Mandat national, faute d’ancrage local

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C’est que l’importance des ordres du jour est établie avec un tel arbitraire qu’on se demande même si les partis siégeant à l’Assemblée nationale ont conscience de ce qui peut ou non renforcer leur présence dans cette institution. Mais hier les absentéistes n’ont pas tous renoncé au jeton de présence. Beaucoup d’entre eux erraient dans les couloirs. Le MSP pour tempérer les retombées de son engagement avec «les partis du pouvoir» sur ses ouailles, El Islah pour vendre la loyauté au «cheïkh» ou la dissidence, le FLN pour dire que la maison n’a jamais été aussi concordante, le RND pour convaincre qu’il compte toujours, et le PT pour entretenir sa vocation de trouble-fête. De tous ceux-là un groupe se détache, non par son appartenance politique, mais plutôt géographique. Depuis que les indus élus sont revenus au devant de l’actualité, l’inquiétude sur leur avenir immédiat ne les a jamais quittés. Bien sûr qu’ils peuvent toujours se passer de la couverture partisane puisque la dissolution de l’Assemblée nationale, même d’actualité, n’interviendra vraisemblablement pas dans la foulée des élections partielles en Kabylie. Mais le débat n’est pas clos pour autant et l’argument du caractère «national» de leur mandat n’a pas convaincu grand monde, surtout qu’il est question de la légitimité du nombre. Tout le monde sait que beaucoup d’entre eux ont été «élus» dans des proportions inférieures aux plus insignifiantes enregistrées aux locales. Il s’en est même trouvé des députés qui n’ont pas voté et il faudra sûrement trouver quelque chose que les arguments avancés jusque-là, surtout que le chef du gouvernement, qui semble placer le règlement de la crise de Kabylie au-dessus de toute autre considération ne manquera pas le cas échéant d’en référer au président de la République au nom duquel il agit et qui jouit de toutes les prérogatives sur le Parlement.Du côté des députés, on avance bien sûr d’autres arguments, plus recevables par l’opinion locale en quête de stabilité et de perspectives. «Nous sommes sur plusieurs dossiers susceptibles de relancer l’économie en Kabylie, attirer les investisseurs et redonner confiance. Si nous partons, la coupure sera difficile à rattraper» nous avoue l’un d’entre eux. Dans l’absolu, cela peut passer, mais seulement dans l’absolu.D’abord parce que ni les archs – qui vont sûrement en parler aujourd’hui à la suite de Bélaïd Abrika qui a déjà évoqué le départ de tous les élus – ni le chef du gouvernement ne vont «se gêner devant si peu» au moment de l’aboutissement du dialogue, ensuite l’histoire des députés étant si peu fertile en réalisations qu’il est très mal venu, dans un tel moment de surcroît de croire à une histoire d’amour entre élus et électeurs de Kabylie.

Slimane Laouari

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