Foule et émotion à Azzouza

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« Le jour de mon enterrement, Azzouza va être bloquée », avait-il prédit à son fils Abdenour, il y a près de sept ans. Et c’est ce dernier qui a fait part de cette confidence. Le défunt avait donc bien raison. Azouza était hier fermée pour son enterrement.

Lui c’est Mouloud Habib. Il a été inhumé hier en son village natal, Azzouza, dans la commune de Larbaâ Nath Irathen. Le village contenait difficilement la grande foule qui l’a prit d’assaut pour la triste circonstance. Tous les chemins qui menaient, en effet, à cette localité étaient bondés de monde. Ils étaient venus des quatre coins de la région et même d’autres wilayas pour rendre un ultime hommage à cet artiste qui a marqué de son emprunte le monde de la chanson, de l’art et de la culture d’une manière générale. Une foule compacte a accompagné le défunt à sa dernière demeure. En plus des citoyens anonymes qui ont tenu à faire le déplacement, on pouvait également reconnaitre des artistes connus, dont Kamel Hamadi, Akli Yahiatène, Djamel Allam, Zedek Mouloud, Medjahed Hamid, Lounis Ait Menguellat, Lounès Kheloui, Ali Idheflawen, et d’autres encore. On signalera également la présence du wali de Tizi-Ouzou et du président de l’APW. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Mouloud Habib a eu droit à des obsèques dignes. Le village Azzouza s’est paré pour la circonstance. L’organisation était en effet parfaite. Avant de rallier le cimetière, qui se trouve à quelques 300 mètres de là le corps du défunt a été exposé au niveau de la salle des fêtes du village pour permettre à tous ce beau monde de voir une dernière fois le défunt dont la dépouille mortelle a été transportée, ensuite, vers les coups de 13h au cimetière dans une atmosphère pesante. L’émotion était à son comble. La tristesse et la compassion se lisaient sur tous les visages. « Je remercie tout les présents qui sont venus, aujourd’hui, pour l’enterrement de mon père. Je suis vraiment très touché par tant de monde qui ont tenu à être présents », déclara son fils.  Mouloud Habib mérite, il faut le dire, tous les égards, pour tout ce qu’il a donné au monde de la culture et à la chanson kabyle. Mouloud Habib, de son vrai nom Mouloud Abib, est né le 08 janvier 1951. Il a fait son entrée dans le monde de la chanson en 1960, alors qu’il n’avait que 13 ans. Il participera à l’émission Arrach Imechtah animée par le regretté Ben Hanafi sur les ondes de la chaîne 2 de la radio nationale. C’est d’ailleurs lui qui écrira les toutes premières chansons qu’interprètera Habib Mouloud, toujours enfant au début de son parcours prometteur, à l’image de la célèbre chanson « Nekk dh’amdjahed Amectuh » (moi le petit Moudjahid). Ses prestations au cours de l’émission ne manquèrent pas de le propulser au devant de la scène. Il est d’ailleurs tout de suite remarqué par Kamal Hamadi qui l’a pris sous son aile en lui composant plusieurs chansons, dont Ayaghrib agma a yaghrib, Tassadit, Tadjmaat ou encore Ferroudja, Amghar Azemni, Midaada, Avehri, entres autres tubes.  Et l’aventure dans le monde de la chanson débutera pour le fils de Azzouza. Il réussit facilement à imposer son style, aux côtés des artistes qui ont marqué les années 70, notamment Kamel Hamadi, Lounis Aït Menguellat, Slimane Chabi, Saïd Hilmi, Cherif Kheddam, Chikh Nouredine, Mdjahed Hamid et tant d’autres avec lesquelles Mouloud Habib a partagé la scène. Mouloud Habib s’est éteint, lundi dernier à Alger, de suite à une longue maladie. Il s’en est ainsi allé en laissant, toutefois, un riche et impérissable répertoire qui fera toujours parler de l’enfant d’Azzouza.                

 M. O. B.

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