(2e partie)
Devenu imbattable, le jeune prince humilie à chaque fois le fils de la veuve en le giflant. La situation devient intenable. Le jeune prince cherche un moyen de l’éloigner de leur terrain de jeu. Mais il est toujours là, de plus en plus envahissant, grossier et arrogant. Le soir, en rentrant à la maison avec des joues rouges sang, à cause des coups reçus, le jeune adolescent raconte tout à sa mère.- Ne t’en fais pas, mon grand. Puisqu’il ne veut pas s’amender, je vais l’exiler d’ici, à tout jamais.Après le pugilat, le jeune prince veut s’initier à l’équitation, mais tellement qu’il était grand et gros aucun cheval ne put supporter son poids. Le roi est désespéré, il faut trouver un cheval à monter. Mais aucun cheval ne fut trouvé. L’ag’ellid’ sollicite les services de « l’amghar azemni » (le vieux sage) qui lui dit que le seul cheval qui puisse le porter est celui qui est né le même jour que lui. Les palefreniers sont sollicités et le cheval adéquat fut enfin trouvé. Monté sur son cheval immaculé, le jeune prince fait de mémorables chevauchées. La veuve s’arrange un jour pour se trouver sur son chemin, il la bouscule sans ménagement. En colère elle lui dit :- Ethh’asvedh iman-ik’ khirellaA-memmi-s ougellid’ n-etmourthaLoukan though idh outma-s n-iouaghzniounD’i revâin yid’senAs inigh thz’ouredh d’ghaBarka zoukh barka(Tu te prends pour qui fils du roi de ce pays, si tu avais épousé la sœur des quarante ogres, je dirai que tu es très fort, mais tu ne fais que te vanter à l’intérieur du palais !) Ces paroles prononcées avec amertume blessent le jeune prince dans son amour propre. Il rentre dépité dans ses quartiers. Il réfléchit toute la nuit. Dès que le jour commence à poindre, il fait chercher la veuve à laquelle il demande des renseignements à propos de la sœur des quarante ogres qu’il veut épouser. Elle ne se fait pas prier. Son piège a fonctionné. Le maudit prince va s’éloigner du palais et va laisser tranquille son enfant chéri. Les quarante ogres habitent dans une forêt très éloignée, beaucoup de choses peuvent lui arriver. Contre l’avis de ses parents, il s’en va à l’aventure. Après avoir parcouru des lieues, il trouve sur sa route un homme de forte stature qui fait des pas de danse, en jonglant avec deux meules à bras (snath thisyar). Il l’interroge :- Pourquoi fais-tu cela ? – Pourquoi ne le ferais-je pas, car d’après ce que l’on dit le fils du roi est imbattable au jeu de « thiqar » après s’après entraîné longtemps. Je m’entraîne aussi, peut-être que je deviendrai un jour quelqu’un de bien en vue.- Laisse tomber tes meules,je suis le fils du roi de ce pays. viens avec moi, tu as beaucoup à gagner.Le prince accompagné du premier homme rencontré, continue sa route, jusqu’à ce qu’ils rencontrent un jeune homme barrant les flots d’une rivière avec sa langue sortie de sa bouche.- Comment peux-tu freiner les flots en te servant de ta bouche ?- Pourquoi ne le ferais-je pas. J’ai entendu dire que le fils du roi de ce pays est imbattable au jeu de « thiqar », après s’être entraîné. Je m’entraîne moi aussi, peut-être qu’un jour je deviendrai célèbre et qu’on parlera de moi, comme du fils du roi !- Je suis le fils du roi, laisse la rivière couler. Viens avec moi, tu vas me seconder dans tous mes exploits et tu deviendras aussi célèbre que moi !L’homme libère les flots et suit le fils du roi.Sur leur route les trois hommes rencontrent un paysan en train de labourer son champ avec deux lions en guise de bœufs. Il se sert d’une vipère comme aiguillon. Etonné le prince lui demande pourquoi il agit ainsi :- Pourquoi ne le ferais-je pas, puisque d’après ce que l’on dit, le fils du roi est devenu imbattable au jeu de « thiqar » en s’entraînant. J’en fais de même. Je m’entraîne à labourer avec les lions. Mon exploit sera un jour reconnu et je deviendrai aussi connu que le fils du roi !- Je suis le fils du roi. Viens avec moi, tu feras de meilleurs exploits.L’homme laissa tomber la charrue berbère, les lions et la vipère, et suit le prince dans ses pérégrinations. Les quatre hommes marchent durant plusieurs heures, ils vont bientôt atteindre leur but, la tanière des quarante ogres. Mais comme le prince ne connaît rien des ogres, il n’en a jamais vu, ses compagnons aussi. Il décide de mettre toutes les chances de son côté en allant voir « l’amghar azemmi » qui pourrait lui donner de précieuses indications sur la manière de les aborder sans se faire dévorer. Malgré son rang de prince héritier, le jeune homme demande conseil au vieux sage (amghar azemni) en lui disant avec humilité :- K’etch tsavard’aNoukni d’-tifarAyen igh-d nidh ath nedhfar !( Tu es notre guide spirituel, nous suivrons tous tes conseils !)
Benrejdal Lounes (A suivre)
Erratum
l Une erreur de programmation a malencontrement provoqué la double parution de la 1ère partie du conte «Le prince cloîtré». Nous nous en excusons auprès de nos lecteurs.
