L’hommage à Si Moh Nachid

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Disparu le 11 mars 2001,  le technicum de Draâ El-Mizan est désormais baptisé à son nom.

Il s’agit du valeureux moudjahid Oudni Aomar connu sous le nom de Si Moh Nachid. L’arrêté de ce baptême a été signé par le wali et mis à exécution par le directeur du lycée en changeant même le cachet de l’établissement qui porte maintenant le nom de ce moudjahid en attendant l’emplacement de la plaque qui portera son nom et sa photo à l’entrée du technicum.  » Avant 1946, tout le monde l’appelait Omar N’Ahmed N’Saïd Maloulahadj », nous confia, au début, son fils, Hacène, que nous avons rencontré à Aït Yahia Moussa. Avant de nous dire qu’il avait été condamné à mort trois fois avant 1948. Dès ses débuts dans le mouvement national, le futur capitaine de la zone IV multipliait ses déplacements non seulement vers les villes limitrophes, pour mobiliser d’autres jeunes, mais aussi vers Ath Djennad et Mekla. Il signa son premier acte de rébellion, avant 1954, dans un café maure à Timezrit du côté de Sidi Ali Bounab. « Il infiltra le cafetier du village qui devenait ensuite un élément clé dans le plan dressé pour abattre un collaborateur des militaires français. C’est dans ce café maure qu’il exécuta ce collaborateur en compagnie de trois personnes qui l’avaient secondé. Le nom de guerre  » Si Moh Nachid » lui fut collé par ses amis de par sa belle voix lorsqu’il interprétait les chants patriotiques. Ce militant est né en 1926, dans le douar des Ath Yahia Moussa, relevant de la commune mixte de Draâ El Mizan. Il avait vécu son adolescence à Rabets où il s’es frotté aux premiers noyaux du mouvement national. Peu à peu, il se forgea dans le mouvement. Etant condamné à mort, il changea de résidence, sans perdre le contact avec ses amis. »C’était la période la plus critique qu’il avait endurée, car il était pourchassé aussi bien par l’armée coloniale et par ses collaborateurs », dira son fils. Quand tout était fin prêt pour le déclenchement de la guerre, Oudni Aomar fut désigné pour s’attaquer à des biens coloniaux à Blida. Mission qu’il accomplit parfaitement avec le groupe envoyé à Mitidja. « Bien qu’il eût été dégradé à trois reprise par ses comparses, les jugements furent toujours à sa faveur. Il reprit toujours sa place. C’était un homme à qui on donnait une confiance aveugle. C’était un très grand stratège en matière d’organisation. C’était lui qui accueillit le colonel Si Amirouche dans notre zone », se souvient l’un de ses compagnons. « Nous étions tous sur les collines des villages d’Afir, de Tachtiouine, d’Ighil El Vir alors que d’autres frères étaient postés dans d’autres villages et hameaux voisins. Pendant la nuit, nous étions descendus à Oued Ksari pour assister à la réunion que devaient tenir des hauts responsables de l’ALN », avait-il raconté à un autre compagnon. C’était à la veille de la grande bataille du 6 janvier 1959 dite de « Vougarphène » où l’ennemi avait déployé toutes ses forces en vue de mater définitivement la révolution, car des collaborateurs avaient alerté l’armée coloniale sur la tenue de cette réunion importante. Bien que plus de 386 Moudjahiddines étaient tombés au champ d’honneur sans compter les nombreux blessés, l’armée française avait eu du fil à retordre avec ces vaillants combattants. En plus des militaires tués lors de corps à corps, la capture du lieutenant Chassin et le capitaine Grizziani, le tortionnaire de Louisette Ighilahriz fut reçu par les forces coloniales comme un grand coup. Mais, il faut dire que le commandant Azzedine, les colonels Si Mohammed, Omar Ousseddik et Amirouche n’avaient eu leur salut qu’au courage de Si Moh Nachid qui a pu les faire passer du côté de Bouira pour rejoindre la wilaya IV. A peine trois mois après, il fut blessé dans la bataille du 5 mars où 36 autres maquisards ont rendu l’âme. « J’étais laissé pour mort. Ce n’est que trois jours après que mes frères étaient revenus pour me secourir », avait-il confié à son fils Hacène. Après la mort du commandant Ali Bennour, en octobre 1959, on lui confia la responsabilité de se charger de la zone IV.  Il fut secondé par Rabah Krim dit Rabah El Hadj, le frère de Krim Belkacem parce qu’il était blessé. Sa témérité était sa chance d’organiser par la suite des attaques aussi bien qu’à Aomar Gare qu’à Draâ El Mizan avant de partir à Béjaïa sous l’ordre d’Amirouche dans la localité de Ritti où il réussit à organiser des attaques en récupérant même des armes dont les MAT 49 avec la collaboration du commandant Si H’Mimmi. Etant l’un des stratèges de la guerre de libération nationale, Si Moh Nachid était surtout fasciné par l’apport de la population. Il continua sa lutte jusqu’à l’indépendance. Il fut élu à la première assemblée de l’Algérie indépendante avant de devenir coordinateur de l’organisation des Moudjahiddines de Tizi-Ouzou jusqu’en 1988. Le défunt président de la République, Chadli Bendjedid, le nomma cadre de nation avant sa retraite. Si Moh Nachid ne quitta pas Ath Yahia Moussa bien qu’il eût des opportunités de vivre ailleurs dans une villa, mais il n’avait pas voulu laisser ses concitoyens qui souffraient déjà du manque de l’électricité l’eau, le transport,… ». Son fils a profité de cette occasion pour lancer cet appel au ministre des Moudjahiddines. « Je demande au ministre des Moudjahiddines en nom de toute ma famille de nous remettre la distinction du mérite national que lui a décerné le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, le 31 octobre 2003.

Amar Ouramdane

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