«Il engendre 80 % des pathologies neurologiques»

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A  l’occasion de la journée mondiale des handicapés, qui coïncide avec le 14 mars de chaque année, le département des sciences humaines et sociales de l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira a organisé avant-hier, une conférence-débat ouverte au public, dont le thème est le mariage consanguin.  Ainsi, plusieurs spécialistes, à l’instar du Dr Mezhoura Amarouche, enseignante au département des sciences humaines et sociales et de M. Lazili Fatah, éducateur spécialisé de personnes atteintes d’handicaps moteurs et responsable de la direction de l’action sociale (DAS) de Bouira, étaient présents à cette conférence dont le slogan est « la prévention du handicap, une affaire de tous ». 

Bir El Ater (Tébessa), la plus touchée 

Premièrement, Mme Mezhoura Amarouche définit le mariage consanguin commun suit : «C’est une union entre deux individus ayant au moins un ancêtre commun. Généralement, ce sont des unions qui se font entre cousin et cousine, aussi bien maternel que paternel ». Par la suite, la conférencière a démontré avec un chiffre à l’appui, l’étendu de ce genre de mariage et son impact sur la société algérienne. Ainsi et selon les dernières statistiques de la Fondation nationale de la promotion de la santé et du développement de la recherche (FOREM), établit au niveau de 12 wilayas, il en ressort de ses statistiques que la commune de Bir El Ater, relevant de la wilaya de Tébessa, détient le record des mariages consanguins, avec un taux de plus de 88%, vient ensuite la wilaya de Ghardaïa avec 56% d’unions consanguines, Aïn Defla s’adjuge la troisième place avec 52%, Béjaïa avec 50%, quant à la wilaya de Bouira, le taux de mariages consanguins a été estimé à 42%. « Nous avons diagnostiqué chez la progéniture issue de ce type d’union, des maladies tels que la trisomie 21, la surdité la cécité (…) à titre d’exemple, au niveau de la wilaya de Bouira, 42% des enfants nés de mariage consanguin sont atteints d’une déficience mentale », a révélé le docteur Amarouche. Toutefois, la conférencière a tenu à préciser que les mariages entre la même famille n’engendrent pas systématiquement des handicapés. « Ces chiffres sont à relativiser. Car, des études ont démontré que les mariages consanguins aggravaient des pathologies décelées chez les ascendants, sans pour autant les provoquer directement ». Néanmoins, cette enseignante a recommandé vivement, d’éviter de contracter les mariages entre familles ayant des liens parentaux. « 80 % des pathologies neurologiques, telles la myopathie, la neuropathie, l’épilepsie, l’ataxie et la maladie de parkinson et d’autres affections sont provoquées par des gènes héréditaires », a-t-elle encore affirmé. Concernant les moyens mis en œuvre, dans le but de limiter ce type d’unions, Mme Amarouche a insisté sur la nécessité de la mobilisation de la communauté médicale et scientifique, et surtout de la société civile, afin de mener des campagnes de sensibilisation, notamment, en zone rural, pour minimiser les dégâts qu’engendrent ces mariages consanguins. 

L’état «lamentable» des centres spécialisés

Toujours d’après Dr Amarouche, il est plus que nécessaire de développer le dépistage précoce et le diagnostic de ces pathologies, en attendant une prise de conscience de la part des familles. Par la suite, une étudiante en sociologie a expliqué que même du point de vue de la religion musulmane, le mariage consanguin est fortement déconseillé. Pour étayer ses propos, elle s’est basée sur la sunna du Prophète Mohamed (QSSSL), notamment sur son Hadith où il disait « Tabaadou Khayroun lakoum » (éloignez-vous de la famille, c’est mieux pour vous). Pour sa part, M. Lazili Fatah, éducateur spécialisé de personnes handicapées, a mis en exergue le rôle « prépondérant » que jouent les éducateurs, dans l’aide des enfants atteints de pathologies moteurs et mentales. « Nous intervenons auprès de personnes en situation de handicap mental : déficience intellectuelle légère et profonde, maladie mentale…, physique : sourds et malentendants, non-voyants et malvoyants ou moteur. Dans tous les cas, notre mission est la même : préserver ou restaurer l’autonomie de ces personnes en les valorisant par le biais d’un accompagnement collectif ou individualisé », a-t-il expliqué. Cet assistant social n’a pas manqué d’attirer l’attention, sur l’état qu’il a qualifié de lamentable des structures dites spécialisées. « Malheureusement, on n’a pas les moyens de notre politique et nos ambitions. Nous souffrons d’un manque criant de moyens humains et matériels, afin de répondre aux besoins spécifiques des malades », s’est-il plaint. Enfin, un documentaire a été projeté portant sur l’association d’aide aux personnes handicapées moteurs de la commune de Sidi Khaled, dans la wilaya de Biskra. Cette association, indique le reportage, a été à maintes fois, récompensée pour ses efforts en faveur de l’accompagnement et la prise en charge des enfants atteints de dégénérescences mentales ou moteur. 

Ramdane B.

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