan, il doit partir. Qu’il soit muté car l’avenir des enfants est en jeu et la dignité de ces l’enseignantes, et a travers elles toute la corporation, est bafouée. Nous sommes mobilisés et c’est notre seule arme. Le processus est lancé et nous allons faire aboutir cette revendication », tonnera ce responsable syndical. M. Ahcène Chérifi, responsable des conflits au SETE, a, quant à lui, appelé l’ensemble des présents à transmettre le message aux autres pour qu’ils se mobilisent pour d’autres actions. » Même si nous savons qu’il y a une prise de position injuste et délibérée dans le traitement de ce problème de la part de l’administration, nous savons que nous défendons une cause juste et c’est pourquoi nous devons restés mobilisés pour soulager ces enseignantes que nous venons d’entendre. Sommes-nous encore sous la dictature? « , s’interrogera-t-il. Et de poursuivre : » Le calvaire de ces enseignantes interpelle plus d’un. Qu’il soit muté et qu’il laisse les enfants étudier dans la sérénité ». De son côté M. Sadek Bendali, membre de l’exécutif du SETE et représentant de la région de Draâ El-Mizan, ajoute que « si les parents d’élèves veulent que leurs enfants retournent sur les bancs de l’école, qu’ils sachent que pendant quatre mois (durant la suspension du directeur), les élèves ont étudié le plus normalement du monde. Alors, qu’ils soutiennent ces enseignantes! ». Avant qu’une enseignante ne revienne pour lancer cet appel : » Nous resterons mobilisées jusqu’à son départ. Nous n’allons jamais plier ». Pour sa part, M. Ali Mohammedi, premier responsable de l’union locale/ UGTA, ne s’est pas fait prié pour annoncer devant l’assistance que « si aucune décision n’est prise d’ici une quinzaine de jours, nous allons bloquer toutes les routes et toute la ville de Draâ El-Mizan ». Pour rappel, dans une déclaration transmise, le 3 février dernier, par cette organisation syndicale au directeur de l’éducation, au wali et au ministre de l’Education nationale, on pouvait lire, au sujet de ce conflit, qu’un sit-in est prévu pour le 5 février. De même que le directeur de l’éducation a été informé de la décision de mener des actions radicales dans la localité en cas de non satisfaction de la revendication des enseignantes. Avant de se disperser dans le calme, les responsables du SETE ont réitéré cette revendication à l’intention de l’inspectrice de l’enseignement primaire à Draâ El-Mizan, qui les a reçus dans son bureau. Nous avons appris, d’autre part, que les parents d’élèves ont tenu une réunion au sein de l’école pour discuter de cette perturbation dans la scolarité de leurs enfants.
A. Mohamed