«Il est temps que Tamazight soit langue officielle»

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M. El-Hadi Ould Ali, directeur de la culture de Tizi-Ouzou, a animé hier, une conférence conjointe avec le mouvement associatif amazigh, au niveau du petit théâtre de la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou.

L’objectif fut de présenter le programme élaboré par la direction de la culture pour la célébration du 33ème anniversaire du printemps berbère. D’emblée, M. Ould Ali dira : « je suis heureux de vous accueillir, aujourd’hui, pour vous présenter le programme que la direction de la culture de Tizi-Ouzou a préparé pour fêter le 33ème anniversaire du printemps berbère. Un programme culturel que nous voulions à triple portée ». Selon M. Ould Ali, le programme de cette année est dense et riche. « Cette année le programme brasse toutes les facettes de l’activité culturelle. Des conférences-débats, les tables rondes, des expositions, du théâtre, du chant et de la poésie. L’occasion sera donnée à toutes les potentialités jeunes du mouvement associatif de la wilaya pour se familiariser avec le combat identitaire et d’en prendre le relais, avec ferveur et ténacité », a-t-il précisé. Le directeur de la culture expliquera qu’en premier lieu, il désirait marquer cet anniversaire : « comme un hommage à tous les martyrs de la démocratie, à tous les militants qui se sont sacrifiés pour la noble cause identitaire, d’Ali Laïmèche, aux martyrs du printemps noir, en passant par Kamel Amzal et Matoub. Il ajoutera qu’en deuxième lieu : « nous voulons faire de cet anniversaire un moment de bilan. Il s’agit de lancer un débat franc et serein sur les acquis de la lutte, les aspirations et ce qui reste à faire ». Le but de ces festivités qui célèbreront le printemps berbère est de rappeler l’importance de l’identité amazighe, comme fondement irréversible de la personnalité de l’Algérien. « Nous considérons que les réalisations seraient parachevées si un effort de l’officialisation de Tamazight venait à être consenti », a-t-il déclaré durant ce face à face avec la presse locale. M. Ould Ali indiquera, en troisième lieu, qu’il désire faire de cet événement « un moment de démocratisation de l’action culturelle ». Il affirme, par ailleurs, que la décentralisation du programme vers toutes les daïras et la mobilisation d’environs une centaine d’associations à travers le territoire de la wilaya se veut un effort de leur part pour permettre à tous les citoyens d’accéder à un droit qu’ils ont tant revendiqué et qui n’est autre que l’épanouissement culturel. 

Un riche programme pour célébrer le 20 avril 

Le directeur de la culture de Tizi-Ouzou poursuivra son allocution en invitant les citoyens à célébrer ce 33ème anniversaire dans le calme et la sérénité en s’impliquant activement dans les différentes festivités qui lui seront proposées à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 20 avril. 200 chanteurs, 150 musiciens, 21 troupes théâtrales et 13 poètes ont été conviés pour animer ces festivités dans 21 daïras et 47 communes, ainsi que 57 associations et maisons de jeunes, réparties à travers la wilaya, ainsi que 5 Maisons d’édition. Les six prochains jours seront marqués par l’organisation de 73 conférences, 42 expositions, 10 ventes dédicaces, 46 spectacles théâtraux, dix projections de films, 50 galas et 70 ateliers et concours. Quatre hommages seront également rendus, durant ces six jours, à de grands pionniers de la culture amazighe, notamment Jean El-Mouhoub Amrouche, Si Amar Saïd Boulifa et M’Henni Amroun. Interpellé en sa qualité de militant, par un journaliste local, sur la question de l’officialisation de la langue Amazighe, M. Ould Ali El-Hadi dira : « l’officialisation de la langue amazighe est une chose qui nous concerne tous. Tamazight est la langue de tous les Algériens. C’est clair que nous voulons que cela se fasse le plus tôt possible. Il est temps que cette langue soit constitutionalisée comme langue officielle de l’Algérie indépendante, républicaine, démocratique et plurielle. Nous aurions pu élaguer cette question, aujourd’hui, si l’Etat lui avait donné plus d’importance et s’il s’était chargé du dossier durant les années 90 ». La 13ème édition du film amazigh, est selon M. Ould Ali est une preuve que la culture amazighe a bien fait du chemin, depuis l’année où Mouloud Mammeri avait été empêché d’animer une conférence à l’université qui porte aujourd’hui son nom, à Tizi-Ouzou.  Il précisera, par ailleurs : « la nouveauté est que nous sommes sur un certain nombre de dossiers de classement, en sites et monuments historiques, de, notamment, la maison de Mohamed Iguerbouchène, la demeure du colonel Mohand Oulhadj et celle d’Iyazourène, un Chahid. Je rappelle que nous avons déjà classé plusieurs demeures en sites et monuments historiques, à l’image de la maison d’Abane Ramdane, celle de Lalla Fatma N’Soumer, le refuge du colonel Amirouche et la maison de Krim Belkacem pour laquelle nous avons également lancé une étude de restauration ». M. Ould Ali conclura en rappelant que le 20 avril est une date historique et que tous les acquis ne le furent pas du jour au lendemain, mais après un long combat. « Nous remontons la chronologie du 20 avril, car c’est un devoir de rappeler et d’inculquer l’histoire telle qu’elle est à nos jeunes », a-t-il dit en ajoutant : « nous préparons un film sur la vie et l’œuvre d’Abderrahmane Bouguermouh qui est un pionnier de la culture amazighe. Il sera réalisé par Ali Mouzaoui. La projection de l’avant première se fera bientôt ».

Samira Bouabdellah

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