Les membres de la coordination des comités de villages de la daïra de Béni-Douala, à leur tête Mohand-Amokrane Laceuk, frère de la victime, ont tenu une conférence de presse, dans la matinée d’hier, au niveau du siège de la Maison des droits de l’homme de Tizi-Ouzou.
«Suite à ce drame, une cellule d’accompagnement et de solidarité a été constituée. Elle est composée des sages du village, mais aussi d’hommes et de femmes de tous âges. Notre revendication principale est que le suspect soit rappelé et soumis à un nouvel interrogatoire. Nous avons interpellé les autorités concernées, mais en vain. Le wali a été compréhensif, il nous a témoigné son soutien et sa solidarité. Le jour même, nous avons eu un rendez-vous avec le chef de sûreté qui nous a donné des explications. Mais malheureusement, tout est bloqué au niveau du procureur près le tribunal de Tizi-Ouzou », explique M. Lakbène, un des membres de la coordination des comités. Selon Mohand-Amokrane, frère du disparu, cette affaire est traitée avec « légèreté ». Il réfute d’emblée l’hypothèse selon laquelle son frère serait parti « Harraga ». « Ali est une personne diminuée physiquement. Il vient de se remettre d’un accident de voiture, dans lequel il a perdu trois de ses amis. Il a déjà fait face à la mort. De plus, il sait que s’aventurer, comme cela, serait ni plus ni moins qu’un suicide ». La famille d’Ali, elle, parle d’un « enlèvement qui aurait mal tourné ». Selon elle, il n’y a pas eu demande de rançon car l’accusé a été démasqué. « Le jour de sa disparition, Ali avait juste 100 DA dans sa poche. Il n’a même pas pris son passeport et son permis de conduire », affirme son frère. Mohand-Amokrane raconte que la veille de la disparition mystérieuse de son jeune frère Ali, le suspect répondant aux initiales M.B aurait donné rendez-vous à Ali au marché de voitures de Draâ Ben Khedda : « Le 22 février dernier, Ali, un cousin et moi nous sommes rendus au dit marché de voitures pour le rencontrer, mais en vain. M.B n’a pas pu approcher mon frère Ali car il n’était pas seul. Une fois à la maison, aux environs de 14h, Ali reçoit un appel de cet individu, nous étions témoins. Il lui avait donné rendez-vous au niveau du barrage Taksebt et depuis aucun signe de vie », relate Mohand-Amokrane. Et d’ajouter : « Contacté par les membres de notre famille, cet individu a nié avoir contacté mon frère vendredi. Deux jours après son enlèvement, j’ai reçu un appel du portable d’Ali. Au bout un individu qui s’est présenté comme étant un membre de la sûreté. Il m’a dit que mon frère était chez eux dans le cadre d’une enquête et qu’il sera relâché une fois cette enquête terminée. Informés, les services de sécurité ont démenti cette information. L’appel a d’ailleurs été intercepté par le relai de Dellys. Par la suite, nous nous sommes rendus chez lui. Mais le frère de l’individu nous a affirmé qu’il avait pris la fuite. Une attitude incompréhensible selon ses frères et oncles ». Selon les membres de la famille Laceuk et les représentants des villages de Béni-Douala, ce qui se fait actuellement pour éclaircir les circonstances de cette affaire « n’est pas suffisant ». Ils qualifient les démarches entreprises de trop lentes : « Nous avons l’impression qu’ils ont déjà oublié qu’il y a une personne qui est peut-être en train d’agoniser ! Il y a un manquement flagrant dans la prise en charge de ce dossier », s’insurgent-ils. Prenant la parole, un autre membre de la famille précisera : « les amis du suspect, qui se trouvent actuellement en France, nous ont raconté que cet individu, qui vivait clandestinement là-bas, leur avait certifié avant de rentrer en Algérie, que s’il ne trouvait pas du travail au pays, il allait soit prendre le chemin du maquis, soit kidnapper les gens ». Mohand-Amokrane et ses amis précisent qu’ils ne demandent que cet individu soit arbitrairement emprisonné mais juste interrogé. Car, selon eux, il en sait plus qu’il n’en dit.
Samira Bouabdellah