Décidément, l’ex secrétaire général du FLN, destitué il y a de cela quelques deux mois, ne perd pas espoir de revenir aux commandes du parti. Du moins, il n’en exclu pas l’option, comme le suggérait, d’ailleurs, Belayat lors de sa dernière sortie en faisant remarquer que «les statuts du parti ne lui interdisent pas de se représenter ». Belkhadem fera, désormais, de cette réplique la sienne. « Le règlement intérieur et les statuts du parti ne m’interdisent pas cette possibilité mais je n’ai rien décidé encore », a concédé le concerné à travers un entretien diffusé hier sur TSA. Evoquant l’ambition présidentielle qu’on lui prétend, Belkhadem avouera aussi sa prétention, même s’il la laisse filer à demi mot. « Je mentirais en disant que l’horizon est fermé. Parce que tout citoyen algérien qui répond aux conditions constitutionnelles a le droit de se présenter à la présidentielle. C’est-à-dire que rien n’est interdit à toute personne qui remplit les conditions. Et quand je dis cela, je pense à tous les éventuels candidats au sein du FLN. Pas seulement Belkhadem. Je dis : à partir du moment où ce n’est pas fermé pourquoi on se focalise sur Belkhadem. C’est ouvert à Ali Benflis, à Mouloud Hamrouche et à tous les membres du Comité central. Si le Président est candidat, je le soutiendrai. Si ce n’est pas le cas, le jour où le CC se réunira pour décider de la validation d’une candidature, j’aurai mon mot à dire», dira-t-il. Commentant la situation qui prévaut présentement au sein du FLN, Belkhadem dit qu’il s’attendait « un peu à cela. L’homme consensuel est un mirage. Il n’y en a jamais eu et il n’y en aura pas ! En démocratie, on passe par l’urne. Il y a une majorité qui décide et une minorité qui peut s’opposer. Et il faut accepter le verdict de l’urne. Ensuite, je pense que certains parmi ceux qui ont tout fait pour me destituer se sont simplement contentés de ma destitution. Ce qui était important pour eux, c’était de me voir partir. L’avenir du parti leur importait peu. Le FLN doit élire son secrétaire général. Un parti politique, aussi ancré dans la société algérienne, dominant sur la scène politique et majoritaire dans toutes les Assemblées, ne peut pas vivre sans tête pendant deux mois et être en situation de crise ouverte. D’autant plus que l’Algérie connaît une période de turbulences et d’agitation sociale, ainsi qu’une guerre à ses frontières sud. Maintenant, il y a une guéguerre de procédures au sein du parti qui ne mène à rien. De mon point de vue, la solution la plus simple et la plus démocratique, c’est d’ouvrir la possibilité à tous ceux qui le désirent de se porter candidat. Une fois les candidatures connues, il faudra convoquer la session du Comité central pour élire à bulletins secrets le nouveau secrétaire général». Il dit également ne pas comprendre tout ce temps mis pour l’élection d’un secrétaire général pour le parti. « J’aurais compris qu’ils aient besoin d’une semaine pour consulter le Président de la République, qui est aussi le président du parti, et peut-être aussi élargir les consultations. Mais une semaine aurait suffi. Pourquoi deux mois ? Et pourquoi attendre deux mois, s’il y avait un homme de consensus ? En fait, c’est la meilleure preuve qu’il n’y a pas d’homme de consensus», fera-t-il remarquer. Il s’est permis même de citer les Boukhalfa, Ziari, et Saidani. « Ni Boukhalfa, ni Ziari, et ni Saïdani ne peuvent être les hommes du consensus. Je dis qu’il est impossible de trouver le consensus. Chacun a des militants qui le soutiennent, d’autres qui ont des réserves vis-à-vis de lui et d’autres encore qui sont contre lui. Alors, quel est le meilleur procédé pour choisir parmi tous ceux qui peuvent être des hommes consensuels ? C’est d’aller vers l’urne ». Belkhadem souhaiterait que cela intervienne le plutôt possible. « Mais je ne pense pas que ça va intervenir bientôt, si on continue à nourrir les mêmes intentions et les mêmes appétits. Plus le temps passe, plus les appétits grandissent et plus les turpitudes viennent ronger le corps du Comité central. ». Evoquant « la trahison des quatre ministres membres du Bureau politique », qui a abouti à sa destitution, Belkhadem avoue que « oui, entre ceux qui ont renouvelé et ceux qui ont retiré leur confiance, il y a eu une différence de quatre voix. Les quatre voix auraient pu être celles des ministres membres du Bureau politique, qui ont participé avec moi à toutes les prises de décisions jusqu’à une quinzaine de jours avant la tenue de la session ordinaire ». Deux mois après, il concède qu’il n’arrive pas à expliquer cette décision des ministres, « parce que, comme je vous l’ai dit, on était ensemble depuis mars 2010 jusqu’à la mi-décembre 2012. On a travaillé ensemble. Mais il y a des gens qui cherchent à se réserver une place avec les responsables de demain», balance-t-il. Mais de qui veut-il parler quand il dit « responsables de demain » ? Des responsables du FLN ? Du gouvernement ? De la Présidence ? Belkhadem répond que « peut-être même ailleurs. »
S. Bénédine
