La qualité des soins et la sécurité du patient en débat

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L’auditorium du centre hospitalo-universitaire Nedir Mohamed de Tizi-Ouzou abrite depuis hier, et pour deux jours, le séminaire atelier international sur la qualité des soins et la sécurité du patient.*

Organisée par le CHU, cette rencontre, inscrite dans le cadre de la formation continue des médecins, revêtant un intérêt capital pour la prise en charge et la sécurité des patients, a rassemblé plus d’une centaine de participants locaux, nationaux et internationaux, notamment des Professeurs en médecine, des Maîtres assistants, des médecins, des étudiants et des infirmiers de différents services. Les six communications, présentées, durant la matinée d’hier, par des médecins expérimentés, venus spécialement de France, de Côte d’Ivoire, ont répondu aux préoccupations des nombreux présents qui ont eu tout le loisir de débattre de plusieurs sujets. La première conférence, intitulée « Intérêt de l’élaboration d’une politique nationale sur la qualité des soins et la sécurité du patient », a été animée par le Dr F. M. Adeoti, représentant de RIPAQS, venu de la Côte d’Ivoire, suivie d’une autre, animée par B. Grandbastien, du CHU de Lille, ayant pour thème « Pour une politique de sécurité des patients globale et intégrée, principes et préconisation ». Le Dr Grandbastien indiquera d’emblée que la sécurité des patients est un ancien thème qui se retrouve aujourd’hui de nouveau dans l’actualité. Il dira que l’objectif est de « proposer des principes de préconisation pour l’émergence d’une politique globale et intégrée de sécurité des patients ». Il expliquera que « des efforts importants et continus sont consentis pour prévenir les événements indésirables dans les établissements de santé mais que l’entreprise est toujours balbutiante ». Il conclura sa communication en affirmant : « nous sommes à la croisée des chemins. Le contexte peut être favorable, mais il nécessité un appui fort ». B. Chanfreau, président du RIPAQS France, a quant à lui développé le thème « Indicateur d’évaluation de la qualité des soins et sécurité du patient ». Il précisera dans sa communication que selon une enquête menée à travers neuf pays de l’Afrique de l’Ouest, le taux de mortalité maternelle était effarant. La seconde séance de la journée d’hier a été marquée par la présentation de trois autres communications. « Accréditation des établissements de santé » fut l’intitulé d’une conférence animée par K. Laaribi, de la Haute autorité de santé de France. D’emblée, il indiquera que leur objectif consiste en l’amélioration de la qualité des soins. « En France nous voulons maintenir la confiance qu’il y a entre le médecin et son patient. Car nous ne voulons pas que ça ressemble à ce qui se passe en Amérique, où derrière chaque patient il y a un avocat. Nous voulons que le patient soit au centre de nos intérêts », a-t-il dit. Les représentants du CHU de Tizi-Ouzou ont présenté quant à eux, deux conférences intitulées « Résultats préliminaires de l’évaluation de la qualité des soins au CHU de Tizi-Ouzou » et « Enquête de satisfaction du patient au CHU de Tizi-Ouzou ». Une enquête prospective descriptive a été réalisée au niveau des services du CHU de Tizi-Ouzou, sur une période de 02 ans, sur les patients hospitalisés dans les différents services du CHU de Tizi-Ouzou avec un séjour minimal de 48 heures, exception faite des patients hospitalisés dans les services d’urgences, de psychiatrie et de réanimation. En effet, et selon ces médecins « les évènements indésirables graves, associés aux soins (EIG), désignent des atteintes cliniques ou para cliniques non souhaitées et associées à la mise en œuvre de soins. Conséquences : Hospitalisation prolongée, handicap, mise en jeu du pronostic vital ou décès du patient ». Nos interlocuteurs précisent que « cette enquête permettrait d’établir un bilan  de connaissances et d’outils indispensables afin de déterminer les besoins spécifiques des patients hospitalisés dans notre établissement et ce, dans la perspective de développer une stratégie pour les années à venir ». Dans la première communication, les représentants du CHU indiquent que « 656 patients, d’une moyenne d’âge de 35 ans, hospitalisés au niveau du CHU de Tizi-Ouzou, ont été contrôlés. 150 événements indésirables ont été détectés, soit un taux de 22,8%, avec un taux de confirmation de 19,3% ». Selon cette étude, le taux le plus élevé a été enregistré au niveau du service pédiatrie avec 51,1%. Un schéma explique que les événements indésirables survenus avant l’hospitalisation occupent la 1ère position, suivis par les infections et l’atteinte physique. Notre interlocuteur ajoutera que près de la moitié des événements indésirables sont survenus dans les premières 48h de l’hospitalisation. « Un événement sur six est associé à un décès, soit un taux de 17,6%. Le pronostic vital du patient est mis en jeu dans  7,1% des cas. L’événement entraîne une incapacité  dans 21,4% des cas. Quant aux évènements indésirables liés à la prise en charge du patient, ils représentent  25% », a-t-il affirmé. Selon les chiffres de cette enquête, 11 événements indésirables graves ont été confirmés, dont neuf sont survenus dans l’établissement occasionnant ainsi trois décès, un cas de cécité un cas d’atteinte articulaire et un cas de prolongation de séjour. Dans la seconde communication, les interlocuteurs précisent que 621 patients ont été enquêtés, avec un score de satisfaction global de l’établissement estimé à 52.6%. Cette étude, quant à elle, démontre que 62,26% de satisfaction ont été enregistrés en matière d’accueil au niveau des différents services du CHU de Tizi-Ouzou, 52,4 % en matière d’hospitalisation, 48,7 en matière de confort et restauration et 67,4% opinion générale. « En matière d’accueil, on note un meilleur score de satisfaction chez  les patients âgés de plus  de 15 ans. Le score de satisfaction globale au CHU de Tizi-Ouzou en 2012 est très significativement inférieur au score de satisfaction dans l’enquête COMPAQH 2005 », a-t-il conclu. Toujours dans l’après-midi d’hier, quatre ateliers ont été lancés, à savoir, « mise en œuvre d’un programme national sur la qualité des soins et la sécurité des patients », « indicateurs d’évaluation », « gestion des risques » et « accréditation des établissements de santé ». Quatre communications sont programmées pour la matinée d’aujourd’hui. Durant l’après-midi, les modérateurs des ateliers présenteront les résultats des ateliers, suivis de discussions et recommandations des ateliers avant de clôturer ce séminaire.

Samira Bouabdellah

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