«15 sites classés biens culturel de la nation»

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Comme chaque année à la même période (entre le 18 avril et le 18 mai), la direction de la culture célèbre le mois du patrimoine avec des thématiques d’actualité de façon à ramener, pour un moment, le patrimoine culturel au présent. 

Le choix s’est porté pour l’édition de cette année, qui coïncide avec le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, sur une thématique patriotique « Patrimoine culturel et résistance ». La cérémonie d’ouverture a donc eu lieu, jeudi dernier, à la maison de la culture Mouloud Mammeri, après la visite des stands d’exposition sur le patrimoine culturel intitulé « Tizi-Ouzou, terre d’une permanence millénaire », et le coup d’envoi de l’atelier de poterie, animé par M. Meziani Mustapha, commissaire du festival culturel local de la poterie de Maâtkas, intitulé « aspects décoratifs muraux ». Le directeur de la culture, M. El Hadi Ould Ali, a entamé son allocution d’ouverture en déclarant : « Le programme conçu par la direction de la culture, qui s’étalera du 18 avril au 18 mai, s’attache à souligner, à travers des pans du patrimoine matériel et immatériel, les éléments reflétant la résistance du peuple algérien contre l’hégémonie coloniale, ainsi que ses luttes depuis l’antiquité contre tout ce qui porte atteinte à son intégrité et à son être profond…La résistance algérienne aux différentes occupations demeure et constitue un ressourcement pour notre mémoire collective. Pour notre génération comme pour celles à venir, elle continuera d’irriguer notre horizon et nos aspirations ».  Le premier responsable du secteur de la culture enchaînera dans ce sillage en citant Tahar Djaout « L’Algérie, tout au long de son histoire, n’a pas été un simple réceptacle où des cultures et des styles exogènes se succèdent ou se détruisent. Aux styles qu’on appelle punique, romain ou musulman, la contribution locale a été déterminante loin de se contenter de se couler dans un moule tout fait… ».

Et il finira son intervention par l’énumération des projets de lancement, classement, restauration et de sauvegarde de notre patrimoine ancestrale initié et réalisé par la direction de la culture : « Etant consciente de l’importance de ce legs, la direction de la culture a lancé beaucoup de projets. Pas moins de quinze sites et monuments historiques sont classés comme biens culturels de la nation. Ces monuments ont fait l’objet d’étude et de travaux de restauration et de réhabilitation. À titre d’exemple, le village d’Aït El Kaïd, qui illustre les savoir faire locaux, bénéficie d’un plan permanent de sauvegarde qui est en cours d’élaboration. L’étude de réhabilitation du site antique d’Azeffoun, qui remonte à la période romaine, est en cours. La maison d’Abane Ramdane a été restaurée et convertie en musée dédié à sa mémoire et à son combat. Outre le classement des monuments à caractère religieux, la zaouïa Sidi Ali Moussa a été prise en charge et mise en valeur à travers une opération de réhabilitation ». 

L’ouverture des travaux scientifiques, sous le thème « Patrimoine bâti dit vernaculaire: permanence des formes et structures spatiales et sociales », a été rehaussée par la présence du représentant de la ministre de la culture qui a déclaré à l’occasion que «Madame la ministre a fortement insisté pour qu’une délégation du ministère soit présentent à cette cérémonie d’ouverture et prennent part aux travaux ». La délégation, dont il est question, comprend la sous-directrice chargée de la sécurisation du patrimoine culturel au ministère de la Culture, le directeur du musée national maritime d’Alger et le directeur du centre national de recherches archéologiques.  D’éminents chercheurs du département d’architecture de Tizi-Ouzou et de France, des bureaux d’études, les membres de la direction de l’urbanisme et de la construction ainsi que les étudiants du département d’architecture de Tizi-Ouzou, sont venus pour prendre part à cette journée.  Le représentant du ministère de la Culture dira sur le choix de cette thématique : « Cette année nous avons choisi le thème de la résistance, pour revisiter notre mémoire enfouie dans ce qu’elle a de plus profond et de plus poignant… ». Quant à l’intitulé de la journée d’étude, « Le bâti vernaculaire : permanence des formes et structures spatiales et sociales », il dira : « C’est heureux que ces journées du patrimoine culturel débutent par une journée d’étude sur un sujet qui rassemble tous les attributs et les valeurs de la résistance : la résistance dans l’acte de bâtir, dans l’acte de se protéger, de se défendre, dans l’acte de traduire et de s’exprimer ». Il enchaînera : « Je n’aime pas le mot « vernaculaire », il a une connotation péjorative, comme le mot « dialectal », qui est d’ailleurs son frère jumeau. Etymologiquement, le mot vernaculaire provient du mot  « verna » qui veut dire « esclave », et l’architecture vernaculaire est dite aussi architecture spontanée, indigène ou rurale ». Les travaux de la journée d’étude ont débuté par trois communications. La première, intitulée « Le patrimoine bâti entre permanence et changement : condition de sauvegarde et de restauration », est animée par le professeur de sociologie et le doyen de la faculté des sciences humaines à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. Le conférencier a insisté sur le fait que la réappropriation de l’urbanisme ne devrait pas se voir, et que cela doit être un acte d’intégration.  La deuxième, intitulée « L’espace montagnard: patrimoine et visions contemporaines », est animée par M. Boussad Aïche, docteur en architecture, et enseignant à l’UMMTO. L’orateur a parlé de ces structures très anciennes qui ont résisté et qui ont pu se transmettre et parvenir jusqu’à nous, à l’instar du village d’Ath El Kaïd, classé bien culturel de la nation, Tizi-Mellal en place pratiquement avec les mêmes structures…    

M. Mohamed Dahmani, chercheur et enseignant en économie à l’UMMTO, a, quant à lui, fait une communication très applaudie, sous le thème « La résistance culturelle des artisanes face à la modernité et à la mondialisation». Dans sa communication, le professeur, qui est aussi collectionneur d’objets d’arts notamment la poterie, a rendu hommage aux artisanes kabyles en général et aux potières en particulier, dont l’héritage est unique au monde. Le professeur s’est longuement étalé sur l’apport des potières kabyles à l’esthétique du bâti vernaculaire et à leur résistance menée sur quatre fronts : « L’environnement immédiat, la modernité la mondialisation, les artisans ou les ateliers masculins ».  

D’autres communications, tout aussi intéressantes, se sont succédées dans la deuxième séance de la même journée et sont animés par M. Chabi, docteur en architecture, enseignant à UMMTO, Mme Karima Boukhalfa, doctorante en architecture, enseignante à l’UMMTO et M. Ramdane Lasheb, chercheur et enseignant en éducation patrimoniale à l’université Paris 8 en France. Les activités en rapport avec la célébration du mois du patrimoine se poursuivront jusqu’au 18 mai prochain.                            

Karima Talis 

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