Scènes de liesse nocturnes à Barbacha

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Ce fut la joie, avant-hier en soirée, dans tout Barbacha suite à la libération des manifestants. La commune était paralysée, la veille, par une grève générale fortement suivie. 

La placette attenante au siège de l’APC était bondée de monde pour accueillir, en « héros », les 24 interpellés de la localité lesquels avaient passé une nuit au commissariat central de Béjaïa. Déjà durant toute la journée, une foule nombreuse n’avait pas quitté une seule minute l’entrée principale du tribunal de Béjaïa où elle a choisi de camper pour acclamer les manifestants libérés, après leur arrestation la veille devant le siège de la wilaya.  Ces derniers, qui passaient à tour de rôle devant le juge d’instruction, commençaient à sortir à partir de 15 heures, et le premier d’entre eux était Hamid Harchache, un sexagénaire. A chaque fois qu’un manifestant franchissait la porte de sortie du palais, il est accueilli par des applaudissements, et ça a duré jusqu’à 22h30, pour voir enfin la figure de proue de ce mouvement de contestation, en l’occurrence S. Akrour, sortir en dernier. Les interpellés ont été acheminés par un impressionnant cortège de voitures, bus et camions, jusqu’à leur commune ou le silence de la nuit a été vite rompu par des klaxons et des cris de joie. Un rassemblement a été vite improvisé au niveau de la maison de jeunes de la localité qui ne pouvait contenir toute la masse humaine venue pour entendre et écouter les « détenus ». Ces derniers n’ont cessé de dire que « c’est la forte mobilisation citoyenne qui est à l’origine de notre libération ». Le plus jeune des 24 interpellés, Djahid Amarouche, a fait un témoignage émouvant : « Mon arrestation a coïncidé avec mon anniversaire, j’ai bouclé mes 20 ans dans la cellule, cela me marquera à jamais ». On ne manquait pas aussi de raconter des anecdotes, de cette nuit passée au commissariat, et l’un de ces « héros du jour » a fait une remarque en révélant que les interpellés sont issus de tous les villages de la commune. Abdelhak Akrour, lui, a été transféré au CHU de Sétif pour blessures graves au niveau du crâne et d’autres fractures à divers niveaux du corps. 

Meeting aujourd’hui

Pour hier soir un autre rassemblement était projeté tandis que pour aujourd’hui il a était retenu le principe d’un meeting, à la placette du chef-lieu communal afin de faire le bilan de ce qui s’est passé. Dans une déclaration rendue publique avant-hier par son secrétariat national, le PST dénonce « l’arrestation musclée des manifestants, qui a entraîné plusieurs blessures pour des citoyens, dont notre camarade et dirigeant M. Sadek Akrour, ex-maire et élu avec une large majorité aux dernières élections locales, puis leur présentation devant le procureur de la République (…) ce qui constitue un escalade répressive inacceptable et une provocation dont les conséquences sont incalculables ». Rencontré hier, l’ex-maire de Barbacha, estime que « ce qui s’est passé les 23 et 24 mars devant le siège de la wilaya, dans les locaux de la police ou de la justice, n’est qu’un moment du combat que mène la population de Barbacha depuis quatre mois». Il a souligné au passage, « la brutalité dont ont fait l’objet les manifestants ». Selon lui, le collectif d’avocats qui s’est constitué au lendemain de l’arrestation de 24 manifestants de Barbacha « fera appel » de cette décision (mise sous control judiciaire de plusieurs manifestants). En outre Mohand Sadek Akrour, estime que sa mise en liberté « est un non sens, si les revendications de la population de Barbacha ne sont pas satisfaites ».

       

Dalil S. et Nadir T.

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