«L’écriture n’est pas un exercice facile»

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Hamid Grine était l’invité samedi dernier, du café littéraire et philosophique organisé par l’entreprise d’organisation des événements culturels économiques et scientifiques (EMEV), en collaboration avec la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, au niveau du petit théâtre de cette dernière.

Le thème de cette rencontre était « Le journalisme comme prélude à la littérature ». D’emblée Hamid Grine a expliqué que son passage du journalisme sportif à la littérature romanesque n’a pas été vraiment difficile. Il soutiendra qu’il n’écrivait pas seulement dans la rubrique sportive, mais participait également par des articles dans les rubriques sociétales, culturelles et économiques. Hamid Grine a également été concepteur-rédacteur à l’étranger dans deux grandes agences de communication publicitaire. « Les gens me demandaient souvent comment j’ai pu faire ce changement, car pour certaines personnes, les journalistes sportifs sont des crétins. Certes, il y a des journalistes qui ont une culture limitée, mais moi je lisais beaucoup les grands classiques de la littérature, notamment Feraoun, Mammeri et Dib. J’avais déjà acquis un certain savoir, ainsi qu’une base culturelle me permettant de me lancer dans l’écriture », a-t-il dit. Selon M. Grine, le plus dur dans son passage du journalisme à la littérature n’était pas d’inventer des personnages, mais c’était plutôt d’avoir le courage et la patience de rester devant son ordinateur six à sept heures par jour. Il ajoutera que pour réussir dans l’écriture romanesque, il y a des conditions importantes à respecter. Pour réussir dans ce domaine, selon Hamid Grine, il faut avoir son propre style. Il ne faut imiter personne. De plus, il faut également avoir du talent. « Ce n’est pas n’importe qui qui peut écrire. Car l’écriture n’est pas un exercice facile », a-t-il affirmé ajoutant que « la condition la plus importante est d’avoir de la patience et d’aimer l’écriture. J’ai écris mes romans avec le sang de ma peau. La souffrance accompagne le plaisir ». Il expliquera qu’on peut oublier un article journalistique, contrairement à un roman. Selon lui, le choix des mots dans le roman est très important. « Nous devons faire très attention au choix des mots dans les romans. Car, contrairement aux articles journalistiques, les romans ne s’oublient pas. Une fois lus, les mots restent gravés dans la mémoire des lecteurs. Les mots ont un pouvoir particulier. Voilà pourquoi le choix des mots est essentiel », a-t-il soutenu. « Pour se lancer dans ce domaine, la patience reste l’élément le plus important dans l’écriture romanesque. Il faut également avoir un certain savoir culturel », a-t-il conseillé aux jeunes qui veulent se lancer dans l’écriture romanesque. Il ajoutera : « Evitez de lire certains grands auteurs, dont les écrits sont compliqués, afin de ne pas vous complexer ». Selon Grine, les journalistes restent les personnes les plus accessibles à l’écriture. Car ils n’ont pas ce complexe devant une feuille. Hamid Grine a publié plusieurs livres. En 2004, il publie Comme des ombres furtives. Un an plus tard, Hamid Grine publie un essai de communication politique intitulé Chronique d’une élection pas comme les autres, qui évoque les élections présidentielles de 2004. Ensuite, il publie Cueille le jour avant la nuit, en 2005. En 2006, il édite son premier roman La dernière prière, suivi d’un autre, en 2007, intitulé La nuit du henné. Le café de Gide est le titre d’un autre roman publié en 2008. En 2009, Hamid Grine signe un roman algérien sur la presse Il ne fera pas long feu, et en 2010, il publie Un parfum d’absinthe. En 2012, il revient avec le roman Sur les allées de ma mémoire. « Je ne suis pas quelqu’un de pressé. Je suis un électron libre. Je ne perd pas mon temps dans les cafés et les bars d’Alger », a-t-il déclaré. Répondant à une question sur son livre Camus dans le narguilé notre interlocuteur dira : « Je ne suis pas fasciné par Camus, comme certain le pensent. Pour moi, Camus est un écrivain français né en Algérie. Pour le choix du titre, c’est Yasmina Khadra, directeur des éditions, à ce moment là qui l’avait choisi pour des raisons de marketing ». De plus, Hamid Grine est également l’auteur de 7 livres sportifs, notamment le portrait de Lakhdar Belloumi, qui s’est vendu à 20 000 exemplaires en 1986. Par ailleurs, Hamid Grine ajoutera : « Je préfère un lecteur qui me dit Hamid je n’aime pas ton livre, qu’un journalisme qui en fait un éloge sans même l’avoir lu ». Il conclura en affirmant  qu’ «il n’y a pas d’œuvre romanesque à 100%. La critique en Algérie, il y en a très peu ». Selon lui, « la presse médiatise mais ne construit pas l’image d’un homme. Car on ne peut pas évaluer une œuvre, mais un homme. Je suis un artisan qui veut se perfectionner. Pour moi, un écrivain qui s’autocensure doit changer de métier ».

Samira Bouabdellah

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