2e partie
Après s’être séparés, chacun part de son côté. Les jours passent inexorablement. Le jeune homme cherche du travail mais n’en trouve pas, ne voulant pas retourner chez lui bredouille, un jour il se dit : – Et si j’allais voir mon ami, l’homme que j’ai sauvé, comme il est de cette contrée, il pourrait peut-être m’aider, c’est lui qui me l’a dit. Il part vers le village qu’il lui a indiqué et ne tarde pas à le trouver en train de vendre dans une boutique des beignets (les fendj ou thih’vouline).Dès qu’il le voit il se précipite vers lui pour l’embrasser, comme il avait très faim, il se dit à lui-même, que l’homme qu’il a sauvé va sûrement lui donner à manger des beignets jusqu’à satiété. Mais dès qu’il s’approche de lui, l’homme l’évite et feint de ne pas le reconnaître, sans même le regarder il lui dit : vaâd’ felliOur-k sinagh ara nekini !- Eloigne-toi de moiJe ne te connais pas !Le jeune homme est abasourdi par la réaction de l’homme qu’il a sauvé. Dépité, il lui dit :Ekhd’em El khirAk youghal d’ikhmir !- Fais du bien on te récompensera par du mal !Dérouté par l’ingratitude dont il vient de faire les frais, le jeunes homme quitte l’endroit en s’interrogeant sur l’attitude incompréhensible de cet homme qu’il ne comprend pas. Désespéré, le jeune homme s’installe dans un coin, et dans la capuche de son burnous, il trouve les poils du rat et les écailles du serpent. Il se dit que le moment est arrivé de mettre à l’épreuve le rat. Bien qu’il ne croit pas trop à ce qu’il lui a dit, il se dit qu’il ne perdra rien, s’il l’appelait en brûlant ses poils. Il brûle les poils et aussitôt comme par enchantement le rat se présente devant lui et lui dit : – Si tu m’as appelé c’est que tu as besoin de moi !- C’est vrai, je suis confronté à de nombreuses difficultés, je n’ai pas trouvé de travail et je n’ai même pas de quoi manger !- Tu as bien fait de m’appeler, je connais une galerie qui mène tout droit vers le trésor de l’Agellid’ (roi) de ce pays. Je vais m’introduire et te ramener toutes les pièces d’or que tu désires posséder.A compter d’aujourd’hui, tu seras un homme riche que tout le monde va envier !Après de multiples va-et -vient le rat ramène au jeune homme des centaines de pièces d’or, avec lesquelles il s’achète des biens en grande quantité.L’ag’ellid’, qui garde par devers lui les clefs de son trésor est étonné, quand un jour, il découvre que beaucoup de pièces d’or manquent dans son trésor. En effet, le rat a pris les pièces se trouvant au-dessus du trou par lequel il s’est introduit, et cela se voit à première vue, tellement, il en avait pris beaucoup. Furieux le monarque, appelle son “varah” (crieur public) et lui dit d’aller sur la place du marché et, de dire à toute la population qu’il a été volé, et celui qui dénoncerait le malfrat sera promu au rang de vizir (ministre)Pour avoir le poste, tout le monde se met à la délation, la chasse aux nouveaux et anciens riches commence. Le marchand de beignets qui a entendu, que l’homme qui l’a sauvé du puits s’était subitement enrichi, voit tout de suite l’opportunité qui s’offre à lui. Sachant son sauveur sans le sou, il ne faut pas être grand clerc pour deviner, que sa soudaine richesse a un rapport direct avec le vol, dont a été victime l’Ag’ellid’ du pays. Il se rend chez le roi et dénonce son sauveur.Arrêté, le jeune homme ne peut justifier l’origine de sa richesse, condamné à mort, il est mis au cachot, en attendant son exécution par le bourreau. Comme promis par l’Ag’ellid’ le délateur devient vizir.Dans le cachot le jeune homme est enfermé avec deux autres malfaiteurs, se souvenant des écailles données par le serpent, et qui se trouvent toujours en sa possession, il demande du feu à ses compagnons pour les brûler, et faire appel au serpent comme convenu, en cas de nécessité. Le moment crucial est arrivé ! De crainte qu’il ne mette le feu au cachot, l’un des prisonniers refuse de lui donner du feu, mais après avoir palabré entre eux le récalcitrant est convaincu.Dès que le feu est allumé un sifflement strident se fait entendre dans la pénombre. Le serpent fidèle à la parole donnée est là, et lui demande ce qu’il a. Le jeune homme est heureux de le voir, après l’avoir remercié il lui raconte son récit.- Le serpent est ému et lui dit ;- L’ag’ellid’ qui t’a condamné à mort je sais comment lui faire. Il possède une fille unique, c’est à travers elle que je vais l’attaquer. Je sais où elle dort, je sais de ce pas enserrer son cou et menacer de la tuer; Personne ne pourra m’enlever de son cou à part toi.
(A suivre)Benrejdal Lounès[email protected]