Un hommage à la hauteur de l’homme

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Incontestablement, le défunt Abderrezak Bouhara jouissait d’une grande estime et d’un respect certain au sein de la classe politique et des anciens Moudjahidine. 

En effet, une foule immense a accompagné le défunt, hier, à sa dernière demeure, au cimetière d’El Alia et lui a rendu un vibrant hommage. Vers 13h, la dépouille, recouverte des couleurs nationales, a été transportée par une garde d’honneur pour être inhumée aux côtés de ses anciens compagnons de lutte. Au carré des martyrs, beaucoup de personnalités politiques, anciens et actuels ministres, des figures historiques, attendaient, en petits groupes, l’arrivée de la dépouille. Brahim Chibout, ex-ministre et compagnon du défunt, était visiblement très touché par la perte de son ex-compagnon, mais, rassemblant toutes ses forces, il a  rappelé les valeurs patriotiques du défunt et son engagement politique aux côtés des militants nationalistes juste après les événements de Mai 1945. Il évoquera également l’engagement de Abderrezak Bouhara en faveur de la cause palestinienne. Après l’oraison funèbre, le corps a été mis sous terre vers 13h30, alors que la plupart de ceux qui étaient là commentaient la vie politique nationale, certains y allaient de leurs suppositions concernant le  nom du futur secrétaire général du FLN. Pour rappel, le défunt était fortement pressenti pour succéder à Abdelaziz Belkhadem. Alors que le cimetière se vidait, un homme qui a connu et côtoyé le défunt évoquait à grande peine ses souvenirs avec le défunt, tant la douleur et l’émotion étaient grandes : Cherif Abbes, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a déclaré : « L’Algérie a perdu en la personne de si Abderrezak Bouhara  un de ses valeureux fils. Militant inlassable de la cause nationale, Si Abderrezak  a été de tous les grands rendez-vous de l’histoire contemporaine de notre pays. Les générations actuelles et futures garderont de lui son attachement aux valeurs de liberté et de justice ainsi que son art de concilier la force de l’esprit et l’engagement du militantisme, comme elles garderont, comme un exemple à méditer et une voie à suivre, son penchant naturel pour la modération et son sens inné de la pondération ».          

Ferhat Zafane  

Biographie

Né en 1934 à Collo, Abderrezak Bouhara a fait ses études au collège moderne. Il interrompra sa classe de terminale section Math, du lycée d’Aumale à Constantine pour rejoindre l’Armée de Libération Nationale. De 1955 à 1977 il fait sa carrière dans l’armée comme officier de l’ALN puis à l’indépendance au sein de l’ANP. Il poursuit sa formation à l’Ecole militaire de Homs en Syrie, et en sortira major de promotion. Il obtient une licence en sciences militaires de l’Académie de guerre du Caire et sera désigné comme premier officier de l’ANP, en stage à l’Ecole d’État Major de Paris. Successivement, il sera aide de camp du président Ben Bella en 1962, Chef d’Etat Major de la 3e Région Militaire à Béchar en 1964, attaché militaire aux ambassades de Paris (65) et de Moscou (68) entrecoupant cette période par le commandement de la brigade algérienne en mission sur le canal de suez lors de la guerre israélo-arabe de 1967. Il occupera ensuite le poste d’ambassadeur à Hanoï pendant les bombardements américains sur cette ville. Il deviendra Wali d’Alger en 1975. En 1977, il met fin à sa carrière militaire avec le grade de lieutenant-colonel. Il sera Ministre de la santé en 1979 et occupera divers postes de dirigeant au sein du Parti du FLN jusqu’au 7e congrès. Sénateur et membre du conseil de la nation depuis janvier 2004. Il est l’auteur d’un livre autobiographique « Les Viviers de la Libération » en 2001, qui retrace le cheminement des évènements ultérieurs à la seconde guerre mondiale, en passant par les massacres du 8 mai 1945 et la Révolution du 1er Novembre 1954.

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