«Cessons de regarder dans le rétroviseur !»

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Après avoir été reçu, durant plus de deux heures, par le président Bouteflika, le président de l’Assemblée nationale française, Claude Bartolone, a animé une conférence de presse pour faire le bilan de sa visite en Algérie qu’il a qualifiée d’emblée de « très positive ».

Pour le président de l’Assemblée française, l’urgence de l’heure est de passer de stade des paroles à celui des actes en ce qui concerne les relations entre les deux pays, notamment depuis l’éclaircie suscitée par la visite de François Hollande fin décembre dernier. Cette nouvelle dynamique qui caractérise les relations entre l’Algérie et la France est, selon Claude Bartolone, appuyée par l’activité intense des responsables des deux pays, notamment dans les domaines politique et économique. Au cours de cette rencontre à laquelle avait assisté l’ambassadeur de France, André Parant, l’hôte de l’Algérie a évoqué les sujets brûlants de l’actualité régionale et internationale, le Sahara Occidental, la question des visas, les archives de la colonisation, les Algériens de France. M. Bartolone évoque, également, la nécessité absolue de passer à « une nouvelle ère » dans les relations entre les deux pays, cinquante ans après l’indépendance.

«la loi glorifiant le colonialisme a été abrogée»

Concernant la sensible question de la mémoire, sujet évoqué avec courage par le président français lors de sa visite en Algérie, Claude Bartolone a indiqué qu’en aucune manière, cette question n’a été évoquée avec ses interlocuteurs algériens, en dépit du fait que Larbi Ould Khlifa, son homologue algérien, avait annoncé la couleur. Pour ce dernier, la France n’avait «pas encore assumé toute la responsabilité de son passé colonial», et que «les Algériens souffraient encore des séquelles de la colonisation française». En revanche, Claude Bartolone, s’est contenté de se recueillir à la mémoire des martyrs de la révolution et de déposer une gerbe de fleurs devant la stèle commémorative des Chouhada de la guerre de Libération nationale. Pour lui, cette question si sensible doit être abordée avec précaution en ce sens qu’ « elle doit être mise à la disposition des historiens ». Et pour mettre tous les atouts de son côté il n’a pas omis de souligner que la loi glorifiant les faits de l’occupation française outre-mer, adoptée en 2005, est abrogée. Mieux, « cette loi, précisément l’article contesté est enterrée », a-t-il insisté. Une façon comme une autre de vouloir écarter tout sujet qui risquerait d’inhiber la bonne marche des relations entre les deux pays, maintenant que tous les feux semblent virer au vert. Il n’est point un secret que l’Algérie et la France ont, de tout temps, entretenu des relations ambiguës, tantôt chaleureuses tantôt conflictuelles.

75% des demandes de visa sont satisfaites, on souhaite la réciprocité pour les Français

Comme il ne pouvait être possible d’éluder la question de la circulation des personnes entre les deux rives de la méditerranée, Bartolone a fait savoir que cette question doit être définitivement réglée. Il a, ainsi, fait le souhait que les chefs d’entreprise français qui veulent se rendre en Algérie, bénéficient des mêmes faveurs que les Algériens désireux se rendre dans l’Hexagone. « Plus de 70 000 visas vers la France ont été délivrés et le taux de refus est en constante baisse ».

L’utilité de booster la coopération économique

Pour le président de l’Assemblée nationale française, il faut à tout prix intensifier la coopération économique et industrielle entre les deux pays. Le motif évoqué reste sans ambiguïté le fait que « l’Algérie est le premier partenaire commercial de la France en Afrique, et la France est le deuxième investisseur dans le pays », a indiqué Bartolone avant d’ajouter : « Mais nous le savons, une grande part du potentiel reste inexploitée, dans un climat d’affaires souvent difficile ». Ce qui revient à dire que la conviction, que l’investissement français en Algérie contribue à diversifier l’économie algérienne, tout en permettant aux deux industries de mieux s’insérer dans la mondialisation, est partagée. Enfin, notons que le président de l’Assemblée française a tenu à faire une virée dans la mythique citadelle qu’est la Casbah, où il s’est laissé quelque peu perdre dans les dédales des ruelles de cette cité réputée pour ses petites échoppes, ses maisons anciennes et sa vue imprenable sur la méditerranée. 

   

Ferhat Zafane. 

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