Cela va faire trois mois que dix jeunes du village Takerboust, dans la commune d’Aghbalou, ont été placés sous mandat de dépôt pour avoir manifesté le jour des élections. En effet, le 29 novembre dernier, date des élections locales, avait été une journée particulièrement animée où « plus de 400 personnes » avaient pris part à des manifestations suivies de heurts avec les forces de l’ordre dépêchées sur les lieux. C’est toutefois ce qu’affirme Boubekeur, enseignant de son état, dont le fils a été incarcéré à la Maison d’arrêt de Bouira. «Depuis l’emprisonnement de ces jeunes, nous n’avons eu de cesse d’interpeller toutes les instances afin soit de les libérer, soit les inculper. De plus, s’il faut qu’ils soient inculpés, alors tous les autres manifestants doivent également l’être…. nous n’accepterons pas que seuls 10 personnes payent les pots cassés ». Selon notre interlocuteur, sur les bandes vidéos ayant servi à identifier les manifestants, il n’y aurait pas uniquement quelques visages reconnaissables. « Beaucoup de familles influentes ont réussi à soustraire leurs enfants de cette affaire, nous autres familles modestes, n’ayant personne sur qui compter, nous subissons les conséquences de cette injustice… », ajoutera-t-il. « Jugez tous le monde ou libérez les prisonniers », s’égosillaient les familles et amis des détenus à l’extérieur. Après quelques pourparlers, les protestataires ont dégagé une délégation qui s’est rendue dans le bureau du procureur. Ce dernier leur aurait demandé un délai de 10 jours pour se prononcer sur cette affaire. Apparemment soulagés, les manifestants se sont dispersés dans le calme, en promettant de revenir à la charge, en nombre plus conséquent, cette fois-ci, si rien n’est entamé soit pour les libérer, soit pour les condamner. A noter que les protestataires exigent toujours une commission d’enquête sur la gestion de la commune par l’ancien exécutif municipal.
Hafidh B.
